Accusée de "vider la baignoire, Volvic investit 6 millions sur son site d’embouteillage

Volvic investit 6 millions d’euros sur une nouvelle ligne pour produire deux nouvelles gammes de boissons en brique, devenant ainsi la première marque d’eau minérale naturelle en France à opter pour ce format. Mais la filiale de Danone, sous le feu des critiques depuis une enquête concernant son impact sur la biodiversité et l'assèchement des cours d'eau, doit en même temps convaincre et montrer patte blanche si elle souhaite poursuivre son activité, face à la grogne des riverains.
En parallèle à cet investissement massif pour la production de ce nouvel emballage plus écoresponsable en carton, qui ne concernera toutefois que les nouvelles gammes de boissons aromatisées, Volvic veut continuer d'augmenter le taux de PET recyclé pour que d'ici à 2025 soient fabriquées à 100 % en matières recyclées.
En parallèle à cet investissement massif pour la production de ce nouvel emballage plus écoresponsable en carton, qui ne concernera toutefois que les nouvelles gammes de boissons aromatisées, Volvic veut continuer d'augmenter le taux de PET recyclé pour que d'ici à 2025 soient fabriquées à 100 % en matières recyclées. (Crédits : DR)

Avis de tempête aux sources de Volvic. Dans une enquête publiée le 21 mai dernier, l'Agence France Presse (AFP), dénonçait la gestion des eaux de Volvic (Puy-de-Dôme) par la société Danone, également propriétaire de la marque éponyme bâtie sur cette source, qui s'est créée à la suite d'une éruption volcanique il y a 13.500 ans. Cette enquête relayait notamment les propos de riverains qui constatent, d'années en années, un assèchement des ruisseaux et des nappes entourant la source où puise le groupe pour alimenter son site d'embouteillage.

Selon l'AFP, un rapport commandé par le groupe Danone démontrerait en effet "une relation souterraine entre les forages exploités pour l'eau de Volvic et la source Gargouilloux", mais il n'aura finalement pas été rendu public. Malgré cela, l'affaire n'est pas simple puisque c'est aujourd'hui l'Etat qui a la responsabilité de gérer les droits de prélèvements accordés à Volvic, par voie d'arrêté préfectoral.

Or, l'enquête révélait aussi que le volume puisé (maximal de 2,79 millions de mètres cube par an) reste inférieur à ce qu'a effectivement prélevé la multinationale, soit 2,33 millions de mètres cubes en 2020. Même si cela représenterait déjà près d'un quart des usages de l'eau sur ce territoire.

Résultat ? Alors que Antoine Portmann, directeur général Danone Eaux France, a déjà précisé que la préservation de l'eau était également de "la responsabilité de tous", la directrice ressources en eaux de Danone Eaux France, Cathy Le Hec, rappelait quant à elle que la marque "a toujours prélevé moins" que les quotas prévus, et pris des engagements pour réduire ses prélèvements, à travers une optimisation de ses méthodes de captage et d'embouteillage en particulier.

"Nous avons investi 25 millions d'euros depuis 2017 sur notre site d'embouteillage pour améliorer nos modes opératoires et nos installations, confirme à La Tribune Jérôme Gros, directeur du site Volvic. Grâce à la mise en place de plans d'actions tout au long du procédé d'embouteillage, notamment l'installation de nouvelles lignes moins consommatrices en eaux, nous avons réduit nos prélèvements d'eau de -14 % en 2020, en comparaison de 2017. Tout cela pour des niveaux de ventes stables".

Pour aller plus loin, le site de Volvic a récemment mis en place un système pilote de traitement et de recyclage des eaux usées au sein du site d'embouteillage.

L'objectif est de créer une boucle fermée en traitant, sécurisant et réutilisant l'eau issue du site de production, pour d'autres usages internes, comme par exemple le nettoyage des lignes.

L'expérimentation devrait se poursuivre pendant six mois afin d'évaluer le potentiel de cette solution, dont l'ambition serait de réduire encore de près de 20 % la quantité d'eau nécessaire à la production d'un litre d'eau minérale.

A terme, si ce pilote visant au recyclage des eaux usées fonctionne, un investissement supplémentaire de plusieurs millions d'euros pourrait être réalisé pour déployer ce projet à l'échelle du site.

Conjuguer gestion durable de la ressource et emballages "verts"

Sans compter que la marque venait d'annoncer un autre investissement de 6 millions d'euros visant cette fois à accélérer sa transition écologique, cette fois sur le terrain des d'emballages renouvelables. Avec en même temps, un nouveau concept commercial à la clé :

Car après avoir été la première à se lancer dans des grands formats en 100% rPET avec sa bonbonne 8L, Volvic poursuit sa démarche et veut désormais proposer une alternative au plastique à usage unique, en investissant dans un nouveau format : la brique en carton.

