Cocorifeu, mascotte symbole de la revanche d’une filière française de la peluche décimée ?

Après la polémique sur les mascottes « Phryges » des JO 2024 majoritairement fabriquées en Asie, l’association Origine France Garantie a organisé une contre-offensive. Elle vient de présenter au salon du Made in France à Lyon « Cocorifeu », une peluche 100% française sur laquelle intervient notamment le Drômois 1083 avec son jean recyclé. Les premiers exemplaires de « Cocorifeu » sont produits dans le Puy-de-Dôme par la jeune société Thiers Entreprise.
Une campagne de financement participatif Ulule a été lancée la semaine. dernière.
Une campagne de financement participatif Ulule a été lancée la semaine. dernière. (Crédits : Origine France Garantie)

Elle a été présentée officiellement à l'occasion du salon du Made in France, le week-end du 8 mai à Lyon, par son instigatrice l'association Origine France Garantie fondée il y a 10 ans par Yves Jego. La mascotte « Cocorifeu », 100% fabriquée en France, se veut le symbole de la renaissance industrielle française. De l'industrie française en général, de l'industrie de la peluche plus particulièrement. Elle se veut la preuve par l'exemple que l'industrie textile française est capable, - même si cette compétence spécifique de la peluche a été décimée depuis plus de 30 ans par des délocalisations en Asie-, de produire des peluches sur le territoire.

Des mascottes françaises pour les prochains JO ?

L'initiative est née, à l'automne dernier, en réaction à la polémique suscitée par la commande du comité d'organisation des JO 2024 de plus de 2 millions de mascottes « Phryges ». Un contrat certes signé avec deux entreprises françaises, Gipsy en Normandie et Doudou et Compagnie en Bretagne (les deux seules à avoir répondu à l'appel d'offres), mais qui se concrétise en réalité par une fabrication essentiellement réalisée en Asie. Gipsy sous-traite en effet l'ensemble de ses mascottes olympiques à des prestataires asiatiques, Doudou et Compagnie avait quant à elle annoncé qu'elle en fabriquerait seulement 20% dans son usine bretonne. Ce qui laissait présager que moins de 10% du total des mascottes des JO 2024 seraient produits en France. Ce sera finalement un peu plus car Doudou et Compagnie a revu significativement à la hausse sa production française mais il n'en reste pas moins que l'essentiel des Phryges qui seront vendues dans les boutiques officielles à l'occasion des prochains Jeux Olympiques ne seront pas confectionnés par des salariés français.

« Nous avons pris acte qu'il était complexe, dans l'état actuel des choses, de produire deux millions de mascottes en France. Il ne s'agit plus de polémiquer. En revanche, nous avons décidé qu'il fallait tirer une leçon de ce constat, prendre notre destin industriel en main. Nous souhaitions envoyer des signaux positifs et montrer que nous serons capables, à l'avenir, de produire des mascottes pour les futurs JO en prenant notre part à la reconstruction de la filière », explique le président d'Origine France Garantie (3.200 gammes de produits certifiées comme contenant 50% de leur prix de revient fabriqué en France), Gilles Attaf.

Un prototype avant la production en série fin mai

En quelques mois, Origine France Garantie a ainsi mené la contre-offensive en démontrant la possibilité de produire une mascotte en France.  Elle s'est appuyée sur l'agence de design parisienne Calypso, puis sur la plateforme de sourcing « La Source française ». Plusieurs industriels participent à l'initiative : PEG et Infinity Groupe pour la polaire, Traille (Pays Basque) pour la laine recyclée, le Drômois 1083 pour la fourniture de jean français recyclé et l'Auvergnat Thiers Entreprise pour la confection.  « Thiers Entreprise nous a permis de faire le kit de fabrication. Lorsque les volumes augmenteront, nous ferons appel à d'autres ateliers. L'idée est bien de faire grandir toute une filière », poursuit Gilles Attaf.

Des préventes ont été lancées, la semaine dernière, sur la plateforme de financement participatif Ulule. Avec un objectif modeste de 100 mascottes pré-achetées dans un premier temps, déjà atteint à 200% en quelques jours.

Mais l'essentiel du potentiel de la mascotte Cocorifeu résidera en réalité dans le B2B. L'achat de plus d'un millier de peluches a déjà été validé par divers partenaires, promoteurs du made in France.

« Nous serons aussi appuyés par des parcs d'attraction qui nous ont contactés dès qu'ils ont entendu parler de notre démarche. Ils ont tous des mascottes mais elles sont produites en Asie ».

Ce qui promet des volumes de commandes plutôt importants. De quoi redonner confiance à des industriels de la peluche, qui se comptent aujourd'hui en France sur les doigts d'une seule main.

Sans compter que cette mascotte deviendra l'emblème de l'association, qu'elle distribuera à ses partenaires dans les prochaines années. Le graphisme de la mascotte sera par ailleurs décliné sur des T-shirts qui seront produits par le Maillot Français à Perpignan.

Thiers Entreprise, nouvel industriel de la peluche

La production de mascottes, par Thiers Entreprise, débutera à la fin du mois de mai dès la clôture de l'opération Ulule. Pour la petite société auvergnate Thiers Entreprise, ces commandes de peluches viennent renforcer sa stratégie de développement. Jeune entreprise créée il y a 18 mois par l'entrepreneur thiernois David Jakubowski dans le cadre de l'expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée », elle emploie actuellement 48 salariés (chiffre d'affaires non communiqué), 62 à la fin du mois. Tous issus d'un parcours de chômage de longue durée.

Thiers Entreprise est positionnée sur plusieurs secteurs d'activité : la peluche donc, mais aussi les vêtements sportifs adaptés aux personnes handicapées et le démantèlement d'huisseries. Elle affiche déjà dans ses clients « peluche » des clubs de Ligue 1 et du top 14 de rugby. « Cocorifeu est un vecteur d'image très important pour nous. Cette mascotte ne représente pas un gros volume de production actuellement mais elle est un des points qui nous pousse à accélérer nos cadences », confie Yoann Roche, le directeur général de Thiers entreprise.

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