STMicroelectronics : vers la fin de l'ère Carlo Bozotti ?

Alors que le groupe STMicroelectronics vient d'annoncer la suppression de 1400 emplois au niveau mondial, assortie d'une réorganisation et de la fin de la branche décodeurs numériques du groupe, le CEO italien Carlo Bozotti pourra-t-il encore rester longtemps à la tête de l'entreprise ?

Depuis son annonce d'une possible mise à l'arrêt de la branche numérique du groupe en mai dernier, le PDG italien de STMicroelectronics, Carlo Bozotti, a cristallisé les oppositions. Alors que les syndicats demandaient depuis plusieurs mois un changement de stratégie et de direction visant directement le numéro Un de l'exécutif.

À l'automne dernier, un rapport commandé par le Comité central d'entreprise au cabinet d'expertise Secafi a épinglé ouvertement la stratégie de la direction, qui a conduit "depuis dix ans, à (l'arrêt des activités) des mémoires, de la télévision et des mobiles, et depuis deux ans, au ralentissement de ST et à la baisse de ses marges dans toutes ses lignes de produits à l'exception des microcontrôleurs".

Le cabinet Secafi proposait même trois pistes pour redresser la barre, et ce, sans supprimer de branche d'activité : le redimensionnement de l'activité des décodeurs, le redéploiement sur des marchés émergents et porteurs (Internet des Objets, automobile, gestion de la puissance, microcontrôleurs) et la mise en place d'une organisation plus transversale.

Or, le nouveau plan, présenté par Carlo Bozotti mercredi 27 janvier lors de la publication des résultats annuels, prévoit l'arrêt de l'activité décodeurs numériques du groupe, avec la suppression de 1 400 emplois dans le monde, dont 430 en France.

Un départ avant 2017 ?

Accusé tour à tour par les syndicats de vouloir "faire grossir les dividendes", "de générer de la casse sociale" et de "stopper les programmes d'investissements", Carlo Bozotti parviendra-t-il à finir son mandat à la tête de l'entreprise en mai 2017 ?

Dans une lettre adressée aux gouvernements français et italien et à la Commission européenne en juin dernier, le Comité central d'entreprise rappelait "qu'au cours de ses dix ans de présidence, STMicroelectronics a chuté de la 3e à la 11e place mondiale des entreprises des semi-conducteurs" et que "le chiffre d'affaires s'est effondré de près de 20 %".

Le gouvernement français, actionnaire à 13,5 %, a à son tour pris le dossier en main à l'automne dernier, en recevant les syndicats et en prenant contact avec la direction et l'état italien. Mais depuis, rien n'a filtré...

Si le dossier est particulièrement sensible, c'est parce que "les marchés n'aimant pas trop que l'État s'implique dans une entreprise cotée en bourse" , précise un expert. Les suppressions d'emplois annoncées et le positionnement de l'industrie microélectronique française ont fait de ce dossier un enjeu national, chapeauté par le cabinet du ministre de l'Économie, Emmanuel Macron.

Vers une nouvelle direction à deux têtes ?

Si les bruits entourant un possible départ de Carlo Bozotti se précisent, aucune confirmation officielle n'a pour l'instant été avancée. D'après le magazine L'Usine Digitale, le cabinet de chasseurs de têtes Spencer Stuart aurait été mandaté pour trouver une direction bicéphale : un CEO italien et un COO français. Aucune confirmation n'a cependant été apportée pour l'instant.

Mais plusieurs sources confirment l'hypothèse d'un départ imminent. Et c'est désormais le calendrier qui fait débat.

"En bon financier, Carlo Bozotti a annoncé la restructuration et va attendre la montée des actions pour profiter du bon moment pour partir. Je pense qu'il a été invité à partir mais qu'il attend le bon moment", estime le délégué CFDT, Éric Potard.

"Est-ce que le départ est programmé pour la prochaine assemblée en mai, ou aura-t-il le temps de finir son mandat en 2017 ?", se questionne le délégué CFE-CGC, Jean-Marc Sovignet. Il se souvient que, lors de la visite de l'intersyndicale à Bercy, "nous avions été interrogés sur plusieurs noms d'anciens de ST, sur la manière dont ils étaient perçus". Un ancien de ST serait-il privilégié par l'État français pour redorer le blason de l'entreprise ?

Un ancien de ST à la tête de l'entreprise ?

Parmi les principales hypothèses mentionnées à ce stade, figurent notamment l'ancien CEO italien de ST, Pascale Pistorio, l'actuel COO français, Jean-Marc Chéry, ou encore Benedetto Vigna, l'actuel dirigeant de la branche Analog and Mems Group (AMG).

"Jean-Marc Chéry a, par exemple, continué à se battre, à avoir des contacts avec Samsung et Apple et à essayer de récupérer des marchés tandis que M. Vigna fait partie de ceux qui ont continué de jouer leur rôle opérationnel pour gagner des marchés", estime Jean-Marc Sovignet, qui rappelle que tous deux ont aussi une expérience à l'international.

Pour autant, cela en fait-il de potentiels CEO ?

"Une chose est sûre : que ce soit un Français ou un Italien, c'est égal pour nous. Nous avons besoin de quelqu'un qui développe l'entreprise et le secteur industriel et qui n'ait pas une vision faible", ajoute M. Potard.

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