Tourisme : après une "belle arrière-saison", l'hôtellerie clermontoise en quête de talents pour 2022

Après de longs mois de crise sanitaire, le Club hôtelier clermontois a dressé son premier bilan de l'exercice 2021, marqué à la fois par une "belle arrière-saison touristique" et par de bons résultats pour ses locomotives comme Vulcania ou le Sommet de l'Elevage... Et ce, malgré l'arrivée de la 5e vague et des enjeux de recrutement qui demeurent à l'agenda pour 2022.
En 2022, l'hôtellerie-restauration ne devra pas seulement attirer des touristes face aux incertitudes sanitaires : la filière travaille déjà à une campagne de communication pour valoriser également ses métiers et attirer de jeunes talents.

Alors qu'elle démarre tout juste de nouveaux travaux dans son propre hôtel, Delphine Giraud, la présidente du Club hôtelier Clermontois, qui fédère 3.300 chambres à Clermont-Ferrand, fait contre mauvaise fortune bon coeur, face à la cinquième vague de Covid. "Nous sommes rodés !" L'organisation pour faire face, les gestes barrières et les règles sanitaires sont désormais devenus une routine. Ce sera cependant beaucoup plus difficile d'un point de vue économique.

"L'État ne va pas nous accompagner comme sur les vagues précédentes. Fort heureusement, cette vague arrive en basse saison pour nous mais le reste à charge sera très lourd pour les établissements. Rien que la semaine dernière j'ai déjà enregistré 50.000 euros d'annulation. Tous les gros événements sont annulés en préventif et janvier s'annonce très compliqué. Les séminaires, les fêtes de fin d'année d'entreprises, les congrès et les événements qui déplacent des personnes de toute l'Europe s'annulent les uns après les autres", constate-elle.

"Nous avions été très bien accompagnés sur les précédentes vagues. Là, nous allons devoir nous débrouiller seuls."

Une belle arrière-saison touristique

Pourtant, le bilan 2021 était plutôt positif. Composé d'un quart d'adhérents indépendants et de trois quart d'affiliés ou franchisés, le Club hôtelier Clermontois s'enorgueillit d'une belle arrière-saison touristique en octobre et en novembre.

"On a enregistré la présence d'une clientèle familiale sur la Toussaint ainsi que le succès des offres packagées, telles que celle avec Vulcania, notre locomotive", apprécie Delphine Giraud, présidente du club et directrice Novotel.

Le bilan du Sommet de l'élevage 2021 n'est pas pour rien dans cette embellie. Le Sommet est l'évènement majeur du tourisme d'affaires pour la Clermont-Ferrand, c'est la seule période de l'année où la métropole affiche complet.

"Les retombées économiques sont énormes et l'annulation comme en 2020 est une perte sèche qui ne se compense pas. Il faut rappeler que le MICE ( Meeting, Incentives, Conferencing, Exhibitions) est le premier marché pour nous, cela représente 60% de notre activité", précise Delphine Giraud.

Pour soutenir le passage de 3 à 4 jours du Sommet de l'Elevage, le club a proposé une offre d'hébergement "long séjour" aux exposants  : les hôteliers participant à cette opération commerciale inédite ont affiché -30% sur le séjour de quatre nuits, à l'occasion des 30 ans de ce salon.

"Nous avons vite constaté l'absence de la clientèle étrangère qui était moins présente cette année. Pour la première fois, on pouvait trouver une chambre le jour même pendant le Sommet de l'Elevage", souligne Delphine Giraud.

"Sur les quatre nuits du Sommet, 60 % des hôteliers étaient complets pendant l'évènement. Nous avons communiqué chaque jour à nos adhérents dans quel hôtel il restait des chambres disponibles, afin de faire du RIH (Renvoi Inter Hôtel) et de capter ainsi la clientèle sur la Métropole et dans l'hôtellerie classée", détaille Xavier Marquié, secrétaire du club et directeur d'exploitation du groupe Hera.

Une rentrée dense et difficile

Le bilan de saison estivale 2021 s'avère donc satisfaisant. Pour les restaurants d'hôtel, la saison estivale a été assez dense dès la mi-juillet avec une clientèle française mais beaucoup moins d'européens que d'habitude.

La reprise a été générale : seuls deux hôtels, sur les 52 adhérents du réseau, sont demeurés fermés cet été, dont l'un pour travaux de rénovation. 90 % des hôteliers ont d'ailleurs indiqué qu'ils ont fait une "bonne saison estivale" en termes de volume d'activité.

