Rentrée 2021 : à Lyon, un constat en demi-teinte pour le porte-monnaie des étudiants

DECRYPTAGE. A deux semaines de la rentrée scolaire, plusieurs acteurs du monde étudiant (Fage, Gaelis et Unef) ont publié des indicateurs concernant le coût de la rentrée scolaire à venir. Résultat ? Le second pôle universitaire français et ses 175.000 étudiants présente une facture globale en légère baisse, mais qui demeure toujours plus élevée que la moyenne française. En parallèle, la métropole écologiste a annoncé au cours des derniers mois des mesures fortes pour tenter d'inverser la donne.
Si les étudiants lyonnais ne paieront pas plus que l'an dernier pour étudier à Lyon, la facture globale demeurera plus élevée que la moyenne nationale pour les jeunes lyonnais, selon les chiffres de la fédération d'associations étudiantes Gaelis. D'après l'Unef, le coût de la vie aurait même bondi de +3,07% à Lyon cette année.

Lyon, une ville qui tend à devenir chère pour les étudiants ? A l'aube de la rentrée 2021/2022 et à l'issue d'une année de crise sanitaire marquée par plusieurs confinements, le second pôle universitaire de France et ses 175.000 étudiants a fait l'objet, comme chaque année, d'une évaluation du coût de la rentrée scolaire.

Et ce, selon une méthodologie développée par la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), présente dans 28 villes de France, et de son homologue local, le Groupement des Associations et Elus étudiants de Lyon Indépendants et Solidaires (Gaelis), qui regroupe une soixantaine d'associations étudiantes lyonnaises.

Cette année, leur constat est en demi-teinte : car si Lyon ne suit pas la hausse des coûts enregistrée à l'échelle nationale de +1,32%, en affichant plutôt des dépenses étudiantes en baisse de -2,43% comparées à l'année précédente, elle fait cependant partie des villes plus chères que la moyenne nationale, établie à 2.392 euros pour un étudiant non-boursier.

Car dans la capitale des Gaules, il leur faudra en effet débourser en moyenne 2.410 euros pour faire face aux frais de scolarité, ainsi que de la vie courante en cette rentrée 2021. « Lyon a toujours été une ville chère, et pas uniquement pour les étudiants. Le contexte de légère baisse est un peu exceptionnel en cette rentrée, car habituellement, on observait plutôt une augmentation assez drastique des coûts pour les étudiants chaque année », observe Coline Pisaneschi, présidente de la fédération d'associations étudiantes lyonnaises, Gaelis.

D'ailleurs, selon la 17e enquête sur le coût de la vie étudiante publiée également le 15 août dernier par le syndicat Unef, le coût de la vie à Lyon aurait même augmenté de +3,07%, faisant de la métropole lyonnaise "la 11e ville la plus chère de France" et la "seconde ville la plus chère en région" derrière Nice, avec des frais de la vie courant évalués par l'Unef à 1.036 euros mensuels.

Le syndicat étudiant français rappelait lui-même par ailleurs que, déjà l'an passé, la hausse du coût de la vie accusée par les étudiants s'établissait à +3,69% à l'échelle nationale.

De leur côté, la Fage et Gaelis estimaient que pour les frais de la vie courante, les étudiants lyonnais devront débourser un montant estimé à 1.276 euros, avec à l'intérieur, des dépenses telles que le loyer et les charges (618 euros), la nourriture et consommation (338 euros), le transport (100 euros), les loisirs (72 euros), ou encore les repas universitaires (66 euros) ainsi que la téléphonie et internet (54 euros).

Du côté des frais spécifiques à la rentrée (évalués quant à eux à 1.134 euros), figureront aussi les frais d'inscription (262 euros), l'assurance du logement (59 euros), la complémentaire santé (273 euros), les frais d'agence (270 euros), ou encore les coûts du matériel pédagogique (256 euros) et du transport 16 euros).

Des réductions dans le domaine des transports

Quant à la légère baisse de -2,43% annoncée cette année pour les étudiants lyonnais, elle serait attribuable à plusieurs facteurs, si l'on en croit Gaelis.

