CSB School lève 4 millions d’euros pour former les managers aux enjeux de la cybersécurité

EXCLUSIF. Installé dans le quartier Part-Dieu depuis la rentrée 2022, le lyonnais CSB School a fait le pari de répondre aux besoins de recrutement du monde de la cybersécurité en ouvrant ce secteur, réputé comme technique, aux managers qui seront en charge de prendre des décisions, afin de les former à se prémunir des cyberattaques. Quelques semaines plus tard, ses fondateurs lèvent le voile, en avant-première pour La Tribune, sur une première levée de fonds de 4 millions d'euros. Avec la volonté d'accueillir une centaine d'étudiants dès février 2023, et de se doter d'outils pédagogiques de pointe.
En tant qu'ex-responsable de sécurité des systèmes informatiques du chimiste Solvay, le directeur de CSB School avait lui-même été confronté à une pénurie de ressources humaines. C'est pourquoi l'un de ses paris est de massifier les recrutements du secteur, en les ouvrant à de nouveaux profils.
En tant qu'ex-responsable de sécurité des systèmes informatiques du chimiste Solvay, le directeur de CSB School avait lui-même été confronté à une pénurie de ressources humaines. C'est pourquoi l'un de ses paris est de massifier les recrutements du secteur, en les ouvrant à de nouveaux profils. (Crédits : DR)

La CSB School (Cybersécurité Business School) a ouvert ses portes la première fois il y a quelques semaines. Avec un bachelor spécialisé en sécurité et un master en management de la cybersécurité, tous deux en alternance, ce nouvel entrant nourrit un positionnement qui se veut différenciant sur la scène de la formation : former non pas de purs techniciens comme on en voit dans le domaine de la cybersécurité, mais "des managers, des entrepreneurs ou des dirigeants visionnaires" qui seront responsables de prendre les décisions à venir au sein des différents domaines de la cybersécurité (IT et industrielle).

Avec l'objectif de délivrer une base technique afin que ses étudiants puissent ensuite exercer dans l'ensemble des métiers. "On estime avoir réussi lorsque les étudiants choisissent la solution la plus pertinente, et pas forcément la plus performante", résume Patrice Chelim, le directeur de l'école.

Une levée de fonds de quatre millions d'euros

L'école vient de dévoiler sa première levée de quatre millions d'euros, complétée auprès d'un pool d'investisseurs (dont le groupement des entreprises de la filière électronumérique française - GIMELEC), des salariés de CSB.School, ainsi que d'acteurs bancaires, dont Bpifrance.

Cette opération comprend une partie en capital et l'autre partie en dettes bancaires (répartition non précisée) et a été bouclée au cours de l'été. Elle doit permettre de financer, entre autres, la poursuite de l'aménagement du bâtiment et de ses locaux, ainsi que l'acquisition de matériels technologiques et pédagogiques.

Car la CSB School a choisi d'installer, au sein de ses locaux, une salle de supervision des incidents (SOC) grandeur nature, capable de simuler des environnements de production complexes et de tester les dernières solutions du marché en matière de sécurité.

D'autres sources de financement  pourraient même venir s'ajouter à cette première augmentation de capital, dont des subventions publiques auxquelles l'école a appliqué, et qui devraient lui permettre de poursuivre plusieurs objectifs : "assurer l'avance technologique de l'Ecole dans un domaine en évolution permanente", mais aussi "accélérer le développement de la formation intra-entreprises et augmenter le nombre d'experts formés (à travers des passage de certifications)" notamment.

100 étudiants d'ici février

Car les ambitions de ce nouvel acteur de la formation sont fortes : après une première cohorte de cinquante étudiants inscrits en septembre, la CSB School espère en accueillir une centaine au total dès la seconde session prévue en février prochain.

Une opération express montée par Patrice Chelim, directeur de la CSB School, Thomas Guilloux, spécialiste en cybersécurité industrielle et Guillaume Collard, spécialiste en cybersécurité informatique et chiffrement des données.

