Réfugiés : le challenge de l'insertion professionnelle

Loin des réactions primaires et parfois irrationnelles, les réfugiés peuvent dynamiser une économie nationale. Avec des moyens d'intégration adéquats, entreprises, personnes réfugiées et globalement, toute la société, sera bénéficiaire d'une intégration réussie. C'est ce challenge que tente de relever l'ONG Action Emploi Réfugiés. Zoom sur cette initiative, en cette journée mondiale des réfugiés.

"Les réfugiés sont perçus parfois comme un fardeau, voire comme des voleurs. Au contraire, l'entreprise qui s'emparerait de cette question aurait tout à gagner, et plus globalement, cela aurait un impact positif pour la société", claque Soraya Addi, chef de projet au sein de l'ONG Action Emploi Réfugiés. En effet, à l'évocation de la "question" des réfugiés, et particulièrement celle de l'intégration de cette population, la dimension économique est rapidement abordée. Alors que des réactions épidermiques et primaires peuvent pointer du doigt les méfaits et le surcoût pour la société qu'ils représenteraient, plusieurs études - de l'OCDE au fond monétaire international - ont mis en avant la "plus-value" que les réfugiés peuvent apporter à une économie nationale. Le FMI, dans un rapport publié en 2016, au lendemain de l'afflux majeur de réfugiés en Allemagne, affirmait : "Les migrants peuvent avoir un effet stimulant sur la population active et un impact positif à long terme sur la croissance et les finances publiques, surtout dans les pays aux populations vieillissantes."

Technologie et mise en relation

Si au niveau macroéconomique l'équation semble pouvoir être positive, pour obtenir des résultats, des barrières sont à lever. "Il faut créer les mécanismes d'intégration professionnelle pour les réfugiés. Oui ces mesures (apprentissages des langues, reconnaissance des compétences et des diplômes, etc.) peuvent être coûteuse à court terme, mais elles sont avantageuses sur le long terme", assure Soraya Addi.

Ces dispositifs relèvent des politiques publiques, qui peuvent prendre du temps à se mettre en place. De façon plus pragmatique, Action Emploi Réfugiés (AERé) - né à Paris et qui essaime à Lyon -, a développé ses propres outils, basés sur trois volets forts : nouvelle technologie, communication, recherche.

L'association lancée en 2016, qui s'inscrit dans ces nouvelles structures qui utilisent la technologie pour résoudre des problèmes humanitaires, veut mettre en relation réfugiés et entreprises. Réseaux sociaux, Facebook, plateforme numérique : autant de canaux privilégiés par l'organisation. Mais la première priorité est la notion d'information, aussi bien du côté des réfugiés que des employeurs. "Beaucoup ne savent pas qu'une personne, qui a officiellement fait une demande d'asile, peut travailler", assure la jeune responsable. D'abord exclusivement possible via un groupe Facebook, le processus de mise en relation a évolué. En juin 2016, une nouvelle plateforme numérique a été développée."100 recruteurs sont inscrits, et plus de 800 CVs de réfugiés sont déposés", poursuit Soraya Addi. En 2016, selon AERé,150 réfugiés, en lien avec leur structure, ont trouvé un travail. Des contrats de tout type, de l'intérim au CDI, essentiellement dans le secteur des services à la personne. "Nous nous focalisons sur les métiers en tension", assure-t-ellerappelant qu'entre "190 000 emplois et 450 000 emplois" ne seraient pas pourvus en France.

"Un moyen de se reconstruire"

"Ne pas travailler, ça les tue. C'est pour eux le moyen idéal de s'intégrer et de se reconstruire", poursuit Soraya Addi. Ainsi, ces Syriens, Afghans, etc. sont prêts - mais aussi par nécessité car tous les diplômes ne sont pas convertissables en France - a occuper des emplois en dessous de leur formation ou expérience initiale. "Ce déclassement professionnel est 'stratégique'. Il leur permet de s'imprégner de la culture locale, d'améliorer leur connaissance dans la langue. Ils occupent des 'métiers tremplins' pour ensuite rebondir vers des activités plus en adéquation avec leur histoire, quand c'est possible", avise Soraya Addi.

Car selon, elle, une fois les freins de la langue et ceux de l'appréhension levés, les compétences des réfugiés peuvent être une opportunité pour les entreprises. "Sur 100 CV tirés au sort, plus de 50 % sont des Bac + 3, et trois sur quatre présentent une expérience professionnelle supérieure à 3 ans. Nous travaillons à la valorisation de leur compétence". Et d'ajouter : "humainement, ils sont fantastiques. Une personne qui quitte son pays a une détermination incroyable. C'est un argument fort."

Du côté du monde économique, l'association souligne "une prise de conscience", illustrée par le soutien de la Fondation Groupe Adecco à leur projet. Mais les entreprises, en règle générale, se montrent encore "frileuses", et "certaines cherchent encore trop souvent le mouton à cinq pattes", relativise-t-elle.

Quels que soient les possibilités, "le travail, c'est la dignité; le premier pas vers une intégration réussie", affirme-t-elle.

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