Hausse des prix : trois ans après les Gilets jaunes, agriculteurs, transporteurs et BTP ont bloqué la raffinerie Total de Feyzin

Ils s'étaient donnés rendez-vous tôt ce lundi matin pour bloquer un site stratégique et hautement symbolique en Auvergne Rhône-Alpes : le siège de la raffinerie Total Energies de Feyzin, en banlieue lyonnaise. Même s'il n'aura duré que quelques heures et s'est clôturé dans le calme, cet épisode démontre à quel point le sujet de l'inflation et de la hausse des prix du carburant reste brûlant, un peu plus de trois ans après le mouvement des Gilets jaunes et quelques jours seulement après l'annonce d'un plan Résilience de l'Etat, qui ne semble pas avoir convaincu.
(Crédits : DR)

Ils étaient une cinquantaine de personnes sur place, dans un cortège essentiellement composés d'une trentaine de tracteurs et de camions, selon les différents médias sur place ce lundi. Ce n'était pas cette fois les "camions de la liberté" comme on les a connu il y a quelques semaines au Canada ou même à l'approche de Paris, mais bien un regroupement de professionnels issus du monde agricole -dont La Tribune dressait déjà un état lieux des préoccupations vendredi-, mais aussi des transports et du bâtiment qui se sont rassemblés dès 5h du matin devant les portes de la raffinerie Total Energies de Feyzin, en banlieue lyonnaise.

Un site symbolique, en pleine flambée des prix des carburants, dont les prix ont dépassé les 2 euros le litre un peu partout en France, Rhône compris.

Et les mesures annoncées par le gouvernement français, au sein du plan Résilience, destinées notamment à faire face aux augmentations brutales du prix de matières premières, liées à la guerre en Ukraine ne semblent pas avoir eu l'effet escompté : comme les montraient les manifestants présents ce lundi, l'inquiétude est toujours là.

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"La baisse de 15 centimes par litre n'est pas suffisante", estiment les manifestants.

Les revendications du mouvement

Le mouvement, initié par la Confédération Paysanne Auvergne-Rhône-Alpes, appelait en premier lieu ses adhérents à rejoindre une mobilisation "contre la hausse exponentielle des coûts".

Avec, comme message de rassemblement : "La hausse actuelle est purement spéculative, seuls quelques traders en sortent gagnants. Le modèle de l'agriculture productiviste est encore une fois en échec. Malgré cela, le gouvernement décide de l'encourager encore plus à foncer dans le mur. A la Conf', nous ne pouvons l'accepter. Il est temps de changer de système sans pour autant abandonner les paysans qui ont cédé aux sirènes de agro-industrie".

Selon la Confédération paysanne, ce seraient donc "une vingtaine de paysans qui ont rejoint sur place un collectif d'une centaine de manifestants issus des métiers du BTP, des transporteurs routiers et autres artisans".

Le cortège aura ainsi bloqué les accès de la raffinerie Total Energies durant quelques heures, avant de rencontrer le préfet délégué à la sécurité, et de disperser finalement aux alentours de 16h, en présence de la police, qui n'a cependant pas eu à recourir à l'usage de la force.

Trois ans après les Gilets jaunes, le climat s'assombrit à nouveau

Un peu plus de trois ans après la mobilisation des Gilets jaunes, qui avait démarré en novembre 2018 sur fonds de revendications concernant à l'époque la hausse des taxes sur les carburants, c'est désormais l'inflation et la hausse des coûts de l'énergie -et notamment du gasoil et des produits pétroliers- qui a cristallisé le mécontentement des professionnels.

Avec désormais, des revendications qui se résument plusieurs actions, à quelques semaines seulement de la présidentielle : la Confédération paysanne demande par exemple de "bloquer le prix à court terme des matières premières agricoles, pour permettre aux paysans de passer l'année", mais aussi de "financer réellement la transition agricole pour viser l'autonomie des fermes".

Car depuis le début de la guerre en Ukraine, le syndicat agricole estime que les mesures de l'Etat sont insuffisantes :

"Le gouvernement a fléché 400 millions d'euros pour les éleveuses et éleveurs, fortement dépendants de l'achat d'alimentation animale, cependant, ils vont à peine leur permettre de sortir la tête de l'eau. Alors que les enjeux appelleraient à financer leur transition pour plus d'autonomie, plus de sobriété et donc moins de dépendances. Cette mesure sera donc insuffisante pour freiner la restructuration des filières animales et pour protéger chaque éleveur et éleveuse pendant cette crise", estime la Confédération paysanne.

"L'interdiction de la spéculation sur les produits alimentaires" et "l'instauration de prix solidaires, via notamment un contrôle des prix des céréales, qui soient déconnectés du marché mondial" sont par conséquent demandées par les manifestants rhodaniens.

De son côté, la préfecture du Rhône, qui était présente sur place, a indiqué à La Tribune qu'elle demeurait "ouverte" au dialogue malgré des revendications qui concernent principalement l'échelon national. Elle a cependant assuré que ces demandes seront remontées au gouvernement, et notamment aux ministères concernés, soit "Matignon, Bercy mais aussi le ministère de l'Agriculture et des Transports".

Ce lundi soir, les opérations avaient pu reprendre sur le site rhodanien du groupe Total Energies, qui n'a cependant pas encore répondu à nos sollicitations.

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Commentaires 2
à écrit le 22/03/2022 à 8:23
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c'est l'hopital qui se fout de la charite deja qu'ils paient le gaz oil peu cher sans certaines taxes et que d'autres sont recuperables sur leur bilan ils veulent quoi en plus !!!! le beurre l'argent du beurre et .....

à écrit le 22/03/2022 à 1:49
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Un acte de terrorisme qui doit être traité comme tel. Non content de profiter de carburant défiscalisé, les agriculteurs, transporteurs, etc sont contre le libre marché du secteur pétrolier. S'ils ne souhaitent pas payer du pétrole cher, ils o...

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