« Cet investissement significatif reflète notre engagement pour proposer des emballages plus vertueux et plus durables. Avec pour ambition de supprimer d'ici à 2025 l'utilisation de plastique vierge, nous sommes convaincus qu'il existe plusieurs solutions pour y répondre telles que le plastique recyclé bien sûr, et aujourd'hui le carton ! », annonce Jérôme Gros.

Le filiale du groupe Danone, qui a enregistré un chiffre d'affaires de 473,9 millions d'euros en 2020 pour 900 salariés, ambitionne ainsi d'atteindre un volume de 4,3 millions de briques de ce type produites et ce,  dès 2021.

Celles-ci seront fabriquées notamment au sein des deux usines du groupe situées à Volvic, qui comprennent déjà 15 de lignes de production. Ces nouveaux formats viendront compléter ainsi les les six grandes gammes d'eau de Volvic, qui représentaient déjà 1,63 milliards de litres produits en 2020, dont 96% des ventes sont réalisées en Europe.

De nouveaux usages des Français

Car en parallèle à son aspect plus "durable", la brique en carton aurait un autre atout dans son sac à faire valoir aux yeux de la marque : être particulièrement compatible avec les nouveaux usages de consommation des Français.

"Son format est bien adapté à une consommation nomade et préserve parfaitement les caractéristiques des boissons Volvic. Ce nouvel emballage est recyclable tandis que le carton est issu de forêts gérées de manière responsable ainsi que d'autres sources contrôlées", annonce la marque, qui précise qu'en France, près de 80 % des références Volvic étaient déjà composées entièrement à partir de matières recyclées.

Pour le produire, Volvic travaillera d'ailleurs avec le spécialiste des emballages aseptisés pour l'industrie alimentaire, SIG Combibloc :

« Proposer de nouveaux emballages pour réduire l'utilisation de plastique vierge est un vrai défi que Volvic s'est lancé, expliqueJosé Matthijsse, présidente-directrice générale Europe de SIG Combibloc. Nous sommes fiers de pouvoir les accompagner dans cette direction, avec nos emballages carton. Ils constituent un choix durable, à faible émission de carbone, fabriqué à partir de carton issu de sources renouvelables, gérées de manière responsable et certifiées par Forest Stewardship CouncilTM ».

L'échéance de 2025

Ce virage vers les briques de carton de Volvic ne concernera cependant que les nouvelles gammes de boissons aromatisées à destination des enfants et des jeunes actifs. Les eaux minérales, les eaux aromatisées, infusions et thés continueront pour l'heure d'être livrés en bouteilles plastiques.

« Inventer les emballages de demain est une priorité pour nous. Nous ne souhaitons pas sortir du plastique, mais bien continuer d'augmenter le taux de PET recyclé pour que d'ici à 2025 soient fabriquées à 100 % en matières recyclées », précise Antoine Portmann, directeur général de Danone eaux France. Car selon lui, le carton est adapté à l'école par exemple, mais le PET est un matériau qui assure la préservation des qualités intrinsèques de l'eau minérale, en particulier sa pureté originelle.

« Aujourd'hui nous avons beaucoup travaillé pour utiliser la plus juste quantité de plastique. Entre 2014 et 2020, le poids des bouteilles d'eau minérale a chuté de 8 % et celui des boissons de 12 %. Le plastique recyclé est ensuite 100 % recyclable », argumente-t-il.

Le groupe Danone revendique une longueur d'avance sur ses concurrents en la matière, en affirmant que 100 % des petits formats d'eau minérale Evian et Volvic sont d'ailleurs déjà en PET recyclés, tandis que le groupe vise également à déployer ce type d'emballage sur tout leur portefeuille.

Ces choix s'inscrivent également dans une volonté plus large du groupe de proposer uniquement des emballages circulaires d'ici à 2025, c'est-à-dire 100% recyclables, compostables ou réutilisables.

De quoi montrer patte blanche afin de poursuivre son activité et générer une meilleure acceptabilité sociale ? La question de la gestion de l'eau se place en tous les cas désormais au coeur des débats, face à la raréfaction des ressources mondiales et aux bouleversements attendus à la fois par le réchauffement climatique, mais également par la hausse démographique. D'ici 2050, une étude du Nature Sustainbility Journal estimait notamment que la demande en eau des villes aura bondi de 80% à l'échelle du globale.

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