Ces dirigeants qui lancent un fonds pour "sauver les restos lyonnais"

[Initiative] Ne pas perdre les richesses de la ville, reconnue comme une « capitale mondiale de la gastronomie » par le célèbre critique culinaire Curnonsky en 1935, et toujours le berceau de 14 établissements étoilés… Un groupement de dirigeants lyonnais a choisi de se porter au secours des restaurateurs de leur territoire en créant un fonds de dotation. Leur objectif : épauler les restaurateurs en difficulté, afin de leur donner toutes les chances pour préparer la reprise.
(Crédits : DR/Julien Bouvier)

Ils sont dix entrepreneurs lyonnais issus de différents milieux (comptabilité, droit, communication, assurances, etc), et souhaitaient donner un coup de pouce aux professionnels de l'hôtellerie-restauration, terrassés par la crise sanitaire.

« Depuis plusieurs mois, les restaurateurs lyonnais sont plus que jamais impactés par la crise sanitaire liée à la Covid-19, voyant leur activité s'arrêter ou fortement ralentir », observe Benjamin Legroux, avocat lyonnais spécialisé en droit fiscal et des sociétés, cofondateur de cette initiative.

C'est pourquoi dès le mois de juillet, il s'est retrouvé à plusieurs reprises à la table de restaurants lyonnais avec des amis, collègues et clients, avec déjà, l'impression que le cauchemar des restaurateurs n'était pas fini.

« Nous étions plusieurs à nous être dit que les restaurateurs ayant eu recours au PGE n'était pas encore au bout de leurs peines, car il leur faudrait bien un jour rembourser ces prêts. D'autant plus que depuis le premier confinement, les habitudes des consommateurs avaient évolué, avec davantage de vente à emporter, etc », se souvient Benjamin Legroux.

Qu'il s'agisse de restaurateurs eux-mêmes (tels que Pascal Dayot, Romain Camous ou encore Nicolas Framinet), mais aussi de dirigeants et acteurs du milieu de la communication (Benoit Terrière, Fabien Roche, Leslie Campergue), des finances et assurances (Rémi Gerardo, Arnaud Pous, Jean-Philippe Mango) ou même de l'industrie (Julien Chirol), ces amoureux de la gastronomie lyonnaise ont alors eu l'idée de monter un fonds de dotation.

Leur idée : prêter main forte aux des restaurateurs mis à mal par la crise, et présentant des besoins de trésorerie ou d'investissement. « Nous avons envie de nous donner un peu de nous mettre dans une initiative non commerciale et désintéressée, sur un sujet qui nous correspondait », explique l'avocat. Et de justifier :

« Pour nous, les restaurateurs représentaient une forme d'art de vivre à la française, symbolisée en grande partie par la gastronomie lyonnaise. Car on va au restaurant à la fois pour les affaires, la famille, ou encore des moments amicaux entre amis », explique Benjamin Legroux.

Objectif : "au moins" 100.000 euros

Une idée sur le point de se concrétiser cette semaine par la mise en ligne d'un site internet dédié à cette action, « Sauvons nos restos lyonnais ». Cette plateforme se veut comme une première étape à la constitution d'un fonds de dotation, d'ici la fin de l'année, avec un premier apport de 15.000 euros.

Mais l'objectif affiché se dessine déjà : réunir, auprès des dix fondateurs, des donateurs particuliers et entreprises qui pourraient ainsi réaliser des dons défiscalisés à cet organisme sans but lucratif, qui seront ensuite reversés à des projets portés par des restaurateurs. « Nous nous visons d'atteindre au moins les 100.000 euros afin de pouvoir ainsi accompagner entre trois et cinq projets pour démarrer. Nos critères seront volontairement souples, afin de pouvoir identifier précisément quels sont les besoins et les projets qui remontent parmi les professionnels de la restauration », indique Benjamin Legroux.

En s'appuyant sur ses membres, qui sont issus à la fois du domaine de la comptabilité, du droit, de l'administration de sociétés ou encore du secteur de la restauration, ce nouveau fonds de dotation vise à accompagner à la fois des projets d'investissement, mais également, si nécessaire, des enveloppes de trésorerie. Car ses instigateurs ont bien identifié que les PGE proposé par le gouvernement ne suffiront pas nécessairement à permettre aux restaurateurs, dont le tissu, les charges et les niveaux de rentabilités demeurent très variés, à garder la tête hors de l'eau.

« Il ne faut pas oublier que les PGE constitue un emprunt, qui doit être remboursé, et que la situation pourrait rapidement devenir catastrophique lorsqu'une partie des restaurateurs sortiront leur bilan en février ou mars prochain », indique Benjamin Legroux, qui anticipe un certain nombre de cessation de paiements.

Un bassin de 4.300 restaurants lyonnais, dont 14 étoilés

Avec un recentrage sur les restaurants de la métropole lyonnaise, qui représente déjà un vivier de près de 4.300 établissements ainsi qu'une tradition de grands chefs (Paul Bocuse, Georges Blanc, Christian Têtedoie, Pierre Orsi, Guy Lassausaie, Mathieu Viannay, etc), le fonds « Sauvons nos restos lyonnais » étudiera ainsi presque tous les cas de figures, bénéficiaires ou non du PGE, et établissements de différentes tailles.

A certaines conditions toutefois : que les établissements soient basés au sein de la métropole lyonnaise, qu'ils s'intègrent dans une gastronomie qui partage certaines valeurs, dont « le repas assis » et « la convivialité » notamment. Les projets soumis devront respecter également un certain nombre de critères, même s'ils se veulent souples, dont une conformité aux normes sanitaires, juridiques ou environnementales, ainsi qu'en matière de RSE. « Nous n'attendons aucun retour sur les dons effectués, mais nous aurons la possibilité de demander un restaurant de se mettre en conformité avec une réglementation de son secteur pour recevoir notre aide », précise Benjamin Legroux.

Ces dix dirigeants s'appuieront donc en premier lieu sur leur réseau pour faire connaître leur initiative, ainsi que sur le leur site internet, en cours de lancement. « Nous envisageons également de créer par la suite certains signes de reconnaissance comme des badges, des T-shirts ou des pins, qui permettent aux donateurs d'afficher leur engagement, et de créer une communauté au sortir de la crise », ajoute l'avocat.

Bien que l'échelon lyonnais suffise déjà à ce groupement de dirigeants, Benjamin Leroux se prend déjà à rêver que le projet puisse faire des émules sur d'autres territoires.

« Rien n'empêche qu'un tel projet soit reproduit pour sauver les restos parisiens, bordelais, etc. Dans ce cas, nous pourrions certainement les aider avec nos outils, si nécessaire », glisse-t-il.

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