Pourquoi Sanofi investit 15 millions dans sa filiale Genzyme

En juin dernier, sa maison-mère Sanofi avait déjà annoncé un investissement global de plus de 600 millions d’euros pour ses sites de vaccins. Cette fois, c’est sa filiale Genzyme, basée sur le site de Gerland, qui profitera d’un nouvel investissement de 15 millions d’euros. L’objectif ? Renforcer sa plateforme de production de lots cliniques pour le marché de la thérapie génique, avec l’objectif d’en faire la première plateforme mondiale de Sanofi dans ce domaine.
(Crédits : DR/Sanofi)

À Lyon, le groupe Sanofi est comme une grande famille : car en plus de son siège à Lyon Gerland, le groupe Sanofi dispose du plus grand site de R&D et de production de vaccins au monde à Marcy l'Etoile, d'un site de bioproduction à Neuville-sur-Saône, mais également de fonctions supports comme son campus, situé au cœur du biodistrict Lyon-Gerland. Avec, au total, un vivier de 5.500 collaborateurs en région lyonnaise.

Mais le groupe pharmaceutique comprend également une filiale, Genzyme, spécialisée dans le segment de la médecine de spécialité, et notamment de la thérapie génique, qui emploie 320 collaborateurs à Lyon Gerland.

C'est sur ce site que le groupe compte réaliser un investissement de 15 millions d'euros -qui s'ajoute à l'enveloppe de 600 millions d'euros annoncé au printemps dernier, avec 490 millions affectés à la construction d'un nouveau site de production de pointe à Neuville sur Saône et 120 millions à la construction d'un nouveau bâtiment R&D à Marcy-l'Étoile-. Objectif affiché : développer les capacités de bioproduction de Sanofi dans le domaine des thérapies innovantes.

Une technologie en provenance de Boston

« L'entreprise américaine Genzyme (Boston), spécialisée dans les maladies rares, avait d'abord racheté Imtix-Sangstat, pour monter en capacité industrielle. Mais ce laboratoire de biotechnologie faisait lui-même partie du groupe lyonnais Mérieux à l'époque, et produisait sur le site de Marcy l'Étoile, devenu aujourd'hui un grand site de fabrication de vaccins humains », explique Bruno Foraz, directeur du site lyonnais de Sanofi Genzyme. La suite est connue sur la scène lyonnaise : à savoir que lorsque Sanofi a racheté Aventis Pasteur et Genzyme, « l'ensemble des compagnies sont revenues dans la même famille ».

Et jusqu'ici, le site de Gerland de Genzyme produisait principalement un sérum anti-lymphocytaire, utilisé comme un immunosuppresseur, visant à neutraliser le système immunitaire dans le cadre de la transplantation d'organes. Une activité pour laquelle il produit près de 1,2 millions de flacons chaque année, revendus dans le monde entier à destination des acteurs du marché de la transplantation d'organes. Mais depuis peu, cette filiale de Sanofi a voulu appuyer une seconde activité dans le domaine de la thérapie génique, en plein développement.

« Depuis 2013, nous travaillons avec l'entreprise alsacienne Transgene, pour lesquels nous nous positionnons comme un sous-traitant de cette entreprise pour la fabrication de lots de produits dont elle a besoin pour son développement. Dans ce cadre, nous avions déjà quoi investi 5 millions d'euros chacun pour monter une plateforme de fabrication », explique le directeur du site lyonnais de Genzyme.

Mais s'il assure que Transgene demeurera un client privilégié, Genzyme a souhaité faire bénéficier sa maison mère, Sanofi, de sa plateforme de fabrication, jusqu'ici encore sous utilisée. « L'idée étant de pouvoir accueillir et fabriquer des lots de produits cliniques pour le marché de la thérapie génique pour la R&D du groupe Sanofi », glisse Bruno Foraz.

15 millions d'euros pour produire des lots cliniques

En mettant ainsi une enveloppe de 15 millions d'euros sur la table, le groupe Sanofi fait ainsi de sa filiale Genzyne un nouveau sous-traitant stratégique de son département de R&D, basé à Boston. Avec un objectif clair : démarrer la production de nouveaux lots cliniques pour la R&D de Sanofi dès le printemps prochain, en se basant sur sa technologie de vecteurs viraux, qui utilisent des virus « comme un bus, pour amener aux cellules les jeunes dont ils ont besoin ».

Pour autant, pas question de parler de production à grand volume à ce stade : « Il s'agit avant tout d'être en mesure de réaliser des études cliniques, pour voir si les produits passent les phases d'essai clinique 1, 2 et 3. »

Dans une industrie pharmaceutique où les réglementations encadrant les essais cliniques permettent d'espérer des développements à l'échelle de 3 à 5 ans, il demeure en effet trop tôt pour parler de développement de nouvelles thérapies.

« L'objectif de Lyon Gerland est simplement d'avoir une plateforme technologique qui puisse s'adapter en fonction de l'avancement du portfolio R&D de Sanofi, car le groupe étudie un grand nombre de maladies rares et génétiques », traduit le directeur du site lyonnais. Au total, le laboratoire lyonnais plancherait actuellement sur une d'une dizaine de produits de thérapie génique, portant sur des maladies rares ou neurodégénératives, encore à différents stades de développement.

Les enjeux du domaine de thérapie génique

Car le marché de la thérapie génique, que cible désormais Sanofi et Genzyme, constitue l'une des briques des thérapies du futur. Ces thérapies sont même considérées plus largement, à l'échelle mondiale, comme une voie prometteuse pour le traitement de certaines maladies génétiques ou encore dans le domaine de la cancérologie.

En visant à compenser la déficience d'un gène malade par l'introduction d'un gène sain transporté par un vecteur vers les cellules malades, elles proposent ainsi une nouvelle voie thérapeutique, basée sur l'essor d'une nouvelle forme de médecine personnalisée.

Mais alors que l'Inserm comptabilise près de 700 essais cliniques menés à ce jour (dont 65% dans le domaine de la cancérologie), seules huit thérapies géniques seraient actuellement disponibles sur le marché (conduites par de grands laboratoires comme Novartis ou Gilead).

Avec, comme premier défi, leur prix, compris entre une fourchette de prix variant 370.000 dollars à 2 millions de dollars pour ces thérapies innovantes, qui nécessitent un effort de R&D important. L'Inserm relevait également, parmi les freins à lever, une forme de prudence à conserver quant à la « survenue possibles d'effets indésirables dans le temps », ainsi que la nécessité de poursuivre des travaux de R&D visant à « contourner le problème de la réponse immunitaire, qui peut se développer chez des patients ».

La question de la production à grande échelle est également soulevée par l'organisme de recherche, qui rappelle que « les procédés issus de la recherche académique ne sont pas toujours adaptés pour être déployés à grande échelle ».

Et c'est justement sur ce point que Sanofi souhaite commencer à prendre les devants, grâce à la plateforme de Genzyme, qui lui permettra ainsi de devenir l'une des premières entités au monde à être en mesure de fabriquer des produits à « une échelle semi-industrielle ». Et Bruno Foraz d'ajouter : « Sur ce segment, Genzyme peut en effet s'appuyer sur l'héritage de ses produits de transplantation, avec des produits issus de la recherche lyonnaise, tout en travaillant en lien avec le hub mondial de la Biotech, qui est Boston ». Avec de premiers résultats qui pourraient être attendus à compter de 2025.

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