E-santé : quels sont les défis à relever ?

Avec un marché français estimé à 2,7 milliards d'euros en 2014 selon une étude de Xerfi, et une progression de l'ordre de 4 à 7 % d'ici 2020, le secteur de la e-santé est actuellement en plein développement. Pourtant, pour atteindre l'excellence, la filière doit encore faire face à de nombreux défis. Alors que se tiennent simultanément le SidO et Biovision, Acteurs de l'économie – La Tribune fait le point sur les enjeux de l'e-santé.

Robin Nicolas, responsable marketing d'e-takescare est convaincu : "La santé connectée est bien partie pour se développer car il existe à la fois une offre et une vraie demande pour l'automédication, l'autosuivi, ou l'autodiagnostic. Ces dispositifs sont plus pratiques pour le patient, et ils coûtent moins cher à la collectivité". Toutefois, si "le train est parti, il n'a pas encore trouvé sa vitesse de croisière." De fait, pour se développer, la filière dont le poids était estimé à 2,7 milliards d'euros en 2014 selon une étude de Xerfi, doit encore faire face à de nombreux défis.

  • La sécurisation des données et la confidentialité

"Nous avons rencontré un frein, mais nous avons aujourd'hui réussi à le lever." Ce frein, qu'évoque Jean-Baptiste Frangin de l'entreprise Aviitam, est la sécurisation des données des utilisateurs du dossier médical partagé. Une solution développée par l'entreprise installée à Montpellier. "Nous avons travaillé pendant deux ans sur le sujet. Nous sommes aujourd'hui chez un hébergeur qui garantit la sécurité des données santé. Aussi, pour se connecter sur notre plateforme, la démarche est un peu complexe. Mais nous essayons de nous en servir comme une force pour montrer notre fiabilité." Etant arrivée relativement tôt sur le marché (en 2009), Aviitam bénéficie d'une avance sur cette thématique par rapport à d'autres concurrents.

  • L'acceptation par le consommateur des nouveaux objets connectés

Un des principaux défis qui doit encore être relevé est l'acceptation par le consommateur de nouveaux services et produits. Fondée en 2014, e-takescare devient un an plus tard lauréat du programme French IoT. La startup située en région parisienne a développé un thermomètre connecté pour les enfants, nommé Tucky. Commercialisé dans les pharmacies depuis 2016, le bilan est plutôt "positif", estime Robin Nicolas, responsable marketing et commercial de la jeune pousse. "Le consommateur sent que des produits intéressants sont lancés sur le marché mais il est parfois perdu entre le côté gadget de certains produits et ceux à plus forte valeur ajoutée. L'objet connecté a un coût, le consommateur paie un produit premium. Nous devons réaliser un travail de sensibilisation pour qu'il en prenne conscience."

Campagne ADE

  • L'acceptation par les professionnels de la santé

Mais le consommateur n'est pas le seul à convaincre. Jurgi Camblong, titulaire d'un doctorat en sciences de la vie à l'Université de Genève et d'une EMBA en management de la technologie, est spécialisé dans la génomique moléculaire. Il a notamment fondé Sophia Genetics qui a développé une intelligence artificielle qui permet de mieux séquencer le génome. "Elle permet à n'importe quel hôpital d'exploiter des données, que ce soit pour le cancer ou les tumeurs. Elle décomplexifie l'analyse des données", indique-t-il. Pour lui, l'Europe accuse un retard dans un domaine : "Il existe un manque de compréhension de la part des professionnels. Nous devons leur expliquer que cette intelligence ne va pas leur enlever leur travail. Au contraire, elle va permettre de remettre l'humain au centre."

  • La question du business model

Dans le système français, la santé est censée ne pas être un coût pour le patient. Aussi, le modèle économique des startups ou entreprises de l'e-santé est parfois difficile à trouver. "Le numérique établit de nouvelles propositions. Il pose la question du remboursement. Mais sur ce point, la législation a connu quelques avancées. Depuis le 1er janvier, plusieurs pathologies - comme le cancer - sont éligibles au remboursement dans la télémédecine", explique Gérald Comtet, directeur du cluster I-care, spécialisé dans les technologies de la santé en Rhône-Alpes. S'il s'agit d'une avancée "dans le champ médical, la difficulté réside plutôt dans les technologies à la frontière entre le médico-social e le sanitaire comme par exemple le maintien à domicile des personnes âgées." Dans ce cas, l'écosystème est plus complexe en termes de financement car il allie à la fois le département ou la métropole, les mutuelles et assureurs ainsi que l'entourage. De fait, Gérald Comtet estime qu'il est "important de travailler en amont pour bien identifier qui peut être intéressé pour rembourser et financer la solution et ainsi trouver le juste prix." Une position collaborative défendue par le cluster afin de trouver "le meilleur écosystème".

  • La réglementation mais....

Dans un livre blanc à destination des candidats à la présidentielle, le think tank Renaissance numérique a formulé 36 propositions pour développer le secteur de la santé connectée en France. Parmi elles, la mise en place d'un cadre réglementaire plus souple. Pourtant, pour la majorité des acteurs interrogés, la question est plus complexe. Ainsi, pour Robin Nicolas, "cela nous a coûté des mois supplémentaires en recherche et développement mais aussi des finances supplémentaires. Mais cela permet aussi d'éloigner des produits moins fiables." Un constat partagé par Gérald Comtet, avec une nuance : "Attention cependant à ne pas surjouer la réglementation car le risque est ensuite de scléroser le secteur, et de voir les innovations se développer à l'étranger."

Campagne nouvelle formule - Vague 2

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