Musée des Tissus : les deux grands scénarios pour sauver le lieu

Alors que l'avenir du Musée des Tissus et des arts décoratifs était une nouvelle fois abordé ce mercredi lors d'un comité de pilotage, l'étude d'expertise réalisée par In Extenso avance plusieurs scénarios pour sauver ce lieu culturel lyonnais. Mais au moment où nous bouclions cet article la réunion était toujours en cours. Eclairage.

Article publié à 16h 38 et mis à jour à 18h50 et à 19h30

Le sort du musée des tissus et des arts décoratifs (MTAD) de Lyon est revenu sur le devant de la scène locale, ce mercredi, à l'occasion d'une énième réunion du comité de pilotage* placé sous la tutelle du Préfet. Un rendez-vous important au cours duquel In Extenso Tourisme Culture et Hôtellerie, filiale du cabinet parisien d'expertise éponyme, présentait la phase 2 de l'étude pour laquelle il a été mandaté en janvier dernier. Grégoire Giraud qui siège dans ce comité en tant que vice-président de l'Union des industries textiles (Unitex) espérait une première sélection entre les deux grands scénarios comportant eux-mêmes deux options. Ce, afin d'enclencher l'étape 3 de pré-programmation. La CCI Lyon métropole, gestionnaire du MTAD - une exception française- , a annoncé dès 2015 qu'elle n'avait plus les moyens d'en assurer la charge. La survie de l'institution est prolongée jusqu'à la fin de l'année.

Pas un sauvetage a minima

Dans son rapport d'une centaine de pages, In Extenso TCH rappelle l'esprit de la mission qui lui a été confiée : répondre à l'objectif d'un projet d'avenir et de rayonnement - et non d'un sauvetage a minima - pour les deux musées hébergés dans deux hôtels particuliers,  Villeroy et  Lacroix-Laval, rue de la Charité, en plein cœur de la Presqu'île.

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"Dans cette perspective les scénarios sont ambitieux mais peuvent être phasés dans le temps. Le choix de l'un d'entre eux permettra en phase 3 d'affiner les options prises". Par ailleurs, poursuivent les auteurs, certains des composants figurant dans l'un des scénarios peuvent être incorporés dans l'autre. Attirer entre 100 000 et 150 000 visiteurs par an, telle est l'ambition.

"La Cité Musée du textile et des arts décoratifs de Lyon"

Le scénario 1 A, décrit comme le plus ambitieux et commercial, est baptisé "La Cité musée du textile et des arts décoratifs de Lyon". Il dépasse son champ d'action actuel en s'ouvrant sur la création contemporaine, le design et le secteur industriel. L'institution maintenue dans ses locaux actuels, restructurés et modernisés devient un établissement autonome de plein exercice. Et plusieurs structures juridiques sont évoquées : association, Etablissement public de coopération culturelle ou encore GIP. Le scénario 1 B conserve l'installation dans les deux hôtels particuliers mais suggère une mutualisation des services support avec le Musée des Beaux Arts (MBA) selon des modalités à définir : intégration, fusion. Création d'une antenne "Arts déco et tissus" ?

Plus de 30 millions d'euros d'investissement

Ces deux variantes supposent des investissements importants pour la rénovation des bâtiments et la scénographie. L'enveloppe est provisoirement estimée à plus de 31 millions d'euros. Toutefois, cette somme n'inclut pas les coûts de fermeture pendant les lourds travaux. Quant au coût annuel de fonctionnement, déduction faite des différentes recettes, il est estimé à 1,975 million pour le scénario A en vitesse de croisière. Pour la variante 1 B il est ramené à 1,6 million du fait de la mutualisation avec le MBA.

Départements des musées lyonnais

Le scénario 2 stipule que le musée des tissus et celui des arts décoratifs deviennent des départements des musées lyonnais. Ainsi le musée des tissus serait apporté à l'EPCC du musée des Confluence en aménageant un cabinet des textiles (coût 400 000 euros). Et le musée des arts décoratifs rejoindrait le musée des Beaux Arts. La variante A prévoit l'abandon des deux hôtels particuliers, propriété de la CCI, dont la vente pourrait rapporter entre 10 et 20 millions d'euros. L'option B envisage le transfert des arts décoratifs du MBA, dans l'hôtel Lacroix Laval après restauration (montant : 8,64 millions). Dans les deux cas il serait nécessaire de créer un centre de conservation et d'études des collections (coût : 9,5 millions). Au plan humain se poseront les modalités d'intégration du personnel du MTAD, 22 salariés. Le scénario 1 A prévoit de porter les effectifs à 31 ETP (Equivalents temps plein).

La Région double la mise

In Extenso estime possible la prise en charge de certaines lignes budgétaires par le privé. Tout en précisant que, en ordre de marche, le musée sera à la charge des collectivités.

Lire aussi : G. Giraud : "Nous créerons une fondation pour le musée des Tissus"

Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, n'a pas hésité à monter au créneau, avant même la réunion du comité de pilotage, et au grand dam de tous, en annonçant qu'il était prêt à dégager 10 millions d'euros pour les investissements, deux fois plus que prévu, et 1 million d'euros pour le fonctionnement annuel, à partir de 2018. "Sous condition d'un engagement des partenaires publics et privés" précise un communiqué du conseil régional, émis ce mercredi soir. Il deviendrait alors chef de file d'un projet qualifié d'inédit mais correspondant aux contours d'une des options du cabinet In Extenso. "La disparition du musée est aujourd'hui un risque qu'il faut éviter à tout prix", poursuit le communiqué.

"Les deux scénarios restent sur la table"

Toujours est-il qu'aucune décision n'a été arrêtée par le comité de pilotage.

"Les deux scénarios restent officiellement sur la table. Nous avons déclaré notre préférence à la solution 1 ", précise Grégoire Giraud.

La prochaine réunion est fixée au 5 juillet avec l'espoir de trouver un accord et d'ébaucher un plan de financement et une gouvernance.

* Membres du comité de pilotage : DRAC Auvergne-Rhône-Alopes, Direction des musées de France, Région, CCI Lyon Métropole, métropole de Lyon, ville de Lyon et Unitex.

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