Au Mipim de Cannes, le Grand Lyon veut « reconstruire la ville sur la ville » avec l’aide des acteurs de l'immobilier

Ce mercredi et jeudi, Bruno Bernard n’a pas voulu bousculer une tradition lyonnaise incarnée par l'ancien maire Gérard Collomb, qui était lui aussi un habitué du Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim). C’était même tout le contraire : accompagné de plusieurs vice-présidents mais aussi d'instruments métropolitains (SPL Lyon Part Dieu, SPL Lyon Confluence, etc), l’objectif du président du Grand Lyon se voulait clair : réaffirmer auprès des investisseurs et acteurs de la promotion immobilière "le modèle à la lyonnaise", et comment il entend aussi le "transformer".
es quatre chefs de file de la majorité (Bruno Bernard, Béatrice Vessilier, Emeline Baume, Fabien Bagnon) ont endossé leur costume de VRP, avec une petite centaine de rendez-vous fixés en amont à leur agenda. Avec dans leur malette, 430.000m2 de foncier qui se retrouvent actuellement à commercialiser à travers les ZAC métropolitaines au cours des deux années 2022-2023.
es quatre chefs de file de la majorité (Bruno Bernard, Béatrice Vessilier, Emeline Baume, Fabien Bagnon) ont endossé leur costume de VRP, avec une petite centaine de rendez-vous fixés en amont à leur agenda. Avec dans leur malette, 430.000m2 de foncier qui se retrouvent actuellement à commercialiser à travers les ZAC métropolitaines au cours des deux années 2022-2023. (Crédits : DR/ML)

Sur la terrasse privative qui jouxtait le stand du Grand Lyon - un héritage attenant à la participation de la Métropole, depuis plusieurs années, au Marché international des professionnels de l'immobilier (Mipim) de Cannes-, les invités se sont succédés ce mercredi après-midi : promoteurs, aménageurs, investisseurs, mais aussi des personnalités politiques. L'ancien premier ministre Edouard Philippe, l'un des invités de marque du Mipim, mais également Christian Estrosi, le maire LR de Nice, ou encore les maires écologistes Grégory Doucet et Eric Piolle ont tous le point commun d'avoir échangé avec l'écologiste Bruno Bernard, qui a sillonné sans relâche les allées du salon, qui visait cette année les 20.000 visiteurs.

Objectif affiché : rencontrer des partenaires potentiels pour participer aux futurs plans du Grand Lyon. Car après une phase de reprogrammation de l'ensemble des projets hérités de la municipalité Collomb, l'exécutif écologiste a souhaité y imprimer sa marque.

Et désormais, l'heure était donc venue de rassurer les futurs partenaires potentiels et d'engager le dialogue pour construire le futur de la métropole lyonnaise, qui se veut plus « végétalisé », « rééquilibré » et « respectueux de l'environnement ».

« L'attractivité de Lyon n'est pas un gros mot »

Pour cela, la Métropole de Lyon s'est attelée à rassurer tout d'abord, en jouant notamment sur une forme de « continuité » avec l'ancien exécutif LREM de son prédécesseur, notamment sur le plan de l'attractivité que Lyon revendique toujours : « le modèle développé par Gérard Collomb a des atouts, même s'il est important de le transformer aujourd'hui », a confirmé Bruno Bernard, citant notamment les enjeux climatiques, environnementaux et réglementaires avec la loi sur la non-artificialisation des sols, mais aussi énergétiques, mis en lumière actuellement par la guerre en Ukraine.

Et de marteler : « L'attractivité de Lyon n'est pas un gros mot, mais cette attractivité d'hier n'est pas celle d'aujourd'hui », arguant que « croître sans critères se fait forcément au détriment de la vie des habitants ».

Appelant de ses vœux un « rééquilibrage territorial » à l'échelle de l'Etat comme de la métropole lyonnaise, Bruno Bernard a ajouté : « Nous avons besoin qu'il y ait des villes intermédiaires ». Des axes sur lesquels les vices-présidents à la Métropole n'ont fait qu'appuyer davantage.

Et Emeline Baume, vice-présidente en charge de l'Économie, de l'emploi, du commerce, du numérique et de la commande publique, s'est chargée de dissiper tout malentendu : « L'exécutif de la Métropole de Lyon est pour la croissance des entreprises du territoire », affirme-t-elle, rappelant entre autres la volonté d'accueillir à nouveau des activités de production dans la ville, tout en offrant plus de verticalité pour réduire l'empreinte du foncier artificialisé.

« Reconstruire la ville sur la ville » et « créer des quartiers à vivre partout à l'échelle de la métropole » sont désormais l'un des mantras du nouveau modèle lyonnais.

MIPIM Bruno Bernard

Une politique, trois déclinaisons : « Réhabiliter, densifier, surélever »

« Et nous aurons besoin de nous coordonner avec vous pour atteindre cette verticalité », développe Emiline Baume à l'attention des promoteurs et aménageurs.

Car la densification ne fait pas non plus partie des « gros mots » pour la nouvelle équipe écologiste : elle est clairement souhaitée, tout comme la volonté de procéder à un rééquilibrage face à une démétropolisation là aussi encouragée. Entre des projets immobiliers qui se faisaient jusqu'ici à 80% au cœur de la Métropole, on va tendre vers une nouvelle ère où cette proportion devra plutôt à « au moins 40% sur de nouvelles polarités » situées en dehors de la ville-centre.

Une vision qui tient même en trois mots que l'on a retrouvé tout au long de la présentation tenue par le Grand Lyon aux acteurs de l'immobilier : « Réhabiliter, densifier, surélever », et qui se traduira également au sein de la modification n°3 du PLU-H en cours. Avec, en sus, un référentiel en matière d'habitat durable, une augmentation souhaitée du coefficient de pleine terre, ou encore l'instauration d'une portion de logement en bail réel solidaire (BRS) sur certains secteurs métropolitains et plus largement le renforcement des logements accessibles et sociaux.

