Faible enneigement : les collectivités amenées à revoir leurs politiques

Pour la neige, il faudra pour l'heure repasser. Mais de l'un et l'autre côté du fleuve Rhône, force est de constater que les stations étaient en tout cas prêtes pour la nouvelle saison. Soucieux de proposer des animations de proximité, tout en optimisant leurs moyens, les départements de la Drôme et de l'Ardèche sont ainsi appelés à faire des choix, revoir leurs offres ou/et adapter leurs politiques.
Le réchauffement climatique est aujourd'hui une problématique pleinement prise en compte par les gestionnaires des domaines skiables.

Le 18 décembre dernier, toutes les stations de ski drômoises étaient fermées, faute d'enneigement. Quelques pistes en nordique avaient toutefois été ouvertes lors des deux premiers week-end de décembre. De l'autre côté du Rhône, en Ardèche, on ne s'attend pas à débuter la saison lors des vacances de Noël mais dès le mois de janvier, comme d'ordinaire. Le réchauffement climatique peut mettre en difficulté les différents gestionnaires des domaines. Un aspect qui prend aujourd'hui toute sa place dans les différentes stratégies menées par les collectivités.

La fermeture hivernale de Valdrôme actée

Cet été, l'annonce a fait l'effet d'une bombe dans le petit village de Valdrôme, dans le haut-Diois. La commune, qui compte 130 habitants, était l'une des stations de ski du département. Construire en 1985, elle avait pour objectif de donner un nouveau souffle à l'arrière pays en termes d'économie, d'habitants et d'emploi. Le domaine comptait 4 téléskis et 8 pistes de ski alpin. Mais le nouveau chef de l'exécutif départemental, Patrick Labaune (LR), a en effet décidé de fermer cette station lors de l'hiver et recentrer l'activité sur l'été.

Malgré une lettre ouverte du maire et une pétition qui a su réunir des soutiens, le Département n'a point fait marche arrière.

« Nous déplorons un manque de concertation préalable et une répartition inéquitable des investissements. Les projets concernant Valdrôme ont été stoppés et les investissements prévus, réattribués à d'autres stations, comme la piste de luge hiver - été », déplorait en septembre dernier Jean Aramburu, maire de Valdrôme.

À cela s'ajoute un manque à gagner pour le commerce local, la restauration et l'hôtellerie. Voir, à court terme, le départ d'habitants et une baisse d'effectifs dans l'école du village.

Valdrôme

La station de Valdrôme est définitivement fermée l'hiver. Photo Francis Rey/La Drôme

Faible enneigement, déficit récurrent

Mais si le Département de la Drôme veut continuer à développer ses 7 stations de moyenne montagne et développer un tourisme familial et de proximité (investissement de 1,5 million d'euros par an), il se doit de repositionner Valdrôme. Selon la collectivité, la station connait en effet depuis quelques décennies un faible enneigement l'hiver, une fréquentation en berne et un déficit moyen de près de 400 000 euros par an. Un montant compensé par le Département, mais pointé du doigt par la Chambre régionale des comptes.

Fort de ces constats et perspectives météorologies, le Département a fait le pari de la complémentarité. Il compte ainsi orienté Valdrôme vers un site estival de loisir (fermée l'hiver). La station de Lus-la-Jarjatte (déficit de 170 000 euros par an selon le département de la Drôme) aura désormais pour seule vocation d'être un site hivernal de pleine nature. Elle sera ainsi fermée l'été prochain.

« L'objectif est de créer une nouvelle dynamique commerciale grâce au retour de l'initiative privée, renforcée par la concentration des moyens sur des pôles mieux valorisés. Cette nouvelle organisation ne devrait pas pénaliser les territoires mais bien au contraire leur donner un nouveau souffle économique », soulignait en juillet dernier Patrick Labaune, président du Conseil départemental de la Drôme.

Garantir un espace d'apprentissage

Côté Ardèche, le Département a déjà choisi de concentrer ses moyens sur deux stations en particulier, à savoir la Chavade-Bel Air et La Croix de Bauzon. Des sites qui attirent chaque année un public local - familles et scolaires -, mais aussi les habitants des départements limitrophes. Il n'en reste pas moins que les autres activités sont aussi développées, la neige ne représentant qu'environ 40% du budget global du syndicat mixte La montagne ardéchoise. La structure fait par ailleurs la part belle à l'innovation, une nouvelle organisation et de nouveaux projets devraient encore voir le jour d'ici quelques années.

Ainsi, à La Chavade-Bel Air, un espace de jeux ludiques a été disposé non loin du coeur de la station. Objectif affiché : diversifier les sites. Certes, la neige naturelle est toujours valorisée. Mais le syndicat mixte veut également mettre à disposition des jeux de glisse et proposer un autre espace d'apprentissage - 1 hectare maximum - grâce à la neige de culture. "Ce sujet n'est pas un tabou. Il y a aussi un volet social et une volonté de consommer à proximité", indique Daniel Rixte, directeur du syndicat mixte. Plusieurs scénarios ont été envisagés, selon l'enneigement. D'ici les prochaines années, de nouvelles activités pourraient dès lors être expérimentées, telles le skike (roller-ski). "C'est une sensation proche du ski", poursuit-il. Mais reste à savoir si le public sera réceptif à cette nouvelle offre et attiré par celle-ci.

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