Comment Bluestar Silicones veut surfer sur la 3D

Le chimiste spécialisé dans la production de silicones veut se hisser de la cinquième à la troisième place mondiale. Issu de la reprise en 2007 des activités silicones de Rhodia par le chinois ChemChina il mise à la fois sur la croissance organique et des acquisitions pour grossir sur ce marché dynamique estimé à 15 milliards de dollars à l'échelle de la planète.

Se faire greffer une oreille ou un nez en élastomère silicone modelés sur-mesure par une imprimante 3D sera vraisemblablement possible demain. C'est au sein de son laboratoire d'excellence mondial de Saint-Fons, dans la banlieue Sud de Lyon, que le chimiste Bluestar Silicones, filiale du chinois ChemChina, a conçu la formulation adéquate de la matière première pour manufacturer ces organes et a contribué aux ajustements de l'imprimante.

"Nous voulions montrer une application dans le domaine de la santé avec des implants que l'on considère très proches de la réalité", explique Karsten Schlichter, responsable du développement dans le domaine de la construction et industries du caoutchouc.

Trois à cinq ans seront nécessaires pour mener les études de faisabilité des prototypes existants et les soumettre à des chirurgiens expérimentés.

Larynx en élastomères

Les élastomères silicones entendent aussi se faire une place dans le domaine des prothèses internes. Ainsi, Bluestar Silicones pilote un consortium de huit partenaires réunis pour développer un larynx avec ce matériau dans le cadre du programme Fassil. Le projet labellisé par le pôle de compétitivité Lyonbiôpole a obtenu des financements du FUI. L'objectif est de proposer une alternative aux larynx artificiels en titane silicone standard en mettant au point un organe adapté à la morphologie et pathologie spécifiques de chaque receveur en se basant sur les données digitalisées.

"Nous allons entrer dans la phase prototype", indique Karsten Schlichter. "Suivront ensuite les différents essais pré-cliniques et cliniques pour obtenir les agréments nécessaires des autorités de la santé.

Aéronautique, automobile, textile..

La 3D offre donc de nouvelles opportunités de débouchés dans le médical pour les élastomères silicones.

"Ils sont à la fois biocompatibles, très résistants et ne s'altèrent pas", décrit Karsten Schlichter. "Ils sont très inertes une fois qu'ils ont été réticulés".

L'aéronautique est un autre champ où les élastomères silicones peuvent s'imposer dans la 3D.

"Cela permet de travailler différemment des pièces d'étanchéité plus aérées et donc plus légères, détaille le directeur. Nous allons démultiplier les approches 3 D dans les autres univers où nous sommes déjà présents : textiles, airbags*, automobile".

Le sujet 3D, lancé en 2015, mobilise une dizaine de collaborateurs parmi les 130 chercheurs du centre de R&D de Lyon.

L'atelier EVC

"Tous les dix ans les silicones vivent une révolution. La prochaine sera la 3D et le véhicule électrique", confirme Frédéric Jacquin, dg de Bluestar Silicones. "La 3D est un domaine qui bouge tous les jours. Nous n'en sommes qu'au début".

La transformation et modernisation de l'atelier EVC (Elastomères vulcanisables à chaud), dont la première tranche a été inaugurée le 16 février, répond au double objectif d'accroître de 50 % la capacité de production initiale et d'aller vers des produits de haute qualité et à plus forte valeur ajoutée. L'investissement global sera de 15 millions d'euros dont la moitié consacrée à une machine totalement automatisée produisant depuis l'été, et à plein régime, des pains d'élastomères de 5 kilos.

 Croissance interne et externe

Depuis 2007, date de l'acquisition de l'activité silicones de Rhône-Poulenc devenu Bluestar Silicones, ChemChina (groupe contrôlé par l'Etat chinois) dit injecter chaque année quelques dizaines de millions d'euros dans l'outil industriel en particulier dans ses 3 sites  de Saint-Fons,  Roussillon (Isère) et Commentry (dans l'Allier).

"Maintenant que nous avons redressé les fondamentaux de Bluestar Silicones nous devons relever le défi de la croissance organique et externe en privilégiant la valeur ajoutée et les produits de spécialités **", prévient Frédéric Jacquin.

Un marché en croissance de 5,5 %

Le groupe positionné à la cinquième place mondiale vise le Top 3. Ce marché dominé par l'américain Dow Chemical et estimé à 15 milliards de dollars progresse de 5,5 % par an selon les chiffres communiqués. Les cinq premiers mondiaux s'arrogent 80 % du gâteau aux côtés de petits acteurs en Chine, Corée ou encore l'allemand Evonik.

"Nous sommes dans une tendance très positive soutenue, entre autres, par l'urbanisation, la miniaturisation, l'efficacité énergétique, le transport électrique », résume Frédéric Jacquin. « Cette industrie récente, née après la seconde guerre mondiale est en concurrence mais également complémentaire du plastique ».

Dans la construction, l'électronique, la cosmétique (les shampooings deux en un), l'alimentation.. les silicones s'invitent partout.

* BS est co-numéro un mondial des airbags en élastomères.

** Les spécialités représentent les 2/3 de l'activité de Bluestar Silicones et les commodités le 1/3 restant.

Quelques chiffres

Bluestar Silicones dans le monde

1500 salariés dont 230 en R & D, 10 sites industriels dans 4 continents

9 laboratoires d'applications en Europe, Etats-Unis et Asie

550 millions de chiffre d'affaires 2015 (90 % hors de France) et un Ebitda de l'ordre de 10%.

Le périmètre va s'agrandir avec l'intégration prochaine de l'unité chinoise de fabrication de silicones de Bluestar forte de 2000 personnes. Le centre de décision restera basée à Lyon.

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