Avec, parmi les enseignements : il y a eu moins de réservations anticipées ou promotionnelles et davantage de réservations de dernière minute. 87 % des hôteliers constatent des réservations dites «  last minute  » à J-1 voire même le Jour J.

Après un été qui a permis de refaire de la trésorerie et de relancer la machine, la rentrée s'est révélée plus compliquée qu'attendue. "Pourtant les clients sont là, l'activité liée au tourisme d'affaires a repris, les clients corporate sont là, les congrès et spectacles ont repris...", remarque Sylvain Huguet, vice-président en charge du digital et directeur hôtel Comfort.

"Il n'est pas si simple de remettre les équipes au même rythme qu'avant crise et à temps complet. Ensuite, notre secteur subit un déficit de candidats, très peu de candidatures de personnes qualifiées. Ce que nous avons constaté en juin puis en juillet août, se confirme en septembre : il manque du personnel dans tous les services : Réception, Etage, Cuisine, Service. Même les agences d'intérim ne suivent pas et ne fournissent plus, ni sur le quotidien, ni sur les pics d'activité. "

Les attentes des salariés changent

Le principal enjeu rencontré demeure le recrutement des saisonniers. "Nous sommes face à une pénurie de personnel", regrette Delphine Giraud.

"À l'occasion de notre sondage, les hôteliers Clermontois ont déclaré avoir embauché 159 postes et se plaignent d'un manque de personnel qualifié, de personnes manquant d'autonomie n'ayant pas de moyen de locomotion", rappelle Xavier Marquié. "Pour la première fois dans notre secteur, les hôteliers se sont vus obligés de fermer des chambres, un étage, faute de femme de chambre, ou de fermer leur restaurant certains jours."

Les hôteliers ont dû changer leur manière de recruter, en faisant la promotion des offres d'emploi sur les réseaux sociaux par exemple, mais aussi de s'adapter au candidat. "Ce qui est nouveau c'est que l'employeur s'adapte aux disponibilités du candidat", constate Delphine Giraud.

De manière générale, les salariés du secteur ne veulent plus travailler en coupure dans la restauration, moins de poste le soir, avoir davantage de repos les jours de week-end et le dimanche.

"Cela modifie donc nos organisations, nos horaires d'ouvertures et les prestations proposées et se traduit par exemple par des hôtels qui ont fermé leur restaurant ou qui ont fermé partiellement les midis ou deux jours par semaine, afin de pouvoir donner les deux jours de repos hebdomadaire. Certains ont choisi de fermer le week-end ou le dimanche. D'autres sous-traitent la production culinaire à des traiteurs tandis que certains hôteliers ont changé leur offre, nécessitant moins de qualification en cuisine par exemple, ou ont opté pour des horaires plus restreints, le restaurant fermant plus tôt", liste Delphine Giraud.

Rester attractif à tous point de vue

Face à ces enjeux de taux d'occupation des chambres et de recrutement, le Club hôtelier est convaincu que le salut passera par un travail sur plusieurs fronts : "Nous avons mené une campagne Google Adds en septembre 2021 pour mettre en avant nos offres marché séminaire et événementiel, renvoyant vers notre site web : www.hotels-clermont.com", annonce Sylvain Huguet. "Nous avons aussi créé une carte digitale interactive pour trouver un hôtel plus facilement, proche de son lieu de visite. C'est un outil utile pour un congressiste ou un touriste."

Pour recruter, le site web du Club hôtelier s'est enrichi d'un onglet Recrutement depuis novembre 2021 afin de permettre le dépôt des candidatures en ligne. Une campagne de recrutement combinant des outils comme les flashs codes et job datings a déjà été engagée.

"En 2022, nous allons travailler davantage sur la valorisation de nos métiers à travers une campagne de communication dans la rue et sur les réseaux sociaux pour attirer de nouveaux publics vers le secteur de l'hôtellerie et de la restauration  : affichage, street marketing, clip, promotion dans les écoles hôtelières, dans l'enseignement supérieur pour susciter des vocations", détaille Delphine Giraud.

Le Club hôtelier clermontois veut également proposer à ses adhérents un atelier de formation « Recruter autrement » afin de leur permettre de toucher de nouvelles cibles mais aussi de communiquer différemment... Car sa présidente en est convaincue : en Auvergne également, il faudra désormais passer par Facebook, Instagram et LinkedIn pour maximiser ses chances de trouver un jeune talent.

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