Daniel Boulud : de Lyon à New York, ce chef vient d’être sacré « meilleur restaurateur du monde »

PORTRAIT. Il est l'un des leurs, même de l'autre côté de l'Atlantique. A 66 ans, le chef New Yorkais Daniel Boulud vient d'être désigné "meilleur restaurateur du monde". Retour sur le parcours du plus américain des chefs lyonnais : devenu porte-drapeau outre-atlantique de la gastronomie française mais aussi lyonnaise, sa cuisine (ainsi que son engagement caritatif) est saluée, à l'unanimité, par le tissu des grands chefs de la région.
Daniel Boulud est sacré meilleur restaurateur du monde. Et alors que la crise n'est pas encore derrière New York, ce lyonnais d'origine qui s'est illustré déjà par plusieurs projets caritatifs prévoit déjà va ouvrir prochainement un nouveau bistrot près du World Trade Center, avec un nouveau concept. (Photo : Helge Kirchberger Photography )
Daniel Boulud est sacré meilleur restaurateur du monde. Et alors que la crise n'est pas encore derrière New York, ce lyonnais d'origine qui s'est illustré déjà par plusieurs projets caritatifs prévoit déjà va ouvrir prochainement un nouveau bistrot près du World Trade Center, avec un nouveau concept. (Photo : Helge Kirchberger Photography ) (Crédits : DR)

"Ce titre est entièrement mérité. Il est d'une grande créativité, d'une énergie incroyable. Son sens de la générosité et de la solidarité n'est plus à démontrer". Jérôme Bocuse, le fils de "Monsieur Paul", installé depuis de nombreuses années aux Etats-Unis, ne tarit pas d'éloges sur Daniel Boulud.

Un chef qu'il côtoie depuis très longtemps, devenu un ami proche et même le parrain de son fils. Un chef d'origine lyonnaise, exilé aux Etats-Unis depuis près de quarante ans.

Un chef généreux et solidaire

A 66 ans, Daniel Boulud a été désigné meilleur restaurateur du monde, ce début de semaine, par l'association Les Grandes Tables du Monde. Celle-ci fédère 180 grands restaurants à travers la planète, dont notamment les établissements Bocuse, Pic et Marcon dans la région. Elle est présidée depuis 2014 par David Sinapian, président du groupe Pic, bâti autour de la cheffe Anne-Sophie Pic.

"Daniel Boulud incarne à lui tout seul pour de nombreux Nord-Américains la gastronomie française, voire la gastronomie tout court", relève-t-il.

"Au-delà de son parcours remarquable depuis plusieurs décennies, il a démontré, pendant toute cette période de pandémie, une générosité exceptionnelle en se démenant pour trouver des solutions pour donner du travail à ses salariés tout en aidant les plus pauvres", raconte-t-il. "Au-delà de la technique et du talent de l'homme évidemment, nous avons voulu mettre en avant l'humilité et la solidarité".

Via des mécènes, le chef new-yorkais a en effet organisé de nombreux événements caritatifs durant cette période, qui ont non seulement permis de financer des œuvres solidaires, mais aussi de fournir du travail à ses équipes, durement touchées par la pandémie, dans un pays où les assurances sociales ne sont pas de la même mouture qu'en France.

Un salut de manière unanime par les chefs régionaux

Ce sens de la solidarité, de l'humilité et de la générosité, revient régulièrement dans les commentaires de tous les grands chefs de la région. Tous le connaissent et le côtoient régulièrement.

Tous, de Régis Marcon à Michel Troisgros en passant par Joseph Viola, Christian Têtedoie ou Jérome Bocuse, l'apprécient de manière unanime.

Pour preuve, tous ont réussi à dégager très rapidement quelques précieuses minutes dans leur agenda surchargé pour répondre à La Tribune et dire tout le bien qu'ils pensaient de leur comparse.

Le Roannais triplement étoilé Michel Troisgros, qui le côtoie souvent lors d'événements caritatifs que Daniel Boulud organise, se souvient encore de l'engagement de ce dernier, lors de l'effondrement des twin towers.

