Reprise de Dietal : la Scop écartée, le projet du fils du fondateur retenu

C'est finalement le projet associant le fils du créateur de l'entreprise auvergnate au président de la société TTH qui a été retenu par le Tribunal de commerce de Clermont-Ferrand, pour sauver le fabricant de luminaires Dietal -qui avait présenté au printemps un projet de luminaire désinfectant innovant-. Un plan qui comprend la reprise de 120 des 137 salariés de l'entreprise, et qui signe la fin d'un projet de Scop concurrent présenté par les salariés.
La société Dietal avait mis les bouchées doubles au printemps dernier en sortant, en l'espace de quelques mois, un modèle de luminaire désinfectant pour faire face au Covid-19 à base de rayonnements Leds UV-C.
La société Dietal avait mis les bouchées doubles au printemps dernier en sortant, en l'espace de quelques mois, un modèle de luminaire désinfectant pour faire face au Covid-19 à base de rayonnements Leds UV-C. (Crédits : DR)

Le projet Dietschi/TTH a été choisi hier par le tribunal de commerce de Clermont-Ferrand pour reprendre l'entreprise de luminaires Dietal.

Marc Dietschi, fils du créateur de l'entreprise auvergnate, qui avait travaillé étant plus jeune au sein de l'entreprise, s'était associé à Julien Arnal, le président du syndicat de l'éclairage, et également président de Sunlux et du groupe francilien TTH. Ce dernier avait notamment repris l'an dernier, par le biais du groupe TTH, les activités de rénovation de matériel ferroviaire des Ateliers de construction du Centre ingénierie et maintenance (ACC) de Clermont-Ferrand.

Ils se sont réunis pour développer ensemble une nouvelle offre autour de "La Manufacture des Lumières", nouvelle raison sociale de Dietal. "C'est le projet pour lequel le CSE s'était prononcé favorablement", commente Maitre Jean-Louis Borie, l'avocat conseil du CSE et des représentants des salariés.

Un projet de Scop concurrent proposait quant à lui de conserver 113 salariés, et avait réussi à mobiliser un capital de 700.000 euros.

"Un projet concurrent, porté par une Scop de salariés n'avait pas convaincu le CSE. Il présentait trop de zones d'opacité", ajoute-t-il.

Interrogée, la secrétaire du CSE, Aurélie Beaufort, avait quant à elle affirmé : "Au départ notre préférence allait à la SCOP, mais ils étaient adossés à des prêts et c'est hasardeux dans cette année 2021 qui va être tendue pour toutes les entreprises. Ils n'étaient pas non plus très nombreux dans l'équipe dirigeante. Mais on reconnait aussi le mérite de la SCOP qui s'est manifestée la première, ça été un signe pour les autres repreneurs, ils ont su rendre notre entreprise intéressante".

A noter que le dossier avait suscité l'appétit de deux autres candidats à la reprise, le groupe Assmann, déjà à la tête de deux usines de luminaires et du strasbourgeois Velum.

Le volet social conservé

Placée en redressement judiciaire en novembre 2020, Dietal possède deux usines à Saint-Georges-de-Mons dans le Puy-de-Dôme et en Roumanie et avait pâti de plusieurs facteurs au cours de l'année 2020 :

"Outre la situation sanitaire incertaine, l'érosion du carnet de commandes depuis quelques années traduit une perte de confiance des clients comme un défaut d'adaptation de l'offre aux besoins du marché", rappelaient ainsi les repreneurs.

La famille Dietschi, à l'origine de sa création, avait revendu les activités de Dietal au début des années 2000, mais demeurait propriétaire des murs. Elle avait avait entre-temps repris le fabricant et distributeur de matériels d'éclairage industriel Sunlux en 1998, qui se posait comme un client de Dietal (10,5 millions d'euros en 2018).

Avec 120 postes repris sur les 137 disponibles, il s'agissait de l'offre qui permettait de conserver le plus grand nombre d'emplois. "La totalité des postes de production ont été repris. Il s'agit de conserver les plus larges capacités de production, pour rapidement accroître le chiffre d'affaires et d'offrir une qualité de produits et de services irréprochables à la clientèle", assurent-ils.

Pour les employés non repris, le duo Dietschi/TTH offre des priorités de réembauchage de 24 mois. Allant au-delà de ses obligations, il a versé une indemnité supplémentaire dite « supra légale » au bénéfice des 17 salariés non repris. "Le groupement des nouveaux actionnaires, soutenu par un pool bancaire local, nous prévoyons également de moderniser l'outil industriel et d'investir lourdement dans l'entreprise dans les cinq ans à venir (montant : NC) ", assurent les repreneurs, qui fait également fait le choix de garder en grande partie le management de Dietal.

Marc Dietschi tient "à faire confiance 'aux hommes et à leur
histoire' pour qu'ils redressent en grande partie eux-mêmes leur entreprise."

La poursuite d'une diversification industrielle en Auvergne

"Il faut faire confiance dans le choix des juges très compétents et je ne pense pas qu'il soit opportun pour les candidats heureux ou écartés de commenter les choix du tribunal", affirmait pour sa part Thierry Torty, président de TTH, qui précise que pour son groupe, l'enjeu est désormais "d'accompagner ce projet avec notre savoir-faire de retournement et quelques synergies à développer." Le groupe francilien, détenu par Thierry Dominique Torti, est spécialisé dans les activités du secteur ferroviaire (réfection de voies, sécurisation de chantiers, exploitation de locomotives, etc).

Pour diriger l'entreprise au quotidien, Julien Arnal, fort d'une expérience de 20 années dans l'éclairage et du management (Sylvania, Erco, etc) et actuel président de Sunlux et président du Syndicat national de l'éclairage professionnel, sera épaulé à l'industrie par Oliver Clément, qui bénéficie d'une expérience de 30 années au service de grands groupes industriels (Alstom, Valeo, Faiveley, etc) dans des fonctions managériales et techniques.

Le groupe TTH poursuivra ainsi, grâce à cette opération, sa diversification industrielle en Auvergne. Nul doute que le redressement de l'entreprise, dans un tel contexte (Covid-19, perte de clients, retard d'innovation et d'investissements, marché de plus en plus fragmenté...) sera pour les repreneurs l'équation majeure à résoudre dès les prochains mois à venir.

Bien qu'on ne connaisse pas encore précisément son contenu, le projet de La Manufacture des Lumières s'appuiera très certainement sur l'ADN de la société, et notamment sur sa nouvelle technologie LED UV-C développée en 2020 en parallèle à la pandémie, qui propose une solution de désinfection des locaux inoccupés la nuit, et pourrait lui ouvrir de nouveaux débouchés. Cette solution est actuellement en phase de tests au sein du lycée Lafayette de Clermont-Ferrand.

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