Loisirs indoor : les entreprises régionales tirent la sonnette d'alarme face à une déferlante d'annulations

La cinquième vague déferle sur la France, les discothèques doivent même stopper leurs activités pour quatre semaines. Le secteur du loisir indoor, pas (encore?) concerné par une obligation de fermeture mais déjà très affaibli par 18 mois de crise, fait face à une déferlante d'annulations. Inquiètes, les entreprises de la filière régionale lancent un cri d'alarme et demandent à l'Etat de clarifier sa position à leur sujet d'une part, et d'autre part, de les soutenir financièrement dans ces nouvelles difficultés.
Comme la Vague à Grenoble, Auvergne Rhône-Alpes compte environ 250 entreprises de loisir indoor. Le principal syndicat représentatif de la profession, le SPACE, vient de lancer un cri d'alerte à travers un courrier adressé au ministre de l'économie, Bruno Le Maire.
Comme la Vague à Grenoble, Auvergne Rhône-Alpes compte environ 250 entreprises de loisir indoor. Le principal syndicat représentatif de la profession, le SPACE, vient de lancer un cri d'alerte à travers un courrier adressé au ministre de l'économie, Bruno Le Maire. (Crédits : DR)

Bis repetita. Comme l'année dernière à la même époque, le secteur du loisir indoor fait grise mine, Avec une différence de taille que souligne Olivier Richard, propriétaire des Yellow Jump (trampoline park) de Saint-Etienne et Givors : " jusqu'en juin dernier, nous étions complètement fermés. C'était clair et net, nous avions une interdiction d'ouvrir nos établissements. Aujourd'hui, nous avons le droit de travailler mais, dans le même temps, le gouvernement fait passer le message aux entreprises d'éviter les festivités de fin d'année. Rien n'est imposé, rien n'est obligatoire mais le résultat est là", constate-t-il.

Quel résultat ? "Depuis quinze jours, le téléphone ne sonne plus que pour des annulations", soupire Garance Damart. L'entrepreneuse stéphanoise est à la tête de deux escape games (1909 Escape et Green Escape game) et d'une agence événementielle. Avec 17 salariés au total.

"Et pourtant, le mois de décembre s'annonçait plutôt bon, nous avions un carnet bien rempli. D'un seul coup, tout s'est arrêté...".

Même constat douloureux du côté de Vincent Baÿ, gérant de l'escape game Challenge The Room à Grenoble (18 salariés; CA 2019 : 800.000 euros/CA 2021 : 400.000 euros) : "Nous avions de belles semaines qui s'annonçaient devant nous, nous avions même dû refuser des demandes. Mais là, nous enregistrons 80% d'annulations sur les groupes liés aux entreprises. C'est la même chose pour toutes les entreprises du collectif grenoblois que nous avions lancé l'année dernière pour nous entraider...".

Une activité particulièrement saisonnière

Un vrai coup dur donc pour un secteur du loisir indoor, à l'activité très saisonnière et dont les mois d'hiver sont traditionnellement les meilleurs, en particulier le mois de décembre avec les arbres de Noël, les fêtes d'entreprises, les sorties entre collègues etc.  Des mois d'hiver qui permettent normalement de regonfler les trésoreries avant les mois d'été plus calmes.

"Les petits groupes maintiennent pour l'instant leurs événements, mais toutes les manifestations de plus de 40 personnes sont annulées chez nous. Je ne sais pas comment nous allons réussir à passer cette cinquième vague", soupire Fanny Pascal.

Son complexe multi activité, basé au Puy-en-Velay, est tout jeune. Celui-ci n'a ouvert ses portes qu'en juin 2020. Et n'a donc pas encore pu se constituer de matelas amortisseur pour adoucir la chute. Elle emploie 6 personnes. "En ce moment, les clients qui maintiennent leur visites peuvent profiter de nos espaces en toute tranquillité... Nous avons tellement peu de demandes !".

