STMicroelectronics résiste mais attache ses ceintures

Le fabricant franco-italien de semiconducteurs STMicroelectronics vient d’annoncer une nouvelle fois des résultats annuels dans le vert, tirés par la demande présente au sein de l’industrie automobile et des smartphones. Mais il se montre prudent pour 2019, alors que l’un de ses principaux clients, Apple, a enregistré une chute des ventes de son iPhone X.
(Crédits : DR)

"ST a enregistré de solides performances au quatrième trimestre, avec un chiffre d'affaires net et un résultat d'exploitation en hausse respective de 5,0 % et 11,5 % séquentiellement", annonce son président du directoire et directeur général, Jean-Marc Chéry, arrivé à la tête du groupe depuis le printemps dernier.

Après plusieurs années difficiles entre 2005 et 2011, STMicroelectronics (qui compte 45 500 personnes dans le monde, dont 10 700 en France) semble bel et bien s'inscrire dans une nouvelle dynamique. Et écarter, du même temps, le spectre du plan de départs volontaires de 400 salariés qui avait été lancé il y a tout juste deux ans, à l'occasion de l'arrêt de sa division numérique.

Alors que le groupe avait déjà enregistré un exercice 2017 très favorable, marquant une hausse de son chiffre d'affaires (8,2 milliards d'euros) et de sa marge d'exploitation de 18% et 10%, il semble avoir réussi à transformer l'essai en 2018 en affichant là encore une croissance de 15,8 % à 9,66 milliards de dollars, ainsi qu'un résultat d'exploitation en hausse de 39,3 %.

Des résultats, qui restent comme l'an dernier, tirés par ses branches imaging, automobile ainsi que les composants discrets de puissance.

"2018 a été une année importante pour ST. En ligne avec les objectifs que nous nous étions fixés, nous avons enregistré une croissance significative du chiffre d'affaires dans tous nos groupes produits, ainsi qu'une forte hausse de notre rentabilité et de notre flux de trésorerie provenant des opérations d'exploitation", confirmait Jean-Marc Chéry.

Une zone de turbulences

Mais le groupe, qui a choisi de se recentrer sur des marchés "d'avenir" comme celui des smartphones, pourrait bien voir son année 2019 plus chahutée. Entre les effets d'un ralentissement macro-économique en cours et la chute des ventes d'iPhone annoncée par son partenaire Apple, ST pourrait bien se retrouver cette année dans une zone de turbulences.

Début janvier, l'action de la firme américaine à la pomme a en effet chuté de 10%, alors que celle-ci a annoncé depuis novembre qu'elle communiquerait plus le chiffre exact de ses ventes d'iPhone. Avec, en toile de fond, un contexte de ralentissement et de guerre commerciale avec la Chine.

Dans un communiqué, le président de ST se montre donc prudent et table lui-même sur un chiffre d'affaires en baisse au premier trimestre 2019,d'environ 5,7 % en variation annuelle et de 20,7% en variation séquentielle (à 2,1 milliards de dollars). Avec, comme justification : le reflet de "l'impact combiné d'une dynamique défavorable accrue dans certains marchés finaux que nous servons, en plus de la saisonnalité habituelle du premier trimestre".

Une exposition à quantifier

Alors que STMicroelectronics fournit en effet plusieurs composants stratégiques du dernier iPhone, son exposition aux risques d'Apple pourrait être importante. D'autant plus que certains experts évoquent que la marque à la pomme représenterait jusqu'à 15% des ventes du groupe.

Une dépendance qui n'est pas sans rappeler la situation de ST, lorsqu'un autre constructeur, Nokia, faisait partie de ses plus gros clients. Mais le groupe travaille aussi avec le chinois Huawei Technologies, qui figure parmi le top 3 des constructeurs mondiaux et qui se place en challenger direct avec Apple, avec des livraisons qui auraient bondi de 30% en 2018. Mais ces commandes seront-elles suffisantes pour compenser, d'un autre côté, la perte de volume attendue ?

Dans son communiqué, STMicroelectronics affiche malgré tout ses ambitions de "continuer à faire mieux que le marché que nous servons", et "d'équilibrer ses activités entre ses différents segments de marchés et applications". Le groupe en a profité pour confirmer un nouvel investissement "compris entre 1,2 et 1,3 milliard de dollars", comparable à l'enveloppe déjà affichée en 2018, en vue d'exécuter ses programmes stratégiques en matière de technologie, de R&D et de production.

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