EmLyon : une nouvelle feuille de route (plus internationale) sous la direction de Guillaume Pépy

Finalement "arrimée" au groupe européen Galileo Global Education, qui a abondé le capital de l'école de 50 millions d'euros, l'EmLyon confirme sa feuille de route axée sur la transformation avec la tenue, cette fin de semaine, de son premier conseil de surveillance sous la direction de son nouveau président, Guillaume Pépy. Une occasion de rappeler son objectif de renouer avec des acquisitions et des partenariats étrangers, qui visent à défendre une plus grande internationalisation de l'école consulaire, quelques semaines après la publication d'un rapport au vitriol de la CRC ayant débouché sur une enquête du parquet concernant son ancienne gouvernance.
(Crédits : DR/EmLyon)

La fin d'année 2022 a été une période mouvementée pour l'EmLyon : entre le rapport critique de la Chambre régionale des Comptes, l'enquête du parquet qui a suivi dans la foulée -toujours en cours-, l'entrée de Galileo Global Education au capital de l'école et finalement la nomination, fin novembre, de Guilaume Pépy (l'ancien pdg de la SNCF) à la tête du conseil de surveillance de l'école de commerce consulaire.

Fondée en 1872 par la CCI de Lyon, l'EmLyon forme chaque année avec ses 172 professeurs près de 9.000 étudiants issus de 125 nationalités sur 6 campus à travers le monde (Lyon-Ecully, Saint-Étienne, Shanghai, Paris, Bhubaneswar et Mumbai).

Ce vendredi, les parties prenantes de l'école ont profité de la tenue du premier conseil de surveillance du groupe, la veille, pour réaffirmer les grandes orientations de l'EmLyon, qui vise toujours à devenir "la meilleure global business university", et à acter des prochaines étapes, tant sur le plan de son déménagement au sein d'un nouveau campus flambant neuf, actuellement en plein travaux dans le quartier de Gerland, que de ces cibles d'investissement.

Un changement de capital acté

Financièrement d'abord, c'est le fonds européen Galileo, qui se décrit lui-même comme un "industriel de la formation" à l'échelle internationale (détenu majoritairement, depuis 2020, par la holding familiale de la famille Bettencourt-Meyers Téthys, et l'office canadien de gestion des pensions CPPIB), qui a abondé récemment le capital de l'école (après une première occasion manquée en 2019, ndlr), avec une enveloppe de 50 millions d'euros.

De quoi doter l'école lyonnaise d'une assise financière plus large, puisqu'elle disposera de près de 100 millions d'euros de trésorerie grâce à cette opération. Une somme qui tranche sur la scène hexagonale, car même si d'autres acteurs comme HEC disposent d'un budget légèrement supérieur à 182,5 millions d'euros, les universités américaines continuent de les dépasser de loin (près de 1,7 milliard de dollars à l'année pour Harvard par exemple).

Cette opération permettra la sortie du fonds Qualium, tandis que la CCI Métropole Saint-Étienne Roanne restera quant à elle actionnaire majoritaire de l'école, même si sa part baisse ainsi de 66% à 51%. Le consortium, composé de Galileo, Bpifrance et BioMérieux détient ainsi 46,5 % du capital (dont 80 % pour Galileo, 18 % pour Bpifrance et 2 % pour BioMérieux), la part restante revenant au personnel.

Et Galileo Global Education, qui est déjà aux commandes de plusieurs établissements français au sein de son portefeuille (la Paris School of Business, la Web School Factory, le cours Florent, l'Atelier de Sèvres et le Strate College spécialisé dans le design) compte bien soutenir le développement international de l'EmLyon, aussi bien à travers la création de nouveaux campus, qu'en matière de rayonnement international afin d'attirer les étudiants étrangers.

Des acquisitions en vue

"Si l'on a augmenté le capital, c'est pour qu'on puisse réaliser des acquisitions. Sur le plan géographique, mais aussi au niveau des contenus", a indiqué Marc-François Mignot Mahon, président de Galileo Global Education, présent à Lyon à cette occasion.

L'école compte actuellement 9.000 étudiants répartis sur six campus tandis que Galileo en dénombre quant à lui 200.000 étudiants, à travers 106 campus (et 15 pays).

