
Dimanche 15 décembre à 5h05, le premier train du Léman Express prendra le départ en gare d'Annemasse pour rejoindre Genève en moins de vingt minutes. Cette liaison express est une révolution de la mobilité dans le genevois franco-suisse congestionné par le trafic automobile matins et soirs.
L'inauguration officielle du Léman Express s'est déroulée simultanément des deux côtés de la frontière. Côté français, c'est la gare de La Roche-sur-Foron qui accueillait les élus français et le président du Conseil d'état du Canton de Genève, Antonio Hodgers.
Jour de fête, jour de grève
En Suisse, c'est la gare de Coppet, dans le Canton de Vaud qui fêtait le lancement du réseau. Et les officiels se sont retrouvés ensuite - après le voyage inaugural en Léman Express - à la gare de Genève Eaux Vives. Cette gare du centre-ville de Genève, qui réouvre après une période de huit années de travaux, devient avec le Léman Express le centre névralgique de la mobilité de la métropole. C'est que la gare, redessinée par l'architecte Jean Nouvel, reprend vie dans le cadre du réseau express métropolitain.
Le contraste est saisissant quand le train inaugural quitte la gare d'Annemasse pour rejoindre celle de Genève Eaux-Vives. Parti sous les huées de cheminots français, manifestant contre la réforme des retraites, le Léman express est accueilli à Genève par une fanfare au milieu d'une manifestation - festive celle-ci - minutieusement préparée et conviviale, avec musique et tenues de parade, sous les yeux des officiels parmi lesquels Jean Nouvel, venu assister à l'ouverture de son oeuvre.
Alors que la prochaine présidente de la Confédération suisse est présente, aucun membre de l'exécutif français n'aura fait le déplacement. Manquent à l'appel Élisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique et solidaire - en charge des transports - et Jean-Pierre Farandou, le président de la SNCF, retenus à Paris en raison des mouvements sociaux.
Côté genevois, on ne boude pas son plaisir.
"Maintenant, c'est à la population de s'approprier le Léman Express", invite Simonetta Sommaruga, la conseillère d'état chargée du département fédéral de l'Environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC), et qui deviendra au 1er janvier la nouvelle présidente de la Confédération suisse.
Le XXIe siècle de la mobilité
La ville se dote d'un réseau de transport digne de son rang de métropole internationale.
"Genève et sa région entrent enfin dans le XXIe siècle de la mobilité. Le Léman Express va profondément modifier les habitudes de déplacement dans toute notre agglomération. Nous avions un siècle de retard, mais nous arrivons à l'heure", se félicite Serge Dal Busco, conseiller d'état chargé du Département des Infrastructures du canton de Genève
"La réalisation du Léman Express est une réussite pour la Genève internationale", lui répond Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui appelle à renforcer la coopération entre sa région et les cantons voisins de Genève, de Vaud et du Valais.
L'essentiel des travaux d'infrastructures a eu lieu en Suisse, où le Léman Express traverse Genève de part en part, quasiment comme le ferait une ligne de métro. Au total, la Suisse et ses cantons auront dépensé 1,5 milliard d'euros en infrastructures ferroviaires, quand la France et ses collectivités investissaient 234 millions d'euros.
En plus de se doter de son RER, la métropole genevoise prolonge simultanément la ligne de tramway jusqu'à Annemasse... une extension qui passe presque inaperçue alors qu'elle contribue à établir un trait d'union complémentaire entre Genève et son volet métropolitain en France.
La présidente de la Confédération suisse et l'ambassadeur de France en Suisse inaugurent le Léman Express en gare de Genève Eaux-Vives.
1 automobile sur 8 effacée?
Le Léman Express, s'il est un RER par la fréquence de son cadencement - toutes les dix minutes en gare d'Annemasse - dispose de rames qui le font ressembler en tout point à un TER dernier cri. Ces équipements se veulent un atout de plus pour attirer les passagers.
Ce sont 50 000 voyageurs qui sont attendus chaque jour sur le réseau. Le report modal pourrait alors exploser dans cette région transfrontalière où chaque jour plus de 100 000 travailleurs frontaliers rallient quotidiennement le canton de Genève pour se rendre à leur travail. Le trafic automobile pourrait diminuer de 12% à l'heure de pointe chaque matin.
L'engorgement du trafic est une réalité pour ces frontaliers, d'abord aux postes de douane, puis pour entrer dans Genève en raison du faible nombre de ponts qui permettent de franchir le Rhône.
Or, leur nombre ne cesse d'augmenter, tiré par l'attractivité économique de Genève et par le manque de main d'oeuvre d'un canton où le taux de chômage (4%) est encore inférieur à celui de la Haute-Savoie (6%). Côté français, on ambitionne aussi d'attirer les touristes suisses, afin de profiter d'un double effet.
"Le train roule dans les deux sens", rappelle Laurent Wauquiez en invitant les Genevois à venir profiter des destinations qui s'ouvrent à eux plus aisément, tels que Saint-Gervais, Évian ou Annecy.
www.ceva.ch / www.lemanexpress.ch
Pourquoi pas faire la même chose dans les villes françaises de taille similaire, tel que Grenoble, Dijon, Rennes etc. ou plus grand bien-sûr? Dans de nombreux pays européens c'est déjà faire ou en cours; COP21...
d'un côté la présidente de la Confédération suisse, de l'autre un modeste ambassadeur; n'aurait-il pas été plus digne de faire représenter la France, au moins par le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, en personne?
On présume que ledit ministre n'est pas, lui, immobilisé et tétanisé par les grèves et autres agitations locales.
Le gouvernement français ces temps-ci paraît connaître une sorte de "fading": il enfile les bévues comme d'autres les perles ... va-t-il se reprendre?
si ça arrive, certains vont en déduire qu'ils peuvent prendre leur voiture vu que ça roule mieux, erreur fondamentale. La circulation étant non linéaire, parfois 5% de véhicules en plus et ça provoque des bouchons sévères.
"cadencement - toutes les dix minutes" c'est pas mal ? Nous le bus ici c'est 30 minutes (10 à Chambéry).
Ça demande un changement de culture d'emprunter les transports en commun, pourtant souvent bien pratiques (pas de soucis de conduite, surtout quand il fait mauvais temps, mais alors pourquoi avoir une voiture au garage qui "dort" ? Vroum :-) ).
Votre titre est pas terrible puisque en fait on pourrait en conclure que les salariés en grève ont fait un mauvais accueil à ce beau projet, ce que je trouvais étonnant quand même, alors que c'est la classe politique française, qui n'a fait que massacrer le train depuis les années soixante, qui l'a boudé et quand un lobby puissant est mécontent ses politiciens le sont également.
Bravo aux suisses et à tout ceux qui misent enfin sur le train passant par delà les intérêts de lobbys mortifères, pensant à l'avenir de l'ensemble des citoyens mais on part de très loin et avec les 3/4 de nos lignes démantelées par les politiciens français d'encore plus loin en France. Car plus ça va plus il va leur être compliqué de justifier cet extermination du transport ferroviaire.
Comportement méprisant ce projet grotesque de leur part soit dit en passant mais bon ils sont tellement paramétrés.
Effectivement, c'est exactement ce type de projet (pour le dire vite, des RER dans les villes régionales) qui existe en Allemagne et en Suisse, mais qui est totalement inexistant en France même dans les grandes métropoles comme Lille et Lyon. La faute aux lobbies sans doute, mais aussi au centralisme à la française qui étouffe ce type d'initiatives depuis des décennies, et au technicisme et à la sensibilité au prestige qui fait qu'on a favorisé le TGV.
Vincent