Créer une mini-entreprise au collège (en 3ième) et au lycée, c'est possible. Lise et Quentin deux élèves de l'ICOF, établissement scolaire privé lyonnais ont vécu cette expérience. "Cela nous apporte quelque chose en plus", reconnaissent-ils en chœur. Le plus difficile ? "L'aspect humain. Travailler en équipe", répond Lise, aujourd'hui étudiante à l'IAE (Lyon III). "Trouver le produit innovant qui plaise à toute l'équipe", confie Quentin, désormais en BTS.
Tous les deux ont pris le virus de l'entrepreneuriat très tôt, au cours de leurs années de collège, et veulent désormais développer un projet d'entreprise dans la "vraie vie". Sans le soutien de l'EPA (Entreprendre pour apprendre), agréé par le ministère de l'éducation, ces mini-entreprises* ne verraient pas le jour. Pascal Reber, président l'association Auvergne-Rhône-Alpes dévoile les ressorts et les ambitions de cette structure qui éveille à l'entrepreneuriat.
Acteurs de l'économie - La Tribune. Quelle est la démarche fondatrice de EPA ?
Elle s'appuie sur le "Learning by doing", on fait faire les choses en montrant aux enfants qu'ils ont besoin des savoirs fondamentaux. Comment ils auraient mieux réussi s'ils les avaient mieux acquis. Ce, en utilisant le cas concret de la création d'une mini-entreprise à l'école autour d'un vrai produit, de sa fabrication, commercialisation y compris une levée de fonds. Le tout s'achevant par la dissolution de la société à la fin de l'année.
Cette idée vient d'Amérique du Nord.
Oui, mais nous avons adapté la méthode à notre culture ainsi que les supports pédagogiques traduits en français. Cet accompagnement est pratiqué dans toute l'Europe. C'est dans les pays nordiques et anglo-saxons que le pourcentage de collégiens et lycéens participant à une mini-entreprise est le plus élevé, environ 10 à 15 %. En Auvergne-Rhône-Alpes nous sommes à 1 %, ce qui est un peu supérieur au reste de la France.
Comment évaluez-vous le bénéfice retiré par les jeunes ?
Nous avons un historique intéressant à ce propos. Nous mesurons l'impact sur les enfants à l'aune des portes qu'on leur a ouvertes sur eux-mêmes. Ils prennent ainsi conscience de leur potentiel à faire les choses et à les réussir plus que leur environnement habituel leur laisse entendre. Nous faisons une évaluation de leurs verbatim pour apprécier leur taux de satisfaction. Cela suppose des professeurs qui se prêtent au jeu, un parrainage par des entrepreneurs locaux et des fonds.
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Combien d'établissements en Auvergne-Rhône-Alpes et combien de jeunes chaque année s'impliquent-ils ?
Quelque 110 établissements dans la région ont adhéré à ce programme, soit 10 % environ du nombre total, avec une répartition égale entre le public et le privé. Ce sont 3 000 jeunes qui se prêtent au challenge dans 300 mini-entreprises sur la base du volontariat. Nous voudrions doubler ce nombre d'ici à deux ou trois ans.
Pour ce faire nous avons besoin de moyens financiers supplémentaires et de convaincre davantage de professeurs à qui nous donnons une formation spécifique. Notre budget de 600 000 euros par an provient pour 1/3 de subventions publiques, principalement de la région, pour 1/3 de la taxe d'apprentissage et pour le 1/3 restant du mécénat (70 entreprises). Notre association tourne avec 12 personnes.
* Les enfants consacrent entre 35 et 70 heures dans l'année à leur mini-entreprise, essentiellement dans le cadre du temps scolaire.
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