"C'était extraordinaire, il s'était mis immédiatement à la disposition des pompiers de New York et leur apportait des repas tous les jours. Il fait tout ça sans se faire mousser, juste parce qu'il pense que c'est son devoir".

Jérôme Bocuse rappelle d'ailleurs cet engagement à travers la création de la fondation Mentor BKB, qu'il a cofondée avec Daniel Boulud et Thomas Keller il y a 15 ans, afin de soutenir la formation de jeunes américains passionnés de cuisine. En parallèle, le chef new yorkais avait créé une autre organisation, afin de financer l'accès à la formation, à l'Institut Paul Bocuse, de jeunes Américains défavorisés.

Un chef d'entreprise accompli

Lyonnais d'origine, avec des parents agriculteurs à Saint-Pierre-de-Chandieu (Rhône), Daniel Boulud a fait ses premières armes dans la région, chez Nandron plus particulièrement, avant de faire le tour de plusieurs grandes maisons, en France et à l'étranger.

Il confie à La Tribune :

"J'ai toujours rêvé de voyager. Après avoir reçu une opportunité de travailler dans une ambassade à Washington, je suis parti aux Etats-Unis et j'ai découvert New York, dont je suis tombé amoureux. J'ai voulu y travailler quelque temps, avant de revenir m'installer à Lyon. C'était mon ambition à cette époque. Et puis... finalement je ne suis jamais revenu", se souvient Daniel Boulud, en souriant.

Et pour cause, le cuisinier est désormais à la tête d'un véritable empire de la gastronomie, avec comme tête de file, le "Daniel" new yorkais doublement étoilé (il avait perdu sa troisième étoile en 2010), mais aussi une vingtaine d'établissements (dont 14 restaurants) aux Etats-Unis, au Canada, à Londres, Singapour, etc...

Au total, son groupe génère plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Et l'homme ne semble pas encore être repu de développement. Alors que la crise n'est pas encore derrière New York, ville durement touchée par le Covid-19, il va ouvrir prochainement un nouveau bistrot près du World Trade Center, avec un nouveau concept.

Son nom n'est pas encore fixé mais une chose est sûre, il fera la part belle à la gastronomie lyonnaise. Car si l'homme a choisi de ne pas retraverser l'Atlantique, mais il a conservé à Lyon de nombreuses attaches, et se fait un devoir de promouvoir la gastronomie de ses racines.

Ambassadeur de la gastronomie lyonnaise

"J'ai toujours défendu la gastronomie lyonnaise. Dans mes restaurants, dans mes bistrots, dans les événements caritatifs que j'organise : les produits, les vins etc. La région lyonnaise est tellement riche sur tous ces sujets", s'enthousiasme Daniel Boulud.

S'il ne s'est pas particulièrement impliqué sur le sujet de la Cité de la Gastronomie, chère au cœur de son ami Régis Marcon, il ne manque toutefois pas une occasion de s'entretenir de la vie gastronomique locale avec ses collègues, de se tenir au courant de la jeune génération lyonnaise montante.

"Quand il vient à Lyon, il organise très souvent des tables avec des chefs. Il n'oublie pas les copains, c'est un fidèle", rappelle Joseph Viola, le patron de plusieurs bouchons lyonnais.

Régis Marcon pointe de son côté le soutien que Daniel Boulud avait apporté il y a 10 ans à un de ses jeunes employés new yorkais, qui ambitionnait de revenir à Lyon pour monter son propre restaurant. Celui-ci est, depuis, à la tête du restaurant "Le Suprême", cours Gambetta à Lyon.

Ces copains lyonnais, ces pairs, Daniel Boulud les côtoie aussi régulièrement au Sirha et autour du Bocuse d'Or puisqu'il s'investit outre-Atlantique dans l'organisation de cet événement gastronomique unique.

A l'instar de Jérôme Bocuse et de Régis Marcon, président du comité d'organisation, il se dit d'ailleurs ravi de la sélection de la jeune Naïs Pirollet, 24 ans, qui devient la première femme à représenter la France dans l'histoire du concours. Et, ce qui ne gâche rien au plaisir de ces trois chefs lyonnais, la jeune femme a en plus le mérite d'être lyonnaise....

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