Du camping au logement transitoire nouvelle génération, les promesses des "tiny houses" d'Hekipia

Dans le Beaujolais rhodanien, la PME Hekipia surfe sur la tendance des "tiny houses", en ayant réussi à adapter son process industriel de fabrication de chalets de camping à la production de ces mini-maisons, utilisées comme des extensions ou des hébergements transitoires. Un marché qui connaît un regain d'intérêt chez les particuliers, jusqu'à cibler aussi désormais de nouveaux usages, comme la fourniture de logements à destination des plus précaires.
Après avoir collaboré avec l'association Habitat et Humanisme, Hekipia a fabriqué 17 micro-maisons qui ont donné lieu à l'installation d'un village à Villeurbanne en trois mois seulement, permettant de loger des familles, sous l'impulsion du Grand Lyon. Un débouché supplémentaire pour le marché des tiny houses, en pleine expansion.
Après avoir collaboré avec l'association Habitat et Humanisme, Hekipia a fabriqué 17 micro-maisons qui ont donné lieu à l'installation d'un "village" à Villeurbanne en trois mois seulement, permettant de loger des familles, sous l'impulsion du Grand Lyon. Un débouché supplémentaire pour le marché des tiny houses, en pleine expansion. (Crédits : Hekipia)

Ce sont des petites maisons par leur taille, mais grandes par leurs ambitions ainsi que par l'attrait qu'elles suscitent. Depuis la crise sanitaire, les aspirations des Français sont tournées vers l'amélioration de leur intérieur et de leurs logements, les conduisant à étudier de nouvelles solutions d'aménagement.

Et le segment des "tiny houses", ces micro-maisons de 15 à 20 m2 maximum, apparues aux Etats-Unis aux lendemains de la crise financière de 2008, reviennent désormais sur le devant de la scène et s'inscrivent désormais comme une tendance en France. On en compterait déjà près d'un demi-millier à l'échelle de l'Hexagone fin 2020, et le marché français compterait déjà une vingtaine de constructeurs, dont des menuisiers ou charpentiers mais aussi des architectes ou designers, reconvertis aux atouts de ce nouveaux modèle d'hébergement.

En région lyonnaise, c'est le fabricant Hekipia, une filiale du groupe d'Huttopia conduite elle aussi par l'entrepreneur Olivier Bossanne, qui s'est lancée sur ce segment. Et cela ne date pas d'hier puisque dès 2015, Hekipia avait repris Gitotel, un fabricant de longue date de bungalows pour le marché des campings. Celui-ci vivait alors un creux, ses ventes étant passées de 1.500 à 70 chalets par saison.

Mais désormais, Gitotel, dont la production a déménagé dans une petite commune du Beaujolais rhodanien à Chessy, emploie ainsi 40 personnes (contre 7 en 2015), avec une usine de 9.000 mètres carrés et un chiffre d'affaires annuel de 20,6 millions d'euros enregistré en 2019. La production a d'ailleurs bondi, et s'affichait à 700 chalets en 2019, et même désormais 1.000 unités projetées cette année.

Un rebond alimenté par un nouveau positionnement

Pour expliquer un tel rebond, il faut revenir à la reprise de Gitotel par Hekipia, quand Olivier Bossanne a choisi de réhausser la qualité des chalets, en privilégiant l'utilisation du bois pour ses "tiny houses", destinées à l'origine au marché des campings, avec des consommateurs qui semblent sensibles à cette nouvelle offre, "plus nature". Et en lien direct avec les activités de la principale entreprise d'Olivier Bossanne, Huttopia, spécialisée dans l'aménagement et l'exploitation de campings et de villages forestiers et pour laquelle Hekipia produit des chalets.

Reste qu'en mars 2020, comme pour une large part de l'économie française, tout s'arrête. « On ne savait pas quand les campings allaient rouvrir », se rappelle Olivier Bossanne. La production de l'entreprise est à l'arrêt... mais des initiatives voient le jour avec notamment, l'ouverture à d'autres segments de clientèle, à commencer par celui des particuliers.

« Nous avons réfléchi au marché des particuliers, en créant un module de "tiny house" plus simple à monter », explique Olivier Bossanne.

Suite à la crise sanitaire, Hekipia a donc lancé un site internet dédié aux particuliers ainsi qu'un nouveau modèle de chalet-roulotte, livré toute équipé et conforme à la norme RT2012, afin de répondre à la demande florissante d'extensions de maison pour les télétravailleurs. Ou simplement, pour offrir davantage d'espace dans le monde qui a connu les confinements successifs.

Vers l'hébergement transitoire

Des initiatives qui deviennent aussi remarquées par le monde économique et social lyonnais. L'association Habitat et Humanisme ainsi que la Fondation Mérieux recherchaient alors des solutions pour héberger des personnes en difficulté.

« Ils avaient besoin d'hébergements pouvant accueillir sept femmes avec leurs enfants, qu'ils pourraient ensuite installer sur un terrain de la Fondation Mérieux », pointe Olivier Bossanne. À l'automne 2020, Hekipia livre alors sept micro-maisons, installées sur ce terrain à Tassin-la-Demi-Lune.

La Métropole de Lyon s'est elle aussi intéressée au concept de ces maisons posées au sol sur une dalle de béton, qui peuvent être implantées temporairement sur un terrain. Après avoir trouvé un terrain à Villeurbanne -qui n'était autre que le parking d'une usine désaffectée-, elle confie à Hekipia la fabrication de 17 micro-maisons. En trois mois seulement, un mini-village naît, où 17 familles seront hébergées dans ces tiny houses.

Pour les collectivités locales, l'intérêt est double. Pour le prix d'une année d'hébergement d'urgence en hôtel, soit 25 à 30.000 euros, la collectivité peut acquérir une micro-maison qu'elle pourra utiliser durant 15 à 20 ans. De plus, contrairement à une chambre d'hôtel, la micro-maison permet de cuisiner pour soi, d'avoir un terrain où les enfants peuvent jouer. « On propose un habitat digne de ce nom, qui permet de se reconstruire », souligne Olivier Bossanne.

Hekipia compte désormais bien s'engager dans ce concept d'hébergements. L'entreprise vient de recruter un responsable national chargé de développer spécifiquement ce débouché.

D'autres professionnels de la construction bois ont tenté de suivre un cheminement comparable à celui d'Hekipia, du charpentier resté sans chantier lors des confinements à d'autres précurseurs des tiny houses.

Mais tous ne s'imposeront pas sur le marché, pronostique Olivier Bossanne, qui met en avant la capacité à industrialiser le process, au risque de proposer des tarifs dissuasifs, sinon. « La clé c'est l'industrialisation : on ne peut pas sortir des tiny houses à prix acceptables si on est trop petit, dit-il. Il faut un ERP, une usine, maîtriser la fabrication en acier, en bois, en aluminium... C'est une importante barrière à l'entrée. »

Bien entendu, il reste la possibilité de sous-traiter. « Mais cela veut dire qu'on a le bureau d'études capable d'organiser la sous-traitance », pointe Olivier Bossanne, qui peut s'appuyer sur le bureau d'études interne composé de cinq personnes. « Un chalet est élaboré en assemblant 1.200 composants, précise-t-il. Tout doit être pensé pour être simple à monter, rapide et pas cher. »

* Huttopia et Hekipia n'ont aucun lien capitalistique. Olivier Bossanne est administrateur chez Huttopia.

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