Kem One : une reprise du travail actée, sans avancée supplémentaire sur les sites du fabricant de PVC

À l'issue d'une dizaine de jours de grève menés, à l'appel de la CGT, à la suite de l'échec des négociations annuelles salariales, les salariés du n°2 européen de la fabrication de PVC Kem One ont repris finalement le travail, juste avant la fin de l'ultimatum apposé par leur direction au sein des négociations. Sans toutefois obtenir de nouvelles avancées sur leur revendications, ce qui signifie que ce sera donc le proposition négociée, en amont, avec l'ensemble des organisations syndicales, qui sera appliquée.
(Crédits : DR/JulienRambaud)

Ils ont repris le travail après 13 journées de grève, qui paralysaient jusqu'ici ainsi 4 des 5 sites de production du n°2 européen du PVC.

Les salariés du groupe lyonnais Kem One, qui avaient répondu à un appel à la grève de la CGT, premier syndicat de l'organisation, suite à l'échec des négociations annuelles salariales obligatoires (NAO), ont finalement abandonné le mouvement de grève.

"La reprise du travail a été actée, mais sans aucune autre avancée supplémentaire que ce qui avait déjà été proposé par la direction", glisse un représentant syndical CFDT, qui rappelle que deux des quatre organisations syndicales (CFDT et FO) avaient déjà accepté  fin janvier et sans amendement cette proposition, tandis que la CFE-CGC demandait des précisions sur leur répartition, d'un point de vue individuel. Seule la CGT avait choisi d'appeler à la grève.

La direction, qui avait elle-même posé un ultimatum aux grévistes, en indiquant que sa dernière proposition serait revue ensuite à la baisse à compter du mercredi 9 février, confirme que le mouvement a pris fin mercredi 9 février.

"Les salariés grévistes ont décidé de reprendre le travail et la direction a maintenu sa proposition salariale initiale, du 27 janvier, avec un budget global d'augmentation des salaires de plus de 4%", confirme le groupe Kem One.

Quatre sites sur cinq bloqués durant près de deux semaines

Durant 13 journées amorcées à compter du 26 janvier dernier, le mouvement de grève aurait été suivi par près de 15% des effectifs selon les estimations de la direction, avec cependant, un fort impact sur quatre des cinq principaux sites de production du chimiste.

Ses usines de Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence), Saint-Fons (Rhône), Fos-sur-mer et Lavera (Bouches-du-Rhône), avaient en effet été placées de fait à l'arrêt, et seul le site de Balan (Ain), n'avait pas été bloqué.

A tel point que le groupe n'hésitait à évoquer une situation particulièrement complexe sur le terrain des approvisionnements à ses clients, avec "plusieurs dizaines de milliers d'euros perdus", ce qui est toujours le cas à ce jour, sans plus de détails à ce stade.

"Certains clients se retrouvent en ce moment contraints de fermer leurs usines car ils ne sont plus approvisionnés en PVC, tandis que d'autres doivent tenter de se tourner vers d'autres fournisseurs. Nous rencontrons également des difficultés sur la fournitures d'autres produits que nous vendons, comme la soude et le chlore, qui sont notamment utilisés dans le traitement de l'eau", affirmait la semaine dernière le groupe Kem One.

Désormais, la situation tend à revenir à la normale sur l'ensemble des sites, avec une reprise d'activité qui se fait de manière progressive. "La montée en volume de la production prend nécessairement un peu de temps, nous allons retrouver les niveaux de production habituels progressivement", estime le représentant CFDT, qui glisse cependant que pour le site de Balan (Ain), seul à ne pas avoir stoppé sa production, le manque d'approvisionnements en gaz durant deux semaines pourrait encore se traduire par des ralentissements.

Du côté de la direction, on confirme que l'activité de l'ensemble des sites a repris, sans pourvoir communiquer à ce stade sur les niveaux retrouvés.

L'origine d'un mouvement de grève impulsé par la CGT

Le mouvement de grève avait démarré lors des dernières négociations annuelles obligatoires sur les salaires (NAO), où la publication des derniers résultats annuels du groupe, jugés "mirobolants" par la CGT, avait mis le feu aux poudre. Ils comprenaient notamment un chiffre d'affaires atteignant le milliard d'euros, mais surtout, un résultat net passé de 6 millions en 2020 à 193 millions en 2021.

La direction générale avait notamment proposé une enveloppe qu'elle qualifiait de "haut niveau" à ses salariés, comprenant notamment "plus de 4 % d'augmentation globale" ainsi qu'un minimum d'augmentation mensuelle de 80 euros, tandis que la CGT demandait d'abord un minimum de 150 euros, avant de descendre à 100 euros.

"Nous sommes partis en grève et à 20 euros d'écart, ils évitaient le conflit", résumait alors le délégué central CGT Didier Chaix.

Même si l'appel à la grève n'avait pas été suivi par les trois autres syndicats de l'organisation (CFDT, FO, CFE-CGC), le second point d'achoppement de ces discussions avait été la prise en compte du package salarial proposé en 2021, et qui comprenait, selon la direction, à la fois "des niveaux de participation et d'intéressements qui atteignent cette année les plafonds légaux", ainsi qu'une autre promesse, en passe d'être traduite en actes, cette fois par l'ancien actionnaire de Kem One, l'industriel Alain de Krassny.

Lors de sa reprise il y a huit ans à la barre du tribunal de commerce de Lyon, l'industriel avait en effet promis de redistribuer aux salariés 10% de sa plus-value le jour, où il revendrait l'entreprise. Et ce jour est arrivé en décembre 2021, avec la revente du fabricant de PVC au fonds américain Apollo management capital.

Une somme estimée à 700 millions d'euros, et dont les 10% promis aux salariés reviendraient ainsi à 27.000 euros nets pour les salariés présents depuis 2014, puis, selon un calcul effectué au prorata à l'égard des salariés plus récents.

Reste que pour la CGT, cet "héritage" n'avait "rien à voir avec les salaires" alors que la direction rappelait pour sa part :

"Ces résultats 2021 sont le fruit d'une année exceptionnelle et c'est pourquoi les primes d'intéressement et le dispositif de participation existent, afin de partager les richesses sans hypothéquer pour autant l'avenir", argumentait le directeur général, Frédéric Chalmin.

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