Fondation Mérieux  : 50 ans à lutter contre les maladies infectieuses

La Fondation Mérieux, la plus importante association familiale en France œuvrant pour la santé à l'international, célèbre ses 50 ans d'existence, ce jeudi et vendredi. Forte de plus de 100 collaborateurs elle contribue à élever le niveau de détection et d'identification des agents pathogènes dans les pays en développement en menant différentes actions avec des partenaires.

"Dans la lutte contre les maladies infectieuses, les logiques d'intervention classiques top-down montrent leurs limites", écrit Alain Mérieux, président de l'Institut Mérieux dans le rapport annuel de la Fondation Mérieux qu'il préside aussi. Alors que les pays en développement sont les principales victimes de risques épidémiques grandissants, la fondation lyonnaise est plus que jamais attachée à son crédo fondateur. A savoir, "favoriser dans le long terme la transmission et l'appropriation par ceux qui les utiliseront des capacités et structures de soins ainsi créées", poursuit le président.

La plus importante fondation familiale française opérant dans le domaine de la santé à l'international célèbre ce jeudi et demain son demi-siècle. Quelque 170 personnalités, de nombreuses nationalités, assisteront aux tables rondes consacrées à cette cause, au centre des Pensières, propriété de la famille, sur les bords du lac d'Annecy.

Partage des connaissances.

En 1967, le visionnaire "Docteur" - ainsi était désigné le très respecté Charles Mérieux un entrepreneur et humanitaire dans l'âme - créa la Fondation.

"Il ressentait le besoin d'échanger avec les experts de l'OMS, des scientifiques, indépendamment d'une logique purement industrielle", raconte Benoît Miribel, directeur général de la Fondation Mérieux.

L'organisation de colloques, conférences et autres actions de soutien sont l'occasion de partager des connaissances. "Cela reste l'épine dorsale de notre action", observe le directeur général. Plus de 5 000 professionnels de la santé ont été ainsi accueillis aux Pensières, l'an dernier. Sous l'impulsion de Charles Mérieux, de concert avec Jacques Monod, alors directeur de l'Institut Pasteur, verra le jour l'AMP (Agence pour la médecine préventive), en 1972 à Bogota. Elle a pour mission d'améliorer la distribution et l'administration de vaccins.

Bioforce, P4

Lors de la mémorable campagne de vaccination contre la pandémie de méningite africaine au Brésil qu'il conduit en 1974, Charles Mérieux prend conscience "qu'à côté des blouses blanches il faut des gens qui se chargent de la logistique", rappelle Benoît Miribel. Ainsi seront jetées les bases de ce qui deviendra l'institut Bioforce, formation aux métiers de l'humanitaire, fondé en 1983 en lien avec le ministère des Affaires étrangères. La Fondation familiale est toujours membre de droit de cette école basée à Vénissieux, dans le Rhône.

C'est encore le Dr Charles Mérieux qui prendra l'initiative de construire le laboratoire P4 Jean Mérieux mis en service en 1999 dans le biopôle lyonnais de Gerland. Cette unité de haute sécurité unique en France, et dédiée à la recherche des virus les plus virulents - elle avait joué un rôle majeur pour contenir l'épidémie de la fièvre hémorragique Ebola-, est placée sous la responsabilité de l'Inserm depuis 2005.

Sur le terrain des foyers infectieux

La réputation de la Fondation, sise rue Bourgelat, dans la Presqu'île lyonnaise, est solide lorsque Charles Mérieux, meurt en 2001. Son petit fils Christophe (Mérieux), lui aussi médecin de formation, imprimera sa marque en "ayant à cœur de se rendre dans les foyers infectieux au Vietnam, au Laos", dit Benoît Miribel. En 2005 seront inaugurés les deux premiers laboratoires Rodolphe Mérieux (disparu dans l'accident de la TWA en 1996) à Pnom Penh, au Cambodge et à Bamako au Mali. Christophe Mérieux, décédé en juillet 2006, aura donné le mouvement. Et les réalisations sur le terrain se multiplieront sous la direction opérationnelle de Benoît Miribel, un ancien d'Action contre la faim, qui prendra officiellement ses fonctions en janvier 2007.

Aujourd'hui, la Fondation, forte d'une centaine de collaborateurs dont 80 en France, a, notamment, financé une dizaine de laboratoires de type P3 et P2 (+) transférés à des ministères de la Santé, des universités ou encore des ONG, en Afrique et Asie, en particulier.

Resaolab, un programme pour l'Afrique de l'Ouest

"Au préalable nous nous assurons de la capacité de ces partenaires à gérer de tels outils portant le nom Mérieux. Nous les formons et ils viennent en France. Nous les aidons à aller vers l'autonomie mais cela peut prendre cinq ans", raconte Benoît Miribel. En ce faisant "nous élevons le niveau de détection et d'identification des pathogènes dans les pays émergents. En Afrique, le Mali et le Sénégal ont fait de grands progrès, par exemple". Ce n'est qu'un volet des interventions sur place.

Le programme Resaolab, initié en 2009 par la Fondation et regroupant aujourd'hui 7 pays d'Afrique de l'Ouest, œuvre à renforcer les services de biologie médicale, et donc à améliorer l'état de santé des populations dans le cadre d'une approche régionale. La fondation mène aussi plusieurs projets pour venir en aide (accès aux soins, à l'eau..) aux populations les plus vulnérables à Haïti, Madagascar, en Irak etc : les mères et leurs enfants et populations déplacées.

Les maladies qui tuent les enfants

Quelle feuille de route à venir ?

"Au cours des trois prochaines années nous allons consolider nos actions car nous avons connu une forte croissance", répond Benoît Miribel.

Il évoque toutefois la création de laboratoires en Tunisie et Maroc à la demande de l'Institut Pasteur. Quant aux travaux de recherches, ils demeurent centrés sur les maladies provoquant le plus de décès chez les enfants : la pneumonie, les diarrhées, les tuberculoses multi-résistantes qui tuent en Chine, dans les pays d'Europe orientale. Le conseil scientifique, présidé par le Pr Albert Osterhaus (Université Erasmus de Rotterdam) se penchera sur les orientations, vendredi.

Un budget en forte hausse


Le budget de la Fondation Mérieux a fortement augmenté en 10 ans : il était de 5 millions d'euros en 2007 et atteint 25 millions cette année. Pour moitié il est assuré par le groupe familial incluant la Fondation Christophe et Rodolphe Mérieux. L'autre moitié vient des partenaires, de plus en plus nombreux. Et une structure a été constituée aux Etats-Unis pour accélérer les partenariats sachant que la Bill & Melinda Gates foundation figure parmi ses soutiens depuis quelques années.
Les missions absorbent 82 % du budget, les frais de fonctionnement 13 % et la recherche de fonds 5 %, selon les données figurant dans le rapport 2016.

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