Et si demain… Michel Chapoutier mettait les voiles ?

Son nom est un symbole emblématique des côtes-du-rhône. Avec des dizaines d'hectares de vignes, une activité florissante de négoce et des investissements immobiliers multiples à Tain-l'Hermitage et dans les alentours, Michel Chapoutier est un des plus importants acteurs économiques de la Drôme. Très présent à l'international, que se passerait-il s'il décidait subitement de tout vendre pour aller vivre sous un tipi ou pour aller brasser de la bière à l'autre bout du monde ? Acteurs de l’économie-La Tribune a imaginé, à l’occasion de la sortie de son ultime numéro, neuf scénarii pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Autant d’évolutions, de transformations, de métamorphoses, tour à tour anecdotiques ou révolutionnaires mais ni futuristes ni absurdes. Ils proposent un éclairage nouveau, un regard distancié, qui pourraient, un jour, interroger l’écosystème du territoire, et soulèvent des problématiques de natures sociale, environnementale, politique, culturelle et économique qui font sens et questionnent… aujourd’hui. Septième volet de notre série - publiée chaque jour pendant la trêve de Noel.
(Crédits : DR)

Article initialement paru dans le numéro 143 d'Acteurs de l'économie - La Tribune" Mais pourquoi voudriez-vous que Michel Chapoutier s'en aille ? C'est inconcevable ! Il ne lui manque plus qu'une statue ici. Il ne partira pas avant de l'avoir !"

Xavier Gomart est le directeur général de la cave de Tain. Sa réaction, à chaud, reflète le sentiment général. De l'avis de tous, impossible que l'entrepreneur quitte les lieux, tant il est ancré dans le paysage local. Tain-l'Hermitage étant même parfois surnommée « Chapoutier City ». C'est dire...

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Figurant parmi les noms les plus réputés des côtes-du-rhône, Michel Chapoutier possède en effet 350 hectares de vignes dont 34 sur l'emblématique et onéreuse colline de l'Hermitage. À la tête de 150 salariés, il réalise un chiffre d'affaires de plus de 50 millions d'euros.

Vigneron réputé, négociant accompli, le président d'Inter-Rhône ne s'est pas arrêté à son cœur de métier. Au fil des années, il a investi en parallèle dans des bâtiments et des commerces de la ville (hôtels, restaurants, gîtes...). Outre son royaume économique, ses liens et son attachement au territoire rendent improbable un départ immédiat.

Conséquences sur l'emploi

Mais imaginons néanmoins que Michel Chapoutier, sur un coup de tête, mette les voiles pour l'Australie ou le Zimbabwe. Que se passerait-il ? Plusieurs professionnels et élus du secteur ont bien voulu se prêter au jeu.

« S'il devait partir, ce serait dramatique pour notre territoire », anticipe ainsi Simon Francon, président de la CPME de la Drôme.

« Le territoire rebondirait mais en termes d'emplois, cela pourrait peser à court terme. » Alain Graillot, vigneron bien assis du crozes-hermitage, souligne également les effets sur les autres viticulteurs du secteur. « Michel Chapoutier achète beaucoup de raisins. Un départ pourrait avoir des conséquences désastreuses. »

Même son de cloche du côté du sénateur Gilbert Bouchet, maire pendant 22 ans de Tain-l'Hermitage. « Il s'agit d'une entreprise de très haut niveau, qui gagne beaucoup d'argent j'imagine. Au-delà de son exploitation, Michel Chapoutier investit largement sur Tain. Son pécule financier profite à la ville. Son départ serait très mal vécu par l'ensemble des acteurs économiques de notre zone. Il fait travailler le milieu du BTP et de nombreux sous-traitants. Son départ pourrait provoquer des problèmes importants pour l'emploi. »

Image détériorée

Pour l'emploi mais aussi et surtout peut-être pour l'image du territoire.

L'élu poursuit : « Chapoutier, avec d'autres comme Valrhona, c'est notre image. Il a une renommée mondiale. Sa notoriété nous permet d'avoir les projecteurs braqués sur nous. Des maisons prestigieuses investissent ici, parce qu'il a su créer une image de marque incroyable. »

Yann Chave, viticulteur implanté à Mercurol, au cœur de l'appellation crozes-hermitage, confirme. « Michel Chapoutier est un artisan majeur de notre marque, un leader emblématique. C'est grâce à des gens comme lui qu'on avance dans la qualité de nos productions et que nos appellations sont connues à l'étranger. Les clients entrent dans l'appellation par des noms connus comme Chapoutier ou Guigal, puis ils cherchent des vins différents. Chapoutier nous ouvre des portes. Je nous vois un peu comme une flotte, il est notre porte-avion. Sans lui, sans Guigal, notre flotte serait désorientée, moins solide. »

Vignerons, professionnels du vin et élus craignent tous de concert, si les domaines Chapoutier devaient un jour être vendus, qu'ils tombent entre les mains d'un fonds étranger.

« Sur son activité elle-même, une cession ne devrait pas poser trop de problèmes car ses équipes sont formées, le savoir-faire est là. En revanche, pour le territoire, l'enjeu est différent. S'il vendait à une entreprise ou un fonds extérieurs à notre région, cela aurait un impact fort. Tant qu'à avoir un concurrent, autant que ce soit Chapoutier ! conclut Xavier Gomart, le directeur général de la cave de Tain. Au moins, il travaille pour notre région. »

Dans cette haie d'honneur générale à Michel Chapoutier, un seul point positif à un hypothétique départ est soulevé : le prix des terres cesserait peut-être sa folle ascension.

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