A commencer par les frais exceptionnels et inhérents à la crise sanitaire Covid, qui chuteront en cette rentrée de 80,76 euros à 25,50 euros par étudiant, « notamment en raison de la disponibilité et de la baisse des prix de certains produits comme les masques, qui sont tombés d'une trentaine d'euros à 5 euros pour un pack de 50 unités en supermarché », précise sa présidente, Coline Pisaneschi.

Mais selon elle, la principale différence serait à aller chercher du côté des mesures annoncées par le Grand Lyon : car la collectivité au statut particulier, qui cumule à Lyon depuis janvier 2015 les fonctions de métropole mais également de Département (notamment ses compétentes sociales) en raison de la loi MAPAM, a également annoncé, au cours des derniers mois, une série de mesures destinées à faire reculer la précarité étudiante.

Son président, l'écologiste Bruno Bernard, a ainsi voulu concrétiser dans les 12 mois ayant suivi son arrivée, certaines promesses de campagne touchant directement le public jeune.

Avec, en premier lieu, des baisses de tarifs annoncées par le Sytral, le syndicat des transports en commun, dont l'abonnement mensuel pour les étudiants de moins de 27 ans est ainsi passé de 32 à 25 euros par mois, avec la création d'un nouveau tarif de dix euros mensuels pour les étudiants boursiers. De quoi faire baisser les dépenses étudiantes sur ce poste de -7,89 % par rapport à l'année précédente, selon les calculs de Gaelis.

Bien que la fédération d'associations étudiantes lyonnaises salue cette orientation, elle souhaiterait par ailleurs que la collectivité aille un cran plus loin, en proposant par exemple que le tarif réduit « s'applique à tous les étudiants sans limite d'âge » et souhaite la gratuité de l'abonnement Vélo'v pour les étudiants et plus largement, les 18-25 ans.

Pour l'Unef Lyon, l'effort engagé ne suffit cependant pas car il estime que la facture globale des transports supportée par les étudiants lyonnais demeure au second niveau le plus élevé à l'échelle de l'Hexagone, à un montant que le syndicat étudiant estime à 325 euros mensuels. Il s'appuie sur ce constat pour demander quant à lui une gratuité totale des transports en commun.

Le logement, premier poste de dépenses

Autre poste de dépenses attendu en baisse à Lyon cette année : celui du logement. Car malgré le fait que la capitale des Gaules s'affiche toujours au rang de troisième ville la plus chère de France, avec des augmentations constantes en matière de prix à l'achat et la location, une autre mesure annoncée par le Grand Lyon est facteur d'espoir pour le monde étudiant.

Annoncée pour le second semestre 2021, la mise en place de l'encadrement des loyers à Lyon, qui a suscité l'inquiétude des professionnels de l'immobilier, s'avère au contraire très attendue par les étudiants.

« Nous avons déjà eu quelques réunions avec la métropole afin avant de nous expliquer la cartographie et le fonctionnement de cette mesure, et nous attendons désormais la sortie du décret qui permettra de la mettre en place, probablement fin 2021 », ajoute Coline Pisaneschi.

De son côté, l'Unef Lyon a déjà fait savoir qu'il saluait une mesure « qui va permettre de soulager le quotidien des étudiants lyonnais, même s'il reste encore beaucoup à faire pour que nous ayons des conditions de vie permettant de réussir nos études ». Et rappelle notamment que les problématiques sur ce terrain demeurent, à commencer par "une évolution du prix des loyers de +2,86% par rapport à 2020, faisant ainsi passer le loyer moyen de 564 à 580 euros" selon son propre baromètre.

D'ailleurs, le prix du logement demeurera plus globalement un préoccupation à l'échelle nationale cette année, puisqu'une autre étude, le 19e baromètre annuel de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), publiée le 16 août, rappelle que le logement se positionne comme le premier poste de dépense des étudiants, notamment à travers les loyers.

Un poste représenterait tout de même en moyenne 500 euros par mois pour un loyer étudiant en région, contre 674 euros en Ile-de-France. À Lyon, le baromètre de l'association Gaelis estime que les étudiants devront même débourser en moyenne 618 euros par mois pour se loger...

