Selon un communiqué envoyé ce vendredi matin, le groupe Volvo veut vendre sa branche Governement Sales, qui regroupe ses activités dans le domaine de la défense essentiellement en France (Panhard, Acmat), et surtout la filiale Renault Trucks Defense (RTD). Les syndicats ont officiellement appris cette nouvelle lors des CCE de Renault Trucks et de Renault Trucks Défense, ce 4 novembre.
"Government sales a construit une position très solide au cours des dernières années, avec un développement positif et un carnet de commandes record. Il y a de grandes opportunités pour faire croître davantage. Cependant, nous croyons qu'un nouveau propriétaire pourrait être mieux placé pour mener l'entreprise à un niveau supérieur de business. Par conséquent, nous avons l'intention de commencer les préparatifs pour céder l'entreprise", explique Jan Gurander, Deputy CEO and CFO de Volvo Group, dans un communiqué.
Alors que le repreneur n'est pas encore connu, la CFE-CGC ne veut pas que "cette vente se fasse à des fonds de pensions ou des investisseurs étrangers [...]. Il est nécessaire d'adosser Renault Trucks Défense à un véritable industriel de l'armement propre à assurer la pérennité du business et des emplois et à garder en France la maîtrise de cette activité". Et regrette le mariage échoué deux ans auparavant avec Nexter
De source syndicale, cette vente pourrait connaitre "un processus relativement long, d'une année, notamment car la Direction générale de l'armement (DGA) devrait avoir un regard particulier sur le dossier".
Plus de 1 000 emplois concernés
Selon Eric Freyburger, délégué syndical central CFE-CGC, "cette vente pourrait conduire à la suppression de plus de 100 emplois directs sur le site de Lyon (site de R&D et logistique, NDLR), en incluant l'activité logistique gérée par le magasin pièce de rechange, les études, les consultants de l'informatique".
RTD emploie environ 1 000 salariés en France, plus 500 temporaires. L'ensemble des effectifs est reparti sur six autres sites en plus de celui de Lyon (Versailles pour R&D et cinq sites industriels : Limoges, Fourchambault, Saint-Nazaire, Marolles-en-Hurepoix et Saint-Germain-Laval).
Des suppressions potentielles d'emplois qui se rajouteraient aux deux PSE qui ont touché les sites de Lyon-Vénissieux ces dernières années, cœur de l'activité française de Renault Trucks France. Ils regroupent 3 920 salariés en CDI, sur les 7 200 salariés de Renault Trucks France (contre 9 853 fin 2011). "Cette vente affaiblira encore davantage la plateforme lyonnaise", souligne Eric Freyburger
Le représentant syndical redoute également qu'une "restructuration industrielle suive cette vente avec à la clé la fermeture de sites, déstabilisant l'activité et provoquant des retards pour les clients de RTD".
Bonne santé financière
Cette mise en vente interroge les syndicats au vu de la bonne santé de la branche défense, et plus généralement de celle du groupe. "Renault Trucks Défense (RTD) a un bon carnet de commandes et fait 500 millions de chiffre d'affaires", rappel le communiqué CFE-CGC. En effet, RTD a effectué une année 2015 remarquable à l'export :
"L'année 2015 a été faste et l'année à venir se montre très intéressante en termes de conclusion de contrats", soulignait devant les députés de la commission de la défense de l'Assemblée nationale le président de Volvo Group Governmental Sales et PDG de Renault Trucks Defense et Panhard, Emmanuel Levacher, en février 2016, et relayé dans La Tribune.
Lire aussi : Renault Trucks Defense a cartonné à l'exportation en 2015
Il ajoutait également :
"Compte tenu de nos carnets de commandes, nous nous situons dans une trajectoire de doublement de notre chiffre d'affaires d'ici à 2018-2019, ce qui nous permettra d'atteindre une taille suffisante pour développer de nouveaux produits et continuer à mener une gestion saine", expliquait alors Emmanuel Levacher.
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