Fermer avec des aides ou rester ouverts à perte?

La France compte environ 2.500 entreprises du loisir indoor, pesant 12 à 15.000 emplois. En Auvergne-Rhône-Alpes, elles sont environ 250 (bowling, escape games, karting, réalité virtuelle, plaines de jeux pour enfants...).

Le SPACE, reconnu récemment comme syndicat représentatif de la profession, en fédère environ 400 sur toute la France. Il lance son cri d'alerte. Un courrier vient d'être adressé à Bruno Le Maire, ministre de l'économie, pour une demande de rendez-vous urgent dans les tous prochains jours.

Le SPACE espère obtenir de nouvelles aides pour ce secteur : "Nous sommes très inquiets", confie ainsi son vice-président, Patrick Gamot. "L'année dernière, à cette époque, il y avait zéro chiffre d'affaires, mais des aides".

Car si à cette époque, les aides n'étaient pas encore "adaptées" aux spécificités de ce secteur qui enregistre lui aussi des coûts fixes importants, cela avait été le cas à partir de janvier dernier. "Or, aujourd'hui, nous subissons une très grosse baisse de chiffre d'affaires mais plus aucune aide". Le syndicat va mener dans les prochains jours une enquête auprès de ses adhérents pour chiffrer exactement les pertes subies.

Le moral est tellement en berne que certains acteurs s'interrogent comme Fanny Pascal, d'Alti Arena. "Quel est le pire des maux : fermer avec des aides ou vivoter sans aide ?".

Garance Damart à Saint-Etienne dénonce, elle, le manque de franchise de l'Etat : "Le gouvernement encourage nos clients à annuler leurs événements mais sans nous le dire, à nous. Nous sommes là, en bout de ligne, on fait quoi maintenant ?", s'insurge-t-elle. "Et s'ils n'ont plus d'aides à nous donner, qu'ils le disent aussi !".

Les négociations s'annoncent difficiles. Le ministre de l'économie l'a indiqué déjà ce dimanche sur le plateau du Grand rendez-vous Europe 1 /CNews/Les Echos : "le quoi qu'il en coûte" ne doit plus être la ligne de la France, même si certains secteurs pourront être aidés.

Une reprise difficile depuis juin

Pour le loisir indoor, cette cinquième vague intervient alors que le secteur ne s'était pas encore remis de sa fermeture complète de neuf mois (entre octobre 2020 et juin 2021).

"Oui, l'économie est repartie, oui les usines tournent bien. Mais notre secteur passe encore une fois sous les radars. Le loisir indoor ne va pas bien lui ! ", insiste Patrick Migaud. "Nous avons subi plusieurs mois de fermeture et ensuite la reprise n'a pas été au rendez-vous".

Sur les seuls mois d'ouverture, il évalue à plus de 15% l'ampleur de la baisse de chiffre d'affaires, enregistrée par les entreprises de la filière.

Pas suffisant, pour la plupart, pour remplir les conditions de l'aide aux coûts fixes de ces derniers mois (désormais terminée), mais assez pour mettre une entreprise affaiblie en difficulté. Pass sanitaire, changement d'habitude des consommateurs... Les professionnels énumèrent les explications. Et regardent avec inquiétude se profiler le printemps 2022, horizon auquel ils devront commencer à rembourser leurs PGE.

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Commentaires 2
à écrit le 07/12/2021 à 9:39
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Vu que l'argument covid est en train de fondre comme neige au soleil à un moment il faut que les dirigeants politiques nous disent ce qu'ils veulent vraiment donc oui leur demander de clarifier leurs positions serait la moindre des choses mais à mon ...

à écrit le 07/12/2021 à 9:24
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si deja on faisait respecter les regles strictes de distanciation sociale et de port de masque, ca serait un bon debut; force est de constater que bcp ne veulent pas le faire ' car faut pas stigmatiser ceux qui ne portent pas correctement leurs prote...

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