Pour rappel, la genèse de cette école, qui compte actuellement 18 salariés et une quinzaine d'intervenants extérieurs, avait germé en juin 2021 et elle s'est concrétisée près d'une année plus tard, en septembre 2022.

"En tant que responsable de sécurité des systèmes informatique à Solvay, j'ai moi-même été confronté à une pénurie de ressources humaines. Nous avions deux options : faire appel à des cabinets spécialisés (Thales, Orange...), qui est une stratégie qui présente ses limites lorsqu'on doit exécuter une feuille de route rapidement, ou bien former en interne mais ce n'est pas non plus quelque chose que l'on peut faire à grande échelle", se rappelle Patrice Chelim.

Faire face à la pénurie de profils à recruter

Face à lui, les chiffres sont là : selon les estimations de la CSB School, sur 550.000 étudiants formés en France, seuls 800 auront ainsi été formés à la cybersécurité en 2020 à travers des cursus spécialisés. "Un chiffre qui devrait grimper en 2022 poussivement à 1.100... soit à peine 17% de la demande nationale".

Selon les données de la CPME également, 4 entreprises sur 10 auraient déjà subi plusieurs attaques ou tentatives d'attaques alors qu'en parallèle, près de 15.000 postes sont à pourvoir en France dans le domaine de la cybersécurité.

L'un des paris de cette nouvelle école sera donc de massifier les recrutements liés à la trentaine de métiers liés à la cybersécurité, en les rendant accessibles à un plus large vivier de profils, et pas uniquement aux candidats issus des cursus scientifiques ou techniques :

"Tous les métiers ne sont pas cantonnés à la technique. [...] La connaissance technique est essentielle, mais pas suffisante. Il faut aussi avoir une connaissance des enjeux, de l'organisation et de la stratégie de la cybersécurité : on ne protège pas de la même façon une entreprise d'armement qu'une entreprise de biscuits", affirme Patrice Chelim.

En termes de profils, trois cibles d'étudiants reviennent d'ailleurs : "les passionnés, qui viennent en connaissance de cause, les jeunes diplômés de bac +2 à bac +5, qui ont fait des études de droit, d'histoire ou de mathématiques et qui veulent se démarcher sur le marché de l'emploi, et les autres qui sont en reconversion (de la pétrochimie, la logistique...). Ils sont âgés de 20 à 50 ans, avec des profils variés", analyse le directeur.

Un travail de longue haleine, qui pourrait également contribuer à faire évoluer l'image de la cybersécurité, à la fois sur la réalité du métier, comme sur les profils requis.

Car jusqu'ici, le monde du numérique employait par exemple 33% de femmes, alors que dans le domaine de la cybersécurité, leur part tombe à 11%. A la CSB School, les profils féminins représentent pour l'instant 25% des étudiants, et son directeur espère encore faire grimper ce chiffre pour atteindre la parité.

Des diplômes encore en cours de certification

Les formations de cette nouvelle école de commerce spécialisée dépendront en premier lieu de ses partenaires puisque ce sont eux qui financeront principalement les cursus des étudiants à travers des formations en alternance. A ce jour, des groupes comme Schneider Electric, PwC France, Devoteam, Stormshield, Excube ou AugmentedCISO s'affichent déjà dans les rangs des partenaires de cette nouvelle école.

Les diplômes sont cependant encore en cours d'homologation par France Compétences. Patrice Chelim s'estime "assez confiant" sur son obtention. A terme, il compte même essaimer ce modèle en France, voire même à l'international.

A noter qu'en région, d'autres formations sont disponibles et labellisées SecNumedu par l'ANSII (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information), le principal organisme chargé de labelliser les formations initiales en cybersécurité de l'enseignement supérieur.

On y retrouve par exemple, le Master 2 OPSIE (Organisation et Protection des Systèmes d'Information dans les Entreprises) de l'Université Lyon 2, la Licence professionnelle Métiers de l'Informatique (MI) mention Administration et Sécurité des Systèmes et des Réseaux (ASSR) de l'Université Grenoble-Alpes ou encore le Mastère Spécialisé Cybersecurité du Numérique de l'INSA.

(avec ML)

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