[La montagne, l’or vert de demain 4/5] Les Gîtes de France, le nouveau hit de l'été

[Série d'été / Interview] Eric Apollinari, directeur des Gîtes de France de Haute-Savoie (74) et administrateur à la Fédération Nationale des Gîtes de France, n’en revient pas. Les réservations de la saison d’été sont dans le vert, notamment au coeur des stations alpines, où les gîtes et chambres d’hôtes enregistrent une forte croissance, comme un pied de nez à la crise sanitaire actuelle.
Eric Apollinari, directeur des Gîtes de France de Haute-Savoie rappelle que ce sont, au total, près de 80 millions d'euros qui sont injectés chaque année dans l'économie par le tourisme généré par les clients des Gîtes de France.
Eric Apollinari, directeur des Gîtes de France de Haute-Savoie rappelle que ce sont, au total, près de 80 millions d'euros qui sont injectés chaque année dans l'économie par le tourisme généré par les clients des Gîtes de France. (Crédits : DR)

Comment appréhendez-vous le démarrage de la saison d'été, quelques semaines après la fermeture brutale des stations suite à la crise sanitaire ?

Eric Apollinari : La montagne l'été est toujours un challenge. Cependant, nous avons observé cette année deux atouts. Car sans que l'on fasse grand-chose, à part rester sérieux, nous avons observé un repli assez naturel sur les marques franco-françaises qui rassurent. Avec un retour du local et des valeurs de slow tourisme, au plus de 70 % des gens disent venir en gîte pour profiter de la montagne, de ses balades, et de ses ressources naturelles. Contrairement aux destinations urbaines, qui ont beaucoup moins fonctionné que d'habitude, la montagne véhiculait des promesses de fraîcheur, de grand air, et de grands espaces.

On annonce des scores de fréquentation en très large progression...

On observe un effet d'aubaine au sein des stations, qui accueillent plus de monde cette année que l'an dernier. Les gens font de la randonnée, du vélo à assistance électrique, du VTT, du parapente, etc. Alors que nous avions d'abord perdu près de 25 points de progression cet hiver, les compteurs ont été remis à zéro début juin.

Il faut se souvenir qu'en Haute-Savoie, les interdictions préfectorales ainsi que la présence de clusters en mars ont compliqué la donne. Le retour de la clientèle n'est intervenu qu'à partir du 11 mai, et seulement pour des visiteurs de moins de 100 km. Puis tout d'un coup, les gîtes se sont à nouveau remplis : on attend près de 80 à 95 % de remplissage en fonction des endroits cet été !

Cette période a-t-elle nécessité des adaptations ?

Nos établissements accueillent de toute façon moins de 15 personnes pour la grande majorité, à l'exception de 19 gîtes de groupe qui répondent à des normes d'établissements ERP, sur un total de 1490 établissements en Haute-Savoie. Les gîtes de France ont été l'un des premiers opérateurs à avoir validé des protocoles sanitaires.

Il nous a aussi fallu être plus souples, afin de proposer des avoirs pour les clients qui souhaitaient bénéficier de leur séjour plus tard dans l'été. C'est le cas des seniors, dont beaucoup ont reporté leur venue à septembre. D'autres sont venus dès qu'ils ont été rassurés, le téléphone a commencé à chauffer dès le 12 mai !

De leur côté, les propriétaires acceptent également des séjours plus courts. Au niveau de l'entretien, cela demande surtout de réaliser un gros nettoyage suivi d'un second passage approfondi sur les zones de contact, ainsi que le port du masque lors de l'état des lieux et de l'accueil. Un planning est également réalisé pour les petits déjeuners afin que tout le monde ne se croise pas en même temps, mais cela se passe globalement beaucoup mieux que prévu.

Cet épisode contribue-t-il à dépoussiérer l'image des Gîtes de France ?

Nous avons en effet remarqué cet été que nous accueillons une clientèle de plus en plus jeune ! Cela nous permet de mettre en avant le fait que les Gîtes de France ne sont pas poussiéreux, et possèdent même des sites internet et des photos en haute définition qui donnent envie de franchir le pas.

Cette année, on observe qu'il y a au moins 30 % de nouveaux visiteurs sur notre site internet, les gens n'hésitent plus à tester les gîtes et les chambres d'hôtes. La durée moyenne de séjour ne devrait cependant pas beaucoup bouger cependant et reste d'environ neuf jours sur les gîtes, et de trois jours sur les chambres d'hôtes.

Est-ce le moment, pour les gîtes, de gagner quelques parts de marché face à d'autres types d'hébergements ?

Nous sommes en effet en train de battre des records concernant le nombre de propriétaires qui font appel à nous pour être labellisés Gîtes de France. Notre réseau de 1400 établissements au niveau local croît de 15 à 20 % chaque année et nous venons déjà d'atteindre le cap des 115 nouveaux adhérents en juillet, ce qui atteint quasiment notre résultat de 2019.

Alors que certains propriétaires avaient jusqu'ici l'habitude de voyager et de passer par Airbnb, on remarque que la marque Gîtes de France véhicule toujours une forme d'expertise. Notre marque est aussi connue pour être un vecteur de la clientèle française : même si cela peut être un handicap à certains moments, cela devient plutôt un avantage cette année, compte-tenu de la faiblesse de la clientèle étrangère.

Eric Appollinari Gites de France 74

Etes-vous vous-même inquiet concernant l'accueil des touristes étrangers cet été?

Nous n'accueillions habituellement pas une forte proportion de clientèle étrangère, qui ne représentait jusqu'ici que 10 à 15 % de notre clientèle en été. Ce sont notamment les chambres d'hôtes qui ont observé la plus grande dégringolade du côté de la clientèle anglaise.

Mais globalement, on s'aperçoit que notre clientèle et surtout composé de lyonnais, de parisiens, ainsi que de visiteurs provenant de l'ouest de la France ou de l'Alsace. Notre région pèse lourd dans la balance des revenus du tourisme à l'échelle française : au total, ce sont près de 80 millions d'euros qui sont injectés chaque année dans l'économie par le tourisme généré par les clients des Gîtes de France, contre près de 2 milliards pour l'ensemble de la France.

La crise sanitaire aura-t-elle eu des incidences sur l'emploi saisonnier de votre secteur ?
En Savoie et Haute-Savoie, Gîtes de France génère près de 1400 emplois directs et indirects, sur les 32 000 emplois que compte la filière au niveau national. La situation varie en fonction des départements, mais de notre côté, nous avons eu beaucoup de travail, si bien que nous n'avons pas fait appel à des mesures de chômage partiel.

C'est cependant différent pour certains collègues de Corse par exemple, qui ont eu beaucoup de mal à faire perdurer leurs activités, qui ont chuté de 30 % en moyenne cet été. Il ne faudrait cependant pas que la situation se détériore cet hiver... On sent bien qu'il existe une forme d'attente concernant la survenue d'une seconde vague. Ce manque de visibilité justifie des réservations en léger retrait de -2 à -3 % par rapport à l'an dernier sur la saison d'hiver pour l'instant.

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Commentaire 1
à écrit le 31/07/2020 à 10:02
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Ravie que les Gites de France redécollent apres la concurrence défiant les règles imposées par airb&b !

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