Vêtements haut de gamme  : Zilli se restructure

La marque qui emploie 180 personnes en France prévoit de supprimer 36 postes, principalement dans ses ateliers de Lyon où se situe le siège. Fragilisée depuis début 2014 par les événements géopolitiques dans les pays de la CEI (ex union soviétique) où elle effectuait plus de 70 % de ses ventes, la PME a dû céder des actifs immobiliers pour se désendetter.
Alain Schimel

Le vent du boulet n'est pas passé loin de Zilli, l'été dernier.

"Nous tenons le choc. Les banques ont été compréhensives", a reconnu Alain Schimel, le président de la marque de vêtements masculins haut de gamme, lors d'une conférence de presse, ce mercredi.

La veille, un projet de plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) portant sur 36 postes a été présenté aux délégués du personnel convoqués à un comité d'entreprise "spécifique" au siège de Lyon. Peu d'informations ont été données, à ce stade, si ce n'est que, pour l'essentiel, la suppression d'emplois concernera le site lyonnais.

Vente d'actifs immobiliers

Le fabricant connu pour ses manteaux, blousons et vestes en peau, cachemire, etc., compte 340 collaborateurs dont 100 en Italie et 180 en France : "81 en production dans les ateliers de Lyon". De ce plan social dont la mise en œuvre est prévue début octobre, Alain Schimel attend une réduction des charges d'un million d'euros environ. Par ailleurs, le groupe Zilli va continuer de se séparer de certains biens.

"En cinquante ans j'ai eu la possibilité d'investir dans des points de vente et des ateliers en France et en Italie. Et aujourd'hui nous sommes contraints de vendre certains actifs", a-t-il confirmé.

Sur les 64 boutiques à enseigne dans le monde, l'entreprise en possède encore 12 en direct mais ce nombre devrait être ramené à huit. Il assure ainsi vouloir garder la boutique amirale rue François 1er à Paris, Courchevel, Monaco ou encore Londres, Milan et New-York.

Ouverture du capital ?

Au plan financier, Alain Schimel a fait état d'une réduction de "60 % de l'endettement global". Il a été procédé à une simplification de la structure juridique. Une information légale publiée le 31 mai 2016 stipule l'absorption de la holding par la maison mère "Ets Zilli", une société par actions simplifiée. La valeur nette des apports, notamment des actifs incorporels et, en premier lieu, la marque, ressort à 17,88 millions d'euros. Cette opération prépare-t-elle une cession partielle ou totale de l'entreprise ?

"Il n'y aucune négociation en cours. Toutefois, en l'absence de reprise dans six mois, il va falloir se mettre à table", lâche le président.

La PME, dont le capital est intégralement familial, emploie plusieurs membres de la famille, notamment le fils (Laurent), la fille (Alexandra) d'Alain Schimel et leur conjoint.

"On s'est laissé prendre"

Zilli qui demeure un fleuron lyonnais de son métier, a été déstabilisé par les événements géopolitiques et crise économique dans les pays de la CEI (ancien bloc soviétique). Ces marchés représentaient plus 70 % des facturations globales du groupe avant 2013. Mais depuis la rentrée 2014, Zilli  reconnaît être confronté à "un recul de 40 % des ventes" là-bas.

"Dans les années 90 quand ces pays se sont ouverts j'ai pratiquement abandonné l'Amérique pour eux. Nos produits de haut niveau correspondaient à leur désir de fête. On s'est laissé prendre par le développement russe", avoue le président.

Le groupe Mercury, son nouveau partenaire depuis mai 2016 pour la distribution à Moscou et en Russie, se donne trois ans pour ouvrir de nouveaux magasins et redynamiser la marque sur ce territoire.

Ventes sur la Toile

En France, son "flagship store" (magasin phare ) de Paris souffre de la chute du tourisme du luxe depuis les attentats de novembre dernier.

"Nous avons perdu 3 millions d'euros sur un total de 15 millions, précise le président. Pour autant, notre produit n'est pas remis en cause".

Un investissement à venir est envisagé dans un site marchand en ligne, courant 2017, avec l'ambition d'atteindre 6 millions d'euros de recettes dès la première année. De plus, le nouveau contrat de licence signé avec un fabricant de montures d'Oyonnax dont le nom sera révélé en septembre prochain, devrait repositionner la ligne "eyeware", optique et solaire, sur des tarifs plus compétitifs.

Lourdes pertes en 2014-2015

Alain Schimel espère pouvoir stabiliser le chiffre d'affaires à 60 millions. Le groupe dont les recettes atteignaient 96,94 millions d'euros en 2013 a enregistré 4,86 millions de pertes nettes et 61,78 millions de revenus (- 14 %) sur l'exercice clos fin octobre 2015.

Ventilation du chiffre d'affaires 2014/2015
48 % CEI, 13 % Asie, 15 % Moyen-Orient, 9 % Etats Unis d'Amérique et le solde de 15 % pour les autres pays et notamment l'Europe.

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