Homéopathie : Boiron contre-attaque avec une nouvelle étude scientifique

L'étude de pharmaco-épidémiologie, coordonnée par Laser, un laboratoire indépendant, entend répondre à certaines attaques contre l'homéopathie. Fort des résultats, le groupe familial veut s'ouvrir les portes pour discuter avec les autorités de santé françaises de la promotion de l'usage de ces médicaments.
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Les laboratoires Boiron rendent public une étude pharmaco-épidémiologique de grande ampleur visant à démontrer l'intérêt de santé publique de l'homéopathie. Objectif de l'étude EPI 3 ? Evaluer la place de l'homéopathie en médecine générale en France en comparant les prises en charge selon les pratiques (conventionnelle, homéopathique ou mixte) choisies par le praticien généraliste. L'étude conclut à "une évolution clinique comparable tandis que la consommation de médicaments posant des questions de mésusage est moindre, et qu'il n'y a pas de risque de complication" pour les patients suivis par un médecin homéopathe. S'ajoute "un coût pour la Sécurité sociale inférieur de 35 %, en consultation et prescription".

L'enquête, conduite sur le terrain de mars 2007 à juillet 2009, auprès de 8 559 patients et 825 médecins ciblait trois types de pathologies, les plus fréquentes : douleurs musculo-squelettiques (DMS), troubles anxio-dépressifs et du sommeil et infections des voies ariennes supérieures. Le programme lui-même s'est déroulé sur 7 ans (élaboration du protocole, recrutements, recueil des données, première publication en 2011 et deuxième en 2016). Elle a été coordonnée par le laboratoire indépendant, Laser, dirigé par le Pr Lucien Abenhaïm, ancien directeur général de la Santé. Le comité scientifique était, lui, présidé par le Pr Bernard Bégaud.

Mise en cause de l'efficacité par les Académies européennes

Les Laboratoires Boiron annoncent avoir investi 6 millions d'euros dans cette étude. Elle a été motivée par la baisse des remboursements de l'homéopathie en 2003 et certaines attaques. Dernièrement, le Conseil scientifique des Académies de sciences européennes (Easac) réunissant 27 pays a remis en cause l'efficacité clinique de ces médicaments.

"En se fondant sur une analyse approfondie des résultats disponibles, l'analyse révèle que chaque cas pour lequel une efficacité clinique d'un produit homéopathique a été revendiquée peut s'expliquer par l'effet placebo, une mauvaise conception de l'étude, des variations aléatoires, une régression des résultats vers la moyenne ou un biais de publication", stipule l'Easac dans une note dont la presse s'est faite l'écho. Ce dernier dénonce également l'indulgence réglementaire des autorités en France à l'égard de l'homéopathie.

Aller discuter avec les pouvoirs publics

Fort des résultats de cette étude EPI3, Boiron espère précisément s'ouvrir les portes "pour discuter avec les pouvoirs publics", avise Bénédicte Sagnimorte, directeur des affaires professionnelles.

Le laboratoire familial lyonnais entend ainsi que soit, notamment, promue l'utilisation des médicaments homéopathiques à chaque fois qu'ils sont pertinents et que leur utilisation soit privilégiée chez les sujets âgés pour éviter les effets indésirables.

 Doublement des capacités de production

Leader mondial de l'homéopathie, les laboratoires Boiron envisagent un avenir dynamique à en juger les quelque 50 millions d'euros qui auront été investis dans le nouveau site de Messimy, dans le Rhône. D'ici à l'automne 2018 il aura récupéré toutes les activités du site de Sainte-Foy-les Lyon avec à la clef un doublement des capacités de production. A Messimy, où elle peut se déployer sur 50 hectares, l'entreprise disposera rapidement de 55 000 mètres carrés construits. Elle possède deux autres unités industrielles à Montevrain (Seine et Marne et Montrichard (Val de Cher) issu de la reprise de Dolisos, en 2004. Aux Olmes, dans le Rhône, elle consacre un budget de 20 millions d'euros dans l'édification d'un centre logistique dont les travaux commencent ce mois-ci.

"Nous ne fabriquons pas dans d'autres pays pour des raisons de traçabilité et de sécurité. Et, 80 % des plantes utilisées sont issues du sol français", explique Valérie Poinsot, directrice générale déléguée, désignée par Christian Boiron pour prendre sa succession à la tête de l'entreprise, le moment venu.

Lire aussi : Christian Boiron : "J'ai tout organisé pour partir en paix"

Réorganisation du réseau de proximité

Boiron, employant 3 700 salariés dans le monde dont 2 600 dans l'Hexagone, poursuit sa réorganisation au niveau des établissements de proximité sur le territoire français suite à la transposition dans le droit tricolore, en 2012, d'une directive européenne de 1992. Sous douze à dix-huit mois le nombre d'établissements de préparation extemporanée (à la demande) sera ramené à 20 versus 29 initialement. "Nous allons proposer des reclassements internes à tous les salariés concernés", indique Annabelle Flory, directrice générale France de Boiron.

Quant à la recherche "pure" elle est sous-traitée auprès de laboratoires tel l'Inserm. En interne, l'équipe dédiée au développement est composée d'une quinzaine de personnes.

L'Asie et le Brésil

A l'international (40 % des 614 millions de ventes consolidées 2016) le champion de l'homéopathie est bien implanté en Espagne, Italie et pays de l'Est et en Suisse. En Russie, où il a mis le pied il y a 10 ans, son chiffre d'affaires a beaucoup baissé consécutivement à la chute du rouble et les sanctions. "En Asie où la demande est forte nous sommes peu présents", reconnait Véronique Poinsot. "Nous travaillons sur le Brésil où nous avons notre propre filiale. Mais il est difficile d'obtenir les autorisations de mise sur le marché". L'Amérique du Nord est le deuxième marché du groupe.

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