Musée des tissus de Lyon : trois mois pour éviter la fermeture

Par We Report  |   |  440  mots
Plus de 4500 ans d'histoire du textile, une collection qui regroupe près de 2,5 millions de pièces venant du monde entier : le musée des Tissus de Lyon et des arts décoratifs de Lyon est l'un des joyaux du patrimoine français. Un fleuron en péril, puisque depuis un an déjà, son propriétaire, la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon, tire la sonnette d'alarme. Faute de solution le musée fermera en mars 2016.

En 2015, sur un budget de 2,5 millions d'euros, la CCI de Lyon en a consacré 1,7 million à son musée. Mais même si « nous y sommes très attachés, nous n'avons plus les moyens d'assurer seuls son avenir », a déclaré Emmanuel Imberton, président de la CCI, jeudi, à l'occasion du vernissage de « Génie 2.0 ». Cette nouvelle exposition réunit le travail d'excellence de 30 maisons de la région.

Des ressources en diminution

En trois ans, le gouvernement a décidé de diminuer les ressources fiscales de la chambre consulaire de plus de 38 %.

« Et comme si ça ne suffisait pas, l'Etat a ponctionné dans nos réserves : au mois de mars, nous avons dû faire un chèque de 14,8 millions d'euros au trésor public. En 2016, nous devrons faire une économie de 3 millions d'euros sur nos frais de fonctionnement », a égrené Emmanuel Imberton.

Jusque-là épargné, le musée ne pourra plus continuer « sans fonds propre », a-t-il déploré. Si aucune solution n'est trouvée, l'institution fermera ses portes en mars 2016.

Fin de non-recevoir de la part de l'État

Après une « fin de non-recevoir » de la part de l'Etat et des collectivités locales, une « réunion de la dernière chance » a été convoquée par le préfet de région, Michel Delpuech, qui « a pris le problème à bras le corps », a salué Emmanuel Imberton. Cette table ronde devrait avoir lieu courant janvier. L'occasion pour la ville de Lyon et la métropole de se positionner, cette dernière étant restée jusque-là très prudente sur un éventuel investissement, notamment en raison des coûts supplémentaires qu'elle doit assumer après s'être vu échoir la gestion du Musée des confluences et du musée gallo-romain de Fourvière.

Partenariat public-privé ?

« Si l'État s'engage, la métropole viendra, a souligné Emmanuel Imberton, regrettant l'actuel silence du ministère de la Culture. Et Laurent Wauquiez, on va lui laisser le temps de s'installer, on va l'inviter, j'espère qu'il s'engagera. » Parmi les solutions envisagées, celle d'un partenariat public-privé, via l'apport de fondations. Mais « le privé viendra si l'État s'engage, c'est la clé », a-t-il insisté.

Le patron de la CCI a salué l'initiative lancée par un collectionneur, le professeur Daniel Fruman, relayée par l'Union interentreprises textile Lyon région (Unitex) : une pétition en ligne qui a récolté en douze jours près de 37 000 signatures de plus de 50 pays. Preuve en est pour Emmanuel Imberton qu'au-delà des enjeux financiers, il s'agit de « l'histoire de nos racines lyonnaises » et du « plus grand ambassadeur de la métropole dans le monde ».