Développement durable : Le logement durable en mal d'une vision large

La ville de demain se construit avec une meilleure prise en compte de l'impact environnemental des nouveaux logements. Une question qui sera notamment débattue ce lundi 25 novembre à l'occasion du 3e Forum Lyon City Life organisé par La Tribune à Lyon.
Confluence, le premier éco quartier de Lyon
Confluence, le premier éco quartier de Lyon (Crédits : CV)

La région Auvergne-Rhône-Alpes est un des leaders français en matière d'utilisation de matériaux renouvelables dans la construction immobilière. En 2016, une maison bois sur quatre (24 %) construites en France l'était dans ce territoire, qui détient aussi la première place quant au nombre de logements collectifs construits en bois. Cette utilisation tend à augmenter année après année. Sur le plan national, le taux decroissance sur deux ans s'élève à près de 20 % en 2018, et même à 49 % pour les maisons individuelles dans le secteur groupé.

Ce domaine devrait même être stimulé par les progrès réalisés en préfabrication, avec la construction des murs en usine, qu'il suffit de monter sur site. « La préfabrication permet de garantir les délais de construction et la maîtrise d'oeuvre est rassurée car elle peut voir un prototype en usine », souligne Benjamin Mermet, prescripteur bois construction, secteur Rhône-Alpes, chez Fibois Auvergne-Rhône-Alpes. La préfabrication attire les grands groupes de la construction, comme Eiffage et Bouygues, observe-t-il. Mais aussi les startups. L'une d'elles, Esprit Tiny, est actuellement en levée de fonds pour mettre sur le marché des logements déplaçables en bois, de 20 à 45 mètres carrés, pour un tarif compris entre 40000 et 80000 euros.

« L'occupant peut acheter ou louer la maisonnette, préfabriquée à partir de matériaux biosourcés, avec une consommation énergétique quasi nulle », avance François Ferry, directeur général d'Esprit Tiny, basé dans la Loire.

La startup défend une vision environnementale qui ne se limite pas aux matériaux utilisés, mais qui met au premier plan l'utilisation de terrains inoccupés en ville, afin d'éviter l'étalement urbain. L'idée est de convaincre les grands centres-villes de louer pour quelques années leurs terrains en friche aux occupants de ces maisonnettes.

L'étalement urbain, la vrai menace

Le logement durable a, malgré tout, une marge de progrès importante devant lui. Car bien qu'en hausse, l'intégration des matériaux renouvelables demeure limitée : seuls 7,7 % des logements sont actuellement construits en bois dans la région (6,3 % en France). De plus, la frugalité énergétique ne doit pas cacher l'absence fréquente de vision sur les autres enjeux environnementaux du secteur immobilier. « Oui, on fait des immeubles passifs, cela va dans le bon sens », pointe Bernard Gauthiez, professeur en géographie et aménagement à l'université Lyon 3, avant de fortement relativiser :

"L'urbanisation telle qu'elle se pratique aujourd'hui avec une densification hors des grands centres ne répond pas du tout aux enjeux du développement durable".

La pression reste forte en faveur de la maison individuelle aux portes du Grand Lyon.

"L'urbanisation continue de s'étaler, certes avec des densités plus fortes que dans le passé, mais comment fera-t-on le jour où il faudra prendre des mesures drastiques en matière d'émissions de CO dans les trans-2 ports ?" interroge BernardGauthiez, qui prévient que "le retournement risque de se faire dans les vingt ans qui viennent".

Densifie dans les grands centres

La réponse devra venir avec la densification à l'intérieur des grands centres, comme à Lyon-Gerland ou à Confluence, où des espaces anciennement industriels, inutilisés, ont été remplacés par des logements avec une densité élevée, note le professeur en géographie et aménagement. Aux portes de la région, des exemples pourraient inspirer les décideurs et les législateurs.

À Genève, où la pression immobilière est très élevée, la loi limite l'utilisation de nouvelles surfaces, et encourage le remplacement de maisons individuelles par de petits immeubles de plusieurs logements.

"On ne voit pas cela sur Lyon. C'est tout un changement de vision sur le parc immobilier qui doit donc être effectué en France. D'un côté, les propriétaires immobiliers évitent de louer leurs biens de peur de les voir être dégradés, ce qui explique les deux millions de logements vacants en France. De l'autre côté, l'État facilite la construction de nouveaux logements, sans en faire autant pour la réhabilitation de logements ancien'», regrette le professeur de géographie et d'aménagement de Lyon 3.

Il cite l'exemple des écoquartiers : "Tout le monde veut être labellisé parce que c'est un argument de vente. Mais la présence de la nature y est souvent très limitée."

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