Une expérimentation de Revenu Jeunes qui sera scrutée

Enfin, un autre dispositif annoncé par le Grand Lyon sera scruté de près cette année par les associations étudiantes, même s'il ne devrait pas encore faire une différence dans tous les porte-monnaie. Car depuis juin, l'EELV Bruno Bernard a donné le coup d'envoi d'un dispositif expérimental de  "revenu de solidarité jeune" (RSJ). Objectif : accompagner les jeunes en grande précarité (pas uniquement étudiants), avec une enveloppe allant jusqu'à 400 euros par mois à destination d'un premier vivier de 2.000 jeunes.

« Comme il s'agit d'une expérimentation, nous attendons de voir comment celle-ci va être mise en place et de quelle manière elle va parvenir à toucher ses publics », confirme la présidente de Gaelis.

Lors de son annonce en février dernier, Bruno Bernard avait rappelé, afin de justifier cette promesse de campagne, que sur les 175.000 étudiants recensés à l'échelle du Grand Lyon, près "d'un tiers seraient en deçà du seuil de pauvreté soit 600 euros par mois (demi revenu médian)". Pour l'heure, seuls 2.000 jeunes devraient bénéficier de cette enveloppe.

Les requêtes des associations étudiantes

En dehors des actions de la métropole lyonnaise, l'Etat français a également annoncé plus largement cette année une augmentation des bourses sur critères sociaux de 1%. Mais celle-ci d'ores et déjà jugée « dérisoire » par plusieurs acteurs du monde étudiants comme la Fage. Celle-ci, tout comme Gaelis, appellent à ce que l'Etat français à faire preuve de plus de souplesse dans l'octroi et le calcul des seuils de bourses.

L'Unef demande également plus largement une hausse de 20% de l'ensemble des bourses, ainsi que leur élargissement à 100.000 étudiants supplémentaires, mais aussi l'abrogation de la réforme des APL (aides personnalisés au logement), dont la baisse est estimée à plus de 100 euros mensuels pour 40% des étudiants, selon les chiffres de l'Union nationale pour l'habitat des jeunes.

Et pour cause : « la crise sanitaire qui atteint la France depuis mars 2020, rapidement devenue sociale et économique, a eu comme conséquence l'exacerbation des problématiques préexistantes », soulignait dans son dernier baromètre la Fage, rappelant par ailleurs qu'en l'espace de quelques mois aux prémices de l'épidémie, « ce sont plus de bénéficiaires accueillis dans les épiceries sociales et solidaires du réseau qu'en 10 ans d'activité depuis leur création ».

Même constat pour Gaelis, qui affirme avoir avoir distribué près de 25.000 paniers sans conditions de ressources, rien qu'aux étudiants de la région lyonnaise l'an dernier. « Nous avons d'ailleurs bien remarqué que la demande était beaucoup plus marquée durant les périodes de confinement, où les étudiants avaient tendance à perdre leurs jobs et sources de revenus », confirme Gaelis, par la voix de sa présidente.

Le coût du matériel informatique, et des jobs d'été non-trouvés

Des facteurs d'inquiétudes demeurent par ailleurs à l'aube de cette rentrée, quant aux jobs d'été 2021 : « Nous ne savons pas encore si les étudiants lyonnais, qui comptaient sur leurs emplois d'été pour financer leur année scolaire, ont pu trouver du travail cette année et mettre de l'argent de côté ».

Sans compter que la rentrée 2021 voit également poindre un autre enjeu à venir : les investissements que représentent un matériel informatique performant, rendus nécessaires par la crise sanitaire et le basculement des cours et des examens en distanciel et en visioconférence.

Coline Pisaneschi affirme qu'il s'agissait de la première année où les systèmes de prêts et bourses mis en place par les universités, et dédiés au matériel informatique, n'auront pas suffi à répondre aux besoins en région lyonnaise.

« Heureusement, nous avons travaillé avec des dispositifs comme Emmaüs Connect et en parallèle, notre structure a fait passer plus largement le message aux entreprises, afin qu'elles pensent à réaliser des dons aux étudiants lorsqu'elles souhaitaient changer leur matériel informatique. Mais cela ne nous était jamais arrivé, en 30 ans d'existence ».

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