Les deux acteurs de la formations regardent notamment en direction de l'Europe et de l'Amérique du Nord, comme en a témoigné le dernier voyage de la CCI de Lyon, et espèrent annoncer une acquisition d'ici un an. Au total, c'est d'ailleurs une enveloppe de 80 millions d'euros qui sera consacrée au déploiement international et aux acquisitions de l'EmLyon, qui s'appuiera également sur le réseau des 53 écoles de Galileo.

Objectif : recruter des étudiants à l'étranger et nouer de nouveaux partenariats. Le premier d'entre eux étant déjà annoncé pour 2024 avec l'Istituto Marangoni.

L'arrivée de Guillaume Pépy, qui marque un pas dans la transformation

Pour Guillaume Pépy, nouveau maître à bord du conseil de surveillance aux côtés de la directrice générale de l'EmLyon, Isabelle Huault (arrivée elle-même l'an dernier en provenance de Paris Dauphine), ce changement représente à la fois "le bon projet avec le bon partenaire. Changer de dimension pour devenir une globale university de référence avec Galileo, c'est symboliquement important", a indiqué le nouveau président.

Face aux critiques pouvant être adressées concernant le statut de l'école consulaire, et à l'ouverture de son capital qui avait été menée, Guillaume Pépy a rappelé d'une part qu'avoir "un champion de l'éducation qui succède à un fonds d'investissement est plus légitime" et permet de "parler la même langue", tout en concédant que "l'EmLyon est une école consulaire, la CCI a parfaitement sa place, et elle remplit une mission d'intérêt général".

Il s'agirait selon lui d'une question de souveraineté : "On ne peut pas prendre le risque que des écoles anglo-saxonnes ou asiatiques deviennent les leaders, alors que la France a inventé le modèle des grandes écoles".

Tout juste nommé fin novembre, l'ancien patron de la SNCF, réalisait ainsi son premier déplacement officiel à Lyon et devrait ensuite se rendre régulièrement, "au moins une fois pas mois sur place", nous précise-t-on en coulisses. Même si l'opérationnel sera laissé à sa directrice générale, il aura la charge de porter la vision de l'école, et de l'emmener un cran plus loin. Avec déjà, des signaux envoyés vers la transdisciplinarité, afin de "dépasser la séparation classique entre les ingénieurs d'un côté, et le business de l'autre, affaiblit la France au lieu de la renforcer".

 Les frais de scolarité vont suivre l'inflation

Au niveau des échéances à venir, l'école attend de pied ferme la livraison de son tout nouveau bâtiment à Gerland, prévue en octobre 2023, pour une rentrée en septembre 2024, où elle quittera ainsi son site actuel d'Écully. Soit un investissement de 114 millions d'euros, entièrement financé sous forme d'emprunt.

Le Plan Confluence 2025 de l'EmLyon, qui prévoyait trois axes de développement (engagement social et environnemental, excellence académique et l'internationalisation en réseau) afin de figurer parmi les 15 premières Global Business Universities en Europe, devrait quant à lui être revu et se transformer en un plan Confluence 2028-2029 qui visera à "poursuivre l'alliance entre le monde public, au service du bien commun, et de l'entreprise privée".

Avec l'arrivée de Galileo, c'est aussi sur le terrain des supports numériques que l'EmLyon compte s'améliorer, et notamment du système informatique les soutenant. Pour Galileo, plusieurs terrains sont à investir comme le "Student Information System", "un enjeu majeur dans les dix ans". Une enveloppe de 15 millions d'euros est ainsi annoncée sur le digital, tandis qu'un investissement global pour le groupe Galileo sera aussi réalisé sur les forces de vente.

"Tout cela n'est pas à la porté d'une seule école et se mutualise", affirme Marc-François Mignot Mahon. "Quand une faculté devient internationale, il faut des systèmes." D'autant plus que le système informatique avait déjà fait partie des points noirs mentionnés au sein du rapport de la CRC, avec le contrat passé avec la société IBM.

Enfin, du côté des frais de scolarité, qui ne devaient pas augmenter selon le plan stratégique de l'école, une hausse est finalement à l'agenda compte-tenu de l'inflation mais restera à déterminer selon son évolution, a confirmé sa direction. Ce taux devrait être défini par le conseil de surveillance de janvier prochain.

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Commentaire 1
à écrit le 04/01/2023 à 19:21
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Comment la CCI fait oublier ses petites manipulations en allant chercher une figure bien médiatique.... Va-t-il remettre l'école sur ses rails ? Lui qui n'a jamais réussi à la SNCF...

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