Petites villes de demain : quelles avancées pour ce dispositif que vient appuyer Joël Giraud en Isère ?

De passage en Isère à Villard-de-Lans pour annoncer les 20 lauréats de l’appel à manifestation d’intérêts « Fabrique des territoires », destiné à développer des tiers-lieux structurants, le secrétaire d’État en charge de la Ruralité, Joël Giraud, sera au chevet des « Petites villes de demain ». Un an après son annonce, qu’en est-il justement de l’avancement de ce programme, qui vise à « adapter » le programme « Action cœur de ville » aux habits des plus petites centralités ?
(Crédits : Reuters)

Après les villes moyennes, et si les « Petites Villes de Demain » (PVD) étaient le véritable enjeu des territoires ? L'initiative s'inscrit dans le prolongement des actions engagées par l'État depuis plusieurs années, à travers notamment des dispositifs comme les AMI centres-bourgs, le programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD), ou encore les plus célèbres programmes Action Cœur de Ville (2017-2022) et Territoires d'Industrie...

D'ailleurs, ce nouveau programme interministériel a tout ou presque pour prendre la succession de son prédécesseur Action Cœur de Ville. Si ce n'est qu'il est plus spécifiquement dédié à « des villes et leurs intercommunalités de moins de 20.000 habitants, exerçant des fonctions de centralités essentielles », « en termes de services pour leurs habitants et leur bassin de vie et sujettes à des facteurs de fragilité ». Soit des communes de plus petite taille, mais qui hébergeraient tout de même jusqu'à 38% de la population nationale.

Objectif affiché par l'Etat au sein de son plan de relance : leur donner les moyens de concrétiser leurs projets de revitalisation, en leur permettant de définir un projet de territoire, comprenant par exemple une simplification de l'accès aux aides ou encore de favoriser les échanges entre territoires. Piloté par l'ANCT, cet appel à manifestation d'intérêts se positionne donc « en complémentarité des dispositifs de soutien aux petites centralités portés par les collectivités » afin de mettre à leur disposition une offre consolidée et coordonnée de services, d'outils et de financements.

Avec dans ses sacoches, une soixantaine d'outils mobilisables dont le financement de postes de managers de centre-ville à travers une subvention de 40.000 euros pour deux ans, ou encore la mise sur pied d'un diagnostic "flash" post-Covid et comprenant un plan d'actions en faveur de la relance du commerce de centre-ville, ainsi que des aides financières et l'accompagnement de la Fondation du Patrimoine pour "accélérer" la rénovation du patrimoine non classé...

Pour cela, des crédits du ministère de la Cohésion des territoires, de la Banque des territoires, de l'ANCT, du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) et de l'Agence nationale pour l'habitat sont prévus, tout en ayant vocation à être « enrichis » par des dispositifs issus des Conseils régionaux et Conseils départementaux.

« Une articulation est souhaitée dans le cadre des nouveaux Contrats de Plan Etat-Région « volet territorial » et des Contrats de Convergence et de Transformation », précisait déjà à ce sujet l'Etat.

Epauler 1.000 communes et intercommunalités d'ici 2026

Pour être accompagnées par ce programme, les communes devaient répondre à différents critères dont celui d'avoir moins de 20.000 habitants, être situées en dehors des grands pôles urbains, exercer ces fameuses « fonctions de centralité » au sein d'un territoire plus large et « présenter des signes de vulnérabilité ou de fragilité ». Dès l'automne 2019, les préfets de département ont fait remonter aux préfets de Région une liste de villes pressenties.

Avec l'objectif, au niveau national, de venir en aide à « 1.000 communes et intercommunalités sur six ans (2020-2026), soit en moyenne une dizaine par département » à travers un accompagnement comprenant un appui en ingénierie, « des outils et expertises sectorielles pour répondre aux enjeux des petites villes », ainsi qu'un accès à un réseau professionnel étendu, dont un « club » des Petites villes de demain qui pourra participer à des groupes thématiques et journées de coaching...

Car ici, il n'est pas forcément question de "gros sous", mais plutôt d'un accompagnement plus large « dans la définition et la conduite de son projet de territoire ».

Cela peut notamment passer par « la création de 1.000 îlots de fraîcheurs et d'espaces publics plus écologiques", de bénéficier de l'avantage fiscal Denormandie dans l'ancien jusque-là réservé aux villes moyennes, ou encore de créer 200 "Fabriques du territoire", ces tiers-lieux qui mêlent espaces de travail et ateliers d'activités partagées... et dont Joël Giraud viendra justement annoncer 20 nouveaux lauréats ce vendredi en Isère.

Un an après l'annonce, quels premiers jalons en AURA ?

Un an après l'officialisation de ce dispositif, où en est-on justement ? Après la crainte, de certaines petites communes périphériques, qui redoutaient d'être écartées de ce nouveau plan, sous prétexte qu'elles seraient trop proches d'une aire métropolitaine, comme l'exposait déjà à La Tribune un membre du bureau de l'association des petites villes de France (APVF), on en sait un peu plus depuis la présentation de ce dispositif par le Premier ministre, à l'occasion du congrès annuel de l'association des petites villes de France en septembre 2020.

Le 30 juillet 2021, un courrier adressé aux préfets par la Ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales a depuis précisé les contours de ce dispositif, et notamment, le nombre de villes bénéficiaires par région sur la période 2022-2026.

En Auvergne Rhône-Alpes, ce sont ainsi 124 villes qui pourront ainsi être accompagnées dans le cadre du dispositif à venir, dont 11 en Isère, où se déplace Joël Giraud.

Avec, parmi elles, des communes plus ou moins éloignées des grands centres bourgs comme comme Mens, Tullins, La Tour du Pin, Pont-de-Beauvoisin, Crémieu, ou Beaurepaire... Mais aussi la commune de La Mure, déjà engagée dans une réflexion de revitalisation de son centre-bourg, ou encore celle de Pontcharra qui nourrit trois projets structurants, associant par exemple la reconstruction d'un groupe scolaire et d'un pôle enfance, la requalification d'un quartier (Bayard) ainsi que la redynamisation de son centre-ville, en intégrant une ZAC jusqu'ici déficitaire ainsi que des services de mobilités.

Pour certaines, comme Saint-Marcellin, il s'agit en réalité déjà d'une ville identifiée comme « prioritaire » et issue de l'appel à manifestation d'intérêts national Centre-Bourg datant de 2014. Un travail doit être amorcé avec la nouvelle équipe municipale, en vue de reprendre la réflexion autour d'une revitalisation du centre-bourg déjà amorcée.

Même chose à La côté Saint André, où une démarche de réflexion de revitalisation a déjà a été amorcée en 2018 et où il existerait de plus, un enjeu patrimonial avec création d'un SPR (site patrimonial remarquable). D'autres, comme Bourg d'Oisans, semblent plus avancées et attendent notamment désormais le financement d'une étude de diagnostic transversale.

Ce vendredi, le secrétaire d'Etat Joël Giraud devrait franchir un pas de plus en signant cette fois le premier volet sécurité de la convention Petites villes de demain avec la commune de Villard de Lans, en présence du préfet de l'Isère, du maire de la commune, ainsi que du président de la communauté de communes du Massif du Vercors, et du commandant du groupement de Gendarmerie de l'Isère.

Il y annoncera également les 20 nouveaux lauréats de l'appel à manifestation d'intérêt « Fabriques de territoire », doté d'une enveloppe globale de 54 millions d'euros sur trois ans au sein du Plan de relance.

(A suivre)

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