Comment l'aéroport de Genève drague les passagers français

Des bons de réduction dans les boutiques et dans les hôtels, un rabais sur le stationnement, et même la vignette autoroutière suisse remboursée! L'aéroport Cointrin de Genève ne ménage pas ses efforts pour attirer la clientèle française.

Cela fait dix ans que l'aéroport de Cointrin propose des offres de rabais à ses clients les plus éloignés. En France, les privilégiés sont les résidents des départements de l'Ain, de la Côte-d'Or, du Doubs, de la Drôme, de l'Isère, du Jura, de la Loire, du Rhône, de la Savoie et de la Haute-Savoie.

Marketing différencié

Les rabais sont différents selon le lieu de résidence des clients, en partant du principe que les résidents les plus proches sont déjà captifs. L'aéroport de Cointrin rembourse ainsi la vignette autoroutière suisse, d'une valeur de 40 euros, aux passagers habitant en Savoie, mais pas en Haute-Savoie, par exemple. Et il enverra aussi aux Savoyards des bons de réduction pouvant aller jusqu'à 50 euros pour un stationnement de plus de quatre jours consécutifs... là où les Haut-Savoyards se contenteront d'un rabais de 17 euros.

En Suisse, l'offre vise les résidents des cantons situés au-delà des cantons de Genève et de Vaud. Les résidents de ces deux cantons ne bénéficient d'aucune offre de réduction.

Le principe d'éloignement

« Plus un passager potentiel est éloigné de l'aéroport, plus il faut être attractif pour l'amener à utiliser nos services, affirme Nicolas Simonin, responsable Développement tourisme et transport à l'aéroport de Cointrin. Nous fédérons les commerces et les hôtels de l'aéroport pour drainer cette clientèle que nous n'aurions pas forcément. »

L'aéroport de Cointrin concentre son offre sur les critères de choix qu'elle maîtrise. « Le prix du billet nous échappe, mais nous contrôlons les parkings », ajoute M.Simonin.

L'aéroport Lyon-Saint-Exupéry, en concurrence directe avec Cointrin, dispose de sa propre approche marketing pour attirer les passagers. « Les consommateurs sont à la recherche de bons plans, quels qu'ils soient, assure Stéphane Geffroy, directeur commercial et marketing de l'aéroport Lyon-Saint-Exupéry.

À Saint-Exupéry comme à Cointrin, ce sont les automobilistes qui sont ciblés. « 60% des passagers viennent en voiture », précise M.Geffroy.

Offres équivalentes

Et pour convaincre les automobilistes, l'aéroport lyonnais dispose d'un avantage tarifaire face à son homologue suisse : une semaine de stationnement coûte 58 euros à Lyon-Saint-Exupéry contre 101 euros à Genève. « Notre attractivité se base sur une offre de parkings plus large et moins chère que Cointrin », souligne M.Geffroy.

Cette offre est complétée par des promotions proposées lors des congés, qui abaissent encore de 40% le tarif hebdomadaire du stationnement, qui tombe en-dessous de 35 euros par semaine. « Plus vous réservez tôt, plus vous économisez », résume M.Geffroy, qui précise qu'il n'y a pas de différenciation dans le ciblage de la clientèle.

En cumulant les différentes offres, les passagers peuvent espérer bénéficier de tarifs de stationnement relativement équivalents dans les deux aéroports... à l'exception des résidents des départements les plus proches de Cointrin (Ain, Jura, Haute-Savoie), considérés comme captifs par l'aéroport suisse.

Question d'image

Dès lors, on peut se demander si ces incitatifs sont réellement efficaces. L'impact réel sur l'attraction de clientèle demeure difficile à mesurer, reconnaît Nicolas Simonin. « C'est aussi un travail sur le capital sympathie, explique-t-il. Les gens voient que l'aéroport fait quelque chose pour eux. Nous comptons sur le bouche à oreille autour du programme de réductions. »

Et l'aéroport de Cointrin ne compte pas s'en arrêter à ces rabais. « Nous réfléchissons à la possibilité pour les passagers d'acheter un statut qui donnerait accès à des réductions », avance Nicolas Simonin, en comparant ce projet à la file prioritaire déjà en service à Cointrin. L'aéroport suisse propose déjà à sa clientèle d'affaires de passer le contrôle de sécurité plus rapidement, en utilisant un comptoir dédié. « Aujourd'hui, ce service est payé par les compagnies aériennes, explique-t-il, mais nous pourrions envisager de le proposer à tous les clients. »

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