L'isérois UnitySC lève 48 millions pour devenir leader sur le marché de l’inspection des puces

Son activité était jusqu’ici peu connue pour le grand public, mais il se positionne sur une étape clé pour le secteur des semiconducteurs : la fourniture d’équipements d’inspection et de contrôle des plaquettes de puces, à destination des grands industriels du secteur. Boosté par la demande présente sur les marchés, le grenoblois Unity Semiconductor (UnitySC) vient de boucler une levée de 48 millions d'euros auprès des fonds Jolt Capital, Supernova Invest et French Tech Souveraineté géré par Bpifrance. Objectif : accroître son leadership sur un marché mondial en pleine croissance.
Avec de grands noms de l'industrie dans son portefeuille (TSMC, Infineon, IBM, Soitec, HP... ), le grenoblois UnitySC venait tout juste de passer un cap décisif puisqu'il vend désormais des équipements non plus seulement à des visées de R&D, mais aussi à des clients qui ambitionnent de déployer ses machines directement sur leurs lignes de production.
Avec de grands noms de l'industrie dans son portefeuille (TSMC, Infineon, IBM, Soitec, HP... ), le grenoblois UnitySC venait tout juste de passer un cap décisif puisqu'il vend désormais des équipements non plus seulement à des visées de R&D, mais aussi à des clients qui ambitionnent de déployer ses machines directement sur leurs lignes de production. (Crédits : DR/Pierre Jayet)

Nichée au cœur du bassin grenoblois de la microélectronique depuis sa création en 2016, Unity Semiconductor (UnitySC) s'était déjà retrouvée à faire une première fois les manchettes de l'actualité en novembre 2021, alors qu'un fonds d'investissement chinois Wise Road Capital était candidat à son rachat. Une rumeur qui avait ensuite été démentie par Patrick Leteurtre, pdg du groupe de métrologie nîmois Fogale Nanotech, la maison-mère d'UnitySC.

Cette fois, c'est une enveloppe XXL qu'a récolté le fabricant grenoblois aux 150 brevets actifs pour sa première grande levée de fonds : UnitySC vient en effet de réunir 48 millions d'euros auprès du fonds français Jolt Capital, spécialisé dans le secteur de la deeptech européenne et déjà présent au capital (24%), mais aussi de Supernova Invest et du fonds French Tech Souveraineté, géré par Bpifrance.

Une manière d'associer ainsi l'Etat aux commandes, puisque ce dernier fonds est en réalité un programme piloté par le Secrétariat Général pour l'Investissement (SGPI) placé sous gestion de Bpifrance, mais aussi plus largement, de faire rentrer de nouveaux partenaires. Ils rejoindront ainsi l'actionnaire majoritaire et maison-mère du groupe, Fogale Nanotech, une spin-off nimoise du CEA et de l'ONERA, créée en 1983 dans le but de valoriser des recherches sur la technologie de mesure capacitive, qui détient en effet 76% du capital, aux côtés du fonds Jolt.

« Ces nouvelles ressources financières vont permettre d'étendre et d'accélérer la croissance de UnitySC, notamment dans les domaines du fonds de roulement, des programmes de R&D, de nouvelles filiales en Chine et en Corée du sud, des capacités industrielles ou d'un laboratoire de démonstration en Asie », affiche le groupe.

Ces 48 millions devraient en effet permettre à UnitySC d'accroître son leadership sur le marché en croissance des équipements de mesure et de tests des semiconducteurs, qui devrait passer, selon les prévisions actuelles, la barre des 5 milliards d'euros en 2024.

Mesurer les défauts à chaque étape du process de fabrication

Car dans un contexte de montée en production de l'ensemble de l'industrie afin de répondre à la forte demande, « tirée par la croissance de l'automobile, de l'internet des objets et des équipements de communication », la mesure des caractéristiques et de l'inspection des défauts, réalisée à chaque étape du process de fabrication, est devenue de plus en plus critique pour les industriels du secteur.

Et cela, « dans le but d'assurer des taux de mise au rebut minimaux et d'offrir des rendements performants », précise UnitySC, pour des composants entrant ensuite dans la conception des véhicules électriques ou des infrastructures 5G notamment.

