Pourquoi MND reporte son augmentation de capital

Deux événements qui se télescopent. Après avoir annoncé une importante augmentation de capital de 26 à 30 millions d'euros la semaine dernière, le groupe savoyard Montagne Neige Développement (MND) a fait marche arrière après qu'une enquête de l'AMF, portant sur la période 2013-2014, ait été rendue publique. Et se défend, tout en engrangeant de nouveaux contrats.
(Crédits : Patrick Pachod/S3V)

Xavier Gallot-Lavallée, le pdg du groupe, reste serein malgré la tempête. Auditionné cette semaine dans le cadre d'une enquête sur la période 2013-2014, il a été invité par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) à faire la lumière sur plusieurs points, et notamment sur la période ayant suivi son entrée en bourse.

"L'enquête a démarré en 2016 sur une période lointaine et était par définition confidentielle. Nous avons eu des échanges avec l'AMF, dont une audition qui était prévue la semaine dernière avec nos conseils pour exposer notre défense et l'ensemble des éléments à l'appui. Nous avons été surpris de voir que celle soit soit rendue publique à ce stade, car nous n'avons en aucun cas été condamnés", affirme Xavier Gallot-Lavallée.

Un timing qui tombe d'autant plus mal que le groupe venait de se lancer dans une augmentation de capital de 26 à 30 millions d'euros, dont elle avait même obtenu le visa de l'AMF. "Un malencontreux télescopage", d'après le dirigeant de MND, que nous avons contacté. Celui-ci conteste l'ensemble des faits qui lui sont reprochés, et pour lesquels il encourt jusqu'à 650 000 euros d'amende.

Le dirigeant de MND se défend

Parmi les points évoqués, la société n'aurait pas indiqué, d'après l'AMF, que les fonds recueillis auraient aussi vocation à être affectés au règlement de dettes fournisseurs et aurait communiqué tardivement sur la révision à la baisse de ses objectifs (à savoir 75 M€ pour l'exercice 2013/2014 et 150 M€ pour l'exercice 2015/2016).

Toujours d'après l'AMF, elle n'aurait pas porté à l'attention du marché les évolutions de périmètre retenues dans le cadre de la révision de ses objectifs 2013/2014, tandis que certains courriels de Xavier Gallot-Lavallée n'auraient pas été communiqués dans le cadre de cette procédure d'enquête.

"Nous maintenons que nous avons respecté l'ensemble des règlements, et que les informations ont été communiquées par la société dès qu'elles ont été jugées fiables et précises pour être communiquées au marché", se défend Xavier Gallot-Lavallée.

Le pdg, qui avait par ailleurs évoqué un problème d'archivage et d'extraction de ses courriels pour répondre au dernier point, a rappelé notamment que l'ensemble des fonds levés ont strictement servi aux objectifs mentionnés, "à savoir les opérations de croissance externe qui nous ont permis de devenir le second acteur mondial du marché".

Repartir sur des bases saines

En attendant la réponse de l'AMF, qui doit avoir lieu "d'ici quelques semaines", le groupe MND a préféré reporter son augmentation de capital et a sollicité une reprise de la cotation de son titre en Bourse à compter du 6 avril.

"Plusieurs choses sont arrivées en même temps : mieux valait purger tout cela et donner l'ensemble des informations au marché afin que les choses soient claires pour l'ensemble des actionnaires, actuels ou futurs", explique Xavier Gallot-Lavallée.

D'autant plus que le groupe MND avait aussi de bonnes nouvelles à porter à la connaissance du marché, avec la signature récente de trois gros contrats : un nouveau télésiège débrayable nouvelle génération pour la station d'Avoriaz (4,4 millions d'euros), de nouveaux équipements pour une station située en Géorgie (4,2 millions d'euros) ainsi que l'aménagement d'un site de loisirs ludique de ski en Asie centrale (4,3 millions d'euros).

"Il s'agissait aussi de contrats significatifs qui représentaient des éléments importants à porter à la connaissance du marché", affirme le pdg.

Le groupe a donc décidé de reporter son augmentation de capital à une date ultérieure, courant 2018, qui n'a pas encore été précisée. MND maintient également son plan stratégique, qui prévoit un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros à l'horizon 2020 (contre 76,4 millions d'euros réalisé lors de l'exercice 2016/2017).

"Nous souhaitions mettre en place cette augmentation de capital du fait de notre forte dynamique commerciale, avec un carnet de commandes qui représentait plus de deux années de CA en fin d'année dernière", rappelle le pdg.

Le dirigeant ne revient pas pour autant en cause la stratégie de financement sur les marchés boursiers engagée par le groupe depuis 2013.

"Il n'y a pas de remise en cause aujourd'hui de cette cotation boursière pour quelques événements survenus récemment. Nous avons de nombreux actionnaires, fonds institutionnels et particuliers qui nous font confiance".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.