Zone agroculinaire bio : le projet à 10 millions de Roannais Agglomération se muscle

MANGER AUTREMENT (5/5). Au Nord de la Loire, le bassin roannais avance doucement, mais surement, sur son projet de zone agroculinaire bio, qui représente 10 millions d'euros d'investissements. En s'appuyant sur son Plan Alimentaire Territorial (PAT), désormais éligible au plan France Relance, elle veut cultiver son indépendance alimentaire en anticipant la loi Egalim, qui imposera un seuil de 50% d'approvisionnement local dans la restauration collective.
Cette nouvelle zone agro-culinaire de 30 hectares, qui comportera un espace dédié aux maraichers locaux, a pris un peu de retard mais représentera un investissement global de 10 millions d'euros.
Cette nouvelle zone agro-culinaire de 30 hectares, qui comportera un espace dédié aux maraichers locaux, a pris un peu de retard mais représentera un investissement global de 10 millions d'euros. (Crédits : DR)

Alors que les projets alimentaires territoriaux (PAT) disposent désormais de financements France Relance pouvant atteindre 80 millions d'euros, une autre commune d'Auvergne Rhône-Alpes se trouve dans les "starting-blocks" : Roanne. L'agglomération n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai en matière d'interventionnisme public sur les sujets de l'alimentaire et de l'agroalimentaire.

Depuis 2016, les steaks hachés surgelés estampillés made in Roanne, issus d'une quinzaine d'élevages locaux et transformés en Isère, sont ainsi présents sur les étals de plusieurs moyennes surfaces de la région.

"Ces éleveurs travaillaient à perte. Nous les avons aidés à créer une filière locale de qualité", commente Yves Nicolin, maire de Roanne et président de Roannais Agglomération.

La collectivité locale fait désormais un pas supplémentaire, dans le cadre de son projet de Plan Alimentaire Territorial (PAT), avec le déploiement de sa zone agro-culinaire bio, lancée en 2019.

"Nous avons une industrie agroalimentaire particulièrement développée (1.043 emplois sur les 28.115 que compte l'agglomération, ndlr). Nous avons largement accompagné cette filière en l'aidant à se positionner sur des produits de qualité. Aujourd'hui, il s'agit de passer à une nouvelle phase : la sécurisation des approvisionnements maraichers. Nous avons constaté, pendant les confinements, combien ce sujet était hautement stratégique".

Or, le territoire roannais souffre d'un déclin du nombre de maraichers locaux. Avec, de plus, une insuffisance criante (mais pas propre au bassin roannais) en légumes/fruits bio, productions de plus en plus plébiscitées par les consommateurs en quête d'alimentation plus responsable.

La production locale ne suffit donc pas à couvrir les besoins du territoire roannais évalués à 700 tonnes de légumes par an (uniquement pour les cantines scolaires).

"Nous estimons que 20% des besoins sont couverts par une production locale aujourd'hui. Notre ambition est d'atteindre les 50% à terme", confie Yves Nicolin.

30 hectares pour une zone agro culinaire

Une zone de 30 hectares sur la commune de Notre Dame de Boisset, dédiée à l'agro-culinaire, est ainsi en cours de déploiement. Le pied a été mis à l'étrier en 2019, avec quatre hectares sur les 30 d'ores et déjà mis en culture.

L'exploitation en a été confiée à l'association BioCultura. Cinq postes (en insertion) ont été créés, 80 tonnes de légumes dont 30 tonnes de pommes de terre ont été produits en 2020. Courant 2021, une douzaine d'emplois supplémentaire devrait être créée.

A terme, les deux tiers des 30 hectares seront mis en production, avec un espace dédié aux maraichers locaux. "Depuis 2014, nous avons lancé une pépinière de maraichage pour permettre à des jeunes de se lancer. Nous avions une problématique jusqu'ici : nous avions peu de terrains à leur proposer ensuite pour leur installation".

Une cuisine centrale et une légumerie devraient venir conforter l'ensemble, s'approvisionnant en légumes dans les champs sur place et préparant les repas pour la restauration collective des communes de Roannais Agglomération (cantine scolaires et Ehpad notamment). Une vente au public est également à l'étude.

L'ensemble devrait être opérationnel d'ici 2025/2026. Soit deux ans plus tard que ce qui avait été annoncé lors du lancement de la zone en 2019. La faute aux études de faisabilité, plus complexes que prévues, selon Yves Nicolin.

Les contraintes d'un projet à 10 millions d'euros

Roannais Agglomération doit en effet sécuriser, au préalable, les approvisionnements en eau. "Une première campagne de forage n'a pas été concluante. Nous menons à présent une nouvelle étude sur un bassin externe de 40.000 m3 (500.000 euros d'investissement, ndlr) pour assurer l'irrigation", précise l'édile.

Ce projet représente un investissement global de l'ordre de 10 millions d'euros et lui permettra d'assurer une partie de son indépendance alimentaire.

Autre bénéfice espéré : ce nouveau parc agro-culinaire aidera également l'agglomération à répondre aux exigences de la loi Egalim imposant à la restauration collective de s'approvisionner localement à hauteur de 50% de leurs besoins à l'horizon 2022.

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