« Soyez inventif et partagez-nous vos idées », a sollicité la vice-présidente à l'Economie, à destination des professionnels du secteur.

Une centaine de rendez-vous pris

Côté moyens, l'exécutif écologiste a choisi de mouiller sa chemise. Même si le président EELV préfère évoquer le passage à une ère « de coopération à construire » entre les territoires, plutôt qu'à celle d'une « compétition » plus frontale entre les différents stands des villes qui rivalisaient d'écrans (et de mignardises) pour captiver leurs visiteurs, très concrètement, les quatre chefs de file de la majorité (Bruno Bernard, Béatrice Vessilier, Emeline Baume, mais aussi Fabien Bagnon, vice-président à la voirie et aux mobilités actives et président du gestionnaire Lyon Parc Auto) ont endossé leur costume de VRP, avec une petite centaine de rendez-vous fixés en amont à leur agenda.

De quoi peser, et notamment tenter d'attirer de futurs partenaires clés, car Bruno Bernard en est bien conscient : « La ville de demain ne pourra pas se construire sans les acteurs de l'immobilier ».

Avec dans leur malette, une perspective déjà toute proche puisque ce sont par exemple 430.000 m2 de foncier qui se retrouvent actuellement à commercialiser à travers les ZAC métropolitaines au cours des deux années 2022-2023, dont 240.000 m2 de logements et 105.000 m2 de tertiaire. « Une douzaine de consultations vont être lancées sur ces sujets », s'engage d'ores et déjà la métropole.

Les acteurs de l'immobilier attendaient un message

Dans les allées du salon, cette première présentation après 18 mois d'installation de ce nouvel exécutif semble avoir été bien accueillie par les acteurs du monde immobilier. Pour Hervé Simon, DGA en charge des régions d'Icade Promotion, le Mipim est un rendez-vous incontournable, et cette édition marque selon lui un renforcement des positions de la métropole lyonnaise :

"Cette année, nous avons quand même la chance d'avoir le président de la Métropole de Lyon ainsi que trois vice-présidents. Ils pensent effectivement que le Mipim est une bonne occasion de faire passer des messages. On a senti qu'ils ont préparé clairement leurs objectifs, leurs ambitions".

Et d'ajouter : "Nous sommes avant tout des opérateurs, qui exécutons des projets par rapport à des orientations politiques qui sont données. Ce dont on avait surtout besoin, c'est d'une la clarté au sein des orientations politiques qui pouvaient être données, et j'ai le sentiment que c'est ce qui a été présenté".

Car face aux craintes qui avaient pu être évoquées lors des élections municipales et métropolitaines, suite à l'arrivée des nouveaux exécutifs EELV, l'heure semble aujourd'hui à l'amorce d'une nouvelle ère :

"Le message est plutôt positif dans la mesure où Bruno Bernard a rappelé dès le départ qu'il s'inscrivait dans une forme de continuité, en rendant presque un hommage à ce qui a pu être fait par son prédécesseur Gérard Collomb, même s'il veut le faire différemment. Cela va bientôt faire deux ans qu'on qu'on les rencontre et la position est claire : on sait que le territoire a besoin de logements, de remettre de l'industrie au coeur de la ville", atteste Philippe Layec, le nouveau président de la FPI Lyon.

Le renouvellement des projets : une "chance à saisir"

D'autant plus que plusieurs acteurs présents estiment que la question écologique fait en réalité déjà partie prenante de leur modèle, même si certains enjeux demeureront à adresser selon eux, comme la question du coefficient de pleine terre que veut renforcer la métropole : "Lorsque l'on augmente celui-ci, cela veut dire qu'il faut geler une partie de la parcelle : toute la question sera alors de savoir comment on traite ensuite la question de la densification, tout en conservant des prix accessibles".

Cette question de l'équilibre du modèle est également pointée par le nouveau président de la FPI de Lyon, qui a déjà eu des échanges nourris à propos du coefficient de pleine terre avec la vice-présidente en charge de l'urbanisme et du cadre de vie, Béatrice Vessiller. Celui-ci estime toujours qu'entre les surcoûts engendrés par la RE2020, l'accroissement du quotas de logements sociaux, le coefficient de pleine terre, les exigences de la nouvelle urbaine et architecturale, "les équilibres des projets peuvent devenir difficiles", et à repenser.

Pour autant, l'architecte Jean-Philippe Charon, par ailleurs président du conseil régional de l'Ordre des architectes Auvergne Rhône-Alpes, et son confrère Franck Dreidemie, associés chez Archigroup, voient ces nouvelles ambitions comme une nouvelle "chance à saisir" pour l'écosystème local, qui a parfois pu être "mis de côté" au profit des "grandes stars de l'architecture", appelées à endosser de grands projets immobiliers sous l'ère Collomb.

"Au delà du fait que Lyon aille aujourd'hui dans le sens de l'histoire avec un certain nombre de challenges que l'on retrouve aussi ailleurs (avec plus de nature en ville, la nécessité de reconstruire la ville sur la ville, etc), il existe encore un fort potentiel de grands projets se poursuivent, comme le renouvellement de la Part-Dieu en cours, de Confluence, le projet de la ZAC de la Saulaie. Il s'agit d'un terrain de jeu formidable qui peut être pour les acteurs locaux une occasion d'exprimer leur savoir-faire également", ajoute Franck Dreidemie.

Et de conclure : "il y a l'amour, mais aussi les preuves d'amour qu'on donne".

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