Le grenoblois avance d'ailleurs ses pions depuis plusieurs années sur un débouché plus particulier : celui des boîtiers avancés contenant les circuits électroniques, notamment les empilements tridimensionnels (3DIC), qui constituent l'un des principaux vecteurs de performance.

« Leur fabrication peut exiger jusqu'à un millier d'étapes élémentaires, chacune sujette à de possibles défauts. L'effet composé d'imperfections en cascade peut conduire à une chute importante des rendements. Les équipements de contrôle qualité de UnitySC permettent de s'en prémunir, tout en réduisant les coûts et la consommation d'énergie », précise la société.

UnitySC a déjà installé des centaines de ses équipements à travers le monde (d'une valeur comprise entre 500.000 et 2 millions d'euros) et revendique une position de leader dans le domaine de la métrologie des circuits intégrés tridimensionnels (3DIC). « Nous travaillons avec les plus grands noms de l'industrie comme TSMC, Infineon, IBM, Soitec, HP... », indique  à la Tribune Eloi Delorme, CFO d'UnitySC.

C'est d'ailleurs en se spécialisant à la fois sur les équipements nécessaires à la miniaturisation des puces (Loi de Moore), aussi plus largement à la qualification de nouveaux matériaux et équipements que le grenoblois a su placer ses pions face à la concurrence sur ce marché.

Un cap décisif pour l'intégration de ses équipements sur les lignes de production

Avec un siège implanté en plein cœur de la « Silicon valley » grenobloise et des filiales déjà présentes à l'international (en Allemagne, mais aussi à Singapour, Taiwan, en Corée du sud, Chine et Etats-Unis), elle venait tout juste de passer un cap décisif au cours des deux dernières années, puisqu'elle vend désormais des équipements non plus seulement à des visées de R&D, mais aussi à des clients qui ambitionnent de déployer ses machines directement sur leurs lignes de production.

« Avec un doublement attendu du revenu entre 2021 et 2022, UnitySC croît trois fois plus vite que le marché global des équipements pour l'industrie des semiconducteurs. Les pré-commandes de matériels sont également en hausse significative », affiche la société grenobloise, qui a vu son chiffre d'affaires grimper de 70% au cours des deux dernières années.

Une étape d'autant plus importante, qu'il lui faudra compléter ses besoins en fonds de roulement, qui ont eux aussi flambé avec la hausse des coûts des matières premières, consécutive à la guerre en Ukraine.

« Nous rencontrons, comme l'ensemble des acteurs du secteur, des difficultés d'approvisionnement, c'est pourquoi il nous faut désormais ouvrir de nouvelles filières d'approvisionnements avec de nouveaux partenaires, tout en passant des commandes de manière anticipée, comme nous venons de le faire, afin de pouvoir livrer nos clients cette année », précise son CFO Eloi Delorme, qui observe que la tension reste actuellement présente, non seulement vis-à-vis des fournisseurs asiatiques, mais aussi européens ou américains.

Tandis que l'assemblage de ses équipements est réalisé sur son site de Montbonnot (Isère), l'Asie représente toutefois son principal marché (près de 70 % des ventes), le grenoblois souhaite également profiter de cette nouvelle enveloppe de 48 millions d'euros pour y ouvrir un laboratoire de démonstration, où ses clients pourront se rendre en vue de réaliser des essais pour tester la performance de ses machines, ainsi qu'une filiale en Chine puis en Corée du Sud, afin de renforcer ses équipes et forces commerciales.

La jeune pousse, qui emploie déjà 150 collaborateurs à l'échelle mondiale (dont 110 en Isère près de Grenoble) pour un chiffre d'affaires "d'une dizaine de millions d'euros" se prépare également à recruter au moins une cinquantaine de personnes, pour moitié au sein de l'Hexagone.

Elle s'était déjà constituée, à son origine, avec l'acquisition des équipes d'Altatech auprès de l'isérois Soitec, puis de la société allemande HSEB en 2018.

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Commentaire 1
à écrit le 01/06/2022 à 17:34
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Grenoble reste encore une capitale de l'électronique avec Rennes et nice6 Sophia antipolis. Pour Angers. C'est un passé trépassé ,on avait frôlé les 6000 emplois.

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