Yves Revol (PDG de Clasquin) : "Nous sommes encore faibles en Amérique"

Clasquin, organisateur en transport aérien, maritime et logistique overseas de marchandises, a publié mercredi soir ses résultats du premier semestre en hausse de plus de 30 % pour le bénéfice net. Le groupe lyonnais, fort de 740 collaborateurs, et disposant d'un réseau de 62 bureaux dans le monde, profite de la reprise des échanges commerciaux. Décryptage avec Yves Revol, PDG de l'entreprise.

Acteurs de l'économie - La Tribune : Au semestre votre marge brute de 30,1 millions d'euros (indicateur d'activité plus performant que le chiffre d'affaires) s'affiche en progression de 8,9 % et de 5,9 % à périmètre et taux de changes comparables et votre résultat net s'apprécie de 30,5 % à 1,1 million d'euros. Le volume de vos opérations a crû, lui, de 8,7 % (et 7,2 % à périmètre identique). Autant de chiffres qui signent une reprise du commerce mondial ?

Yves Revol. De fait, les échanges mondiaux sont repartis à la hausse depuis le début du premier trimestre pour le fret maritime* (+ 4 % environ en volume de conteneurs) et également pour le fret aérien (+ 10 % en tonnage). Notre performance endogène est supérieure au marché du fait de notre capacité à gagner de nouveaux clients. Toutefois, notre croissance n'a pas retrouvé le niveau d'avant la crise de 2008. Notre activité augmentait alors au rythme de deux chiffres, d'une année l'autre.

Dans ce contexte d'amélioration économique comment se comportent les taux maritimes, à savoir le prix à payer pour le transport ?

Actuellement ils ont un peu tendance à baisser car nous sommes en basse saison. Le niveau des prix est important pour garantir la bonne santé des compagnies maritimes.

A ce propos la flotte mondiale souffre-t-elle toujours de sur-capacité ?

Ces dix-huit derniers mois le nombre des compagnies maritimes s'est fortement réduit. Il est passé d'une vingtaine à 13 ou 14. Ainsi en Chine, l'armateur Cosco a fusionné avec China Shipping Group. En Corée les actifs de Hanjin Shipping ont été repris par Korea Line, au Japon les trois plus grandes compagnies vont se regrouper dans une seule entité et en France CMA CGM a acheté la société Nol à Singapour.

En quoi consiste précisément votre métier ?

Nous sommes des spécialistes de l'ingénierie en transport et nous sous-traitons la gestion physique des marchandises. Nous voulons aller plus loin dans le service en développant toute une chaîne logistique overseas, gestion des commandes et des stocks, à l'intention des exportateurs, à partir de la France et d'autres pays. Et dans ce but nous nous sommes dotés, en début d'année, d'une division supply chain management dirigée par notre ancien responsable informatique.

Vous avez fait de l'axe Est-Ouest votre priorité. Avez-vous encore des projets d'installation en Asie et en Amérique ?

Nous avons créé notre premier bureau overseas au Japon, en septembre 1984 et notre présence y est forte. En Chine, où nous comptons 8 bureaux et 150 salariés, nous étudions en permanence des dossiers et la prochaine implantation se fera, peut-être à Dalian. La dynamique des exportations et des importations est globalement bien repartie. Nous sommes en Corée, Inde, Vietnam. Au Bangladesh nous avons monté une structure s'appuyant sur nos équipements informatiques. L'Indonésie nous intéresse tout comme le Laos et le Cambodge où nous avions une petite base que nous avons fermée. Nous sommes encore faibles en Amérique avec huit bureaux, six aux Etats-Unis, un au Canada et un au Chili depuis novembre 2016.

Au-delà, quelles sont les zones que vous regardez pour vous installer ?

Nous nous intéressons au Proche et Moyen-Orient où nous travaillons via des agents. Par ailleurs nous voulons déployer notre offre en Afrique subsaharienne : Sénégal, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Cameroun ou encore Congo. L'acquisition de la société rhodanienne LCI (Lafont, Chavent, International) en mai 2015 nous a apporté un flux d'affaires avec les pays du Maghreb, la Turquie et un peu la Bulgarie.

Quid de la Russie ?

Nous n'y sommes pas. Nous avons étudié deux projets mais ils n'ont pas abouti.

Avez vous repéré des startups avec lesquelles vous pourriez nouer des liens ?

Nous sommes très avancés dans le digital fondamental dans notre métier. Nous avons notre propre filiale informatique qui travaille pour d'autres clients que Clasquin. En ce qui concerne les startups il faudrait repérer des applications spécifiques au mouvement des marchandises. La jeune pousse marseillaises Traxens a conçu un dispositif de suivi des conteneurs qui a notamment été adopté par CMA CGM.

Ambition Afrique

Au Burkina Faso, où existait une tannerie, Yves Revol veut monter une usine de fabrication de chaussures. Ce projet en gestation depuis six ans attend encore les autorisations d'opérer : "Nous avons investi 130 000 euros dans l'acquisition de machines neuves et 40 000 euros dans des matières premières entreposées près de Nantes. S'ajoute 500 000 euros de capital apportés par mon holding personnel Olympe, à hauteur des 2/3 et de Clasquin pour le 1/3 restant", explique le PDG. "Il s'agit d'un social business". Un industriel du secteur basé dans le Choletais dirigera cette unité qui emploiera une cinquantaine de personnes.

* 80 % des marchandises dans le monde sont transportées par voie maritime.

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