Pierre-Marie Lehucher place la barre haute. Pour le président-directeur général du groupe parisien Berger-Levrault (165 millions d'euros de chiffres d'affaires, 1 700 salariés), qui a fait l'acquisition de Carl Software en mai dernier, l'éditeur lyonnais de logiciels de gestion et de maintenance pourrait réaliser "30 à 35 millions d'euros de chiffre d'affaires" à l'horizon 2021. Soit une multiplication par deux de son activité en l'espace de trois ans.

"Berger-Levrault va apporter ses moyens - humains, financiers et logistiques - à disposition de Carl Software. Nous sommes impatients que les synergies se mettent en place. Ce sont deux entreprises très complémentaires qui parlent le même langage. Nos produits ont la même logique, mais sur deux segments de clientèle différents", détaille-t-il.

"Potentiel à l'international"

Très implanté dans le secteur public (administrations, santé, éducation...), Berger-Levrault complète son offre d'édition de logiciels à destination du secteur privé avec le rachat de Carl Software. Alors que le groupe fondé par Eric Bonnet a enregistré 21 années de croissance continue, son nouveau propriétaire projette de lui faire passer un palier.

Une progression qui pourrait passer par des opérations de croissance externe avec l'intégration de startups, mais portée principalement par le développement de nouveaux marchés, notamment à l'international.

"Le potentiel de Carl Software à l'international est extraordinaire. Et l'entreprise peut désormais s'appuyer sur les équipes de Berger-Levrault pour son déploiement en Europe et en Amérique du Nord. Au Canada par exemple, Carl Software n'était pas présent et nous avons déjà signé plusieurs contrats depuis la reprise. Sa taille ne lui permettait pas, jusque-là, de candidater sur ces offres. J'estime que la part du chiffre d'affaires à l'export de Carl Software pourrait rapidement passer de 30% à 60% ", rapporte Pierre-Marie Lehucher.

Autonomie

En plus de lui apporter une "taille critique" dans la conquête de nouveaux marchés, Berger-Levrault entend accroître les capacités de R&D de Carl Software, en lui faisant profiter du soutien de ses équipes de recherche et d'innovation.

"Carl Software va profiter des travaux menés par le groupe en matière d'intelligence artificielle, d'IoT, de blockchain... Nous allons aussi mettre l'entreprise dans la boucle de nos partenariats universitaires et institutionnels. Encore une fois, une PME ne peut pas faire ça toute seule", poursuit le dirigeant.

Intégré au groupe Berger-Levrault, Carl Software, qui emploie près de 150 collaborateurs à Limonest, va néanmoins garder son identité. Ainsi, son nom n'est pas amené à disparaître sur les produits commercialisés.

"Cette alliance, ce n'est pas un gros qui " bouffe " un petit, mais une belle histoire avec une logique. Carl Software a un modèle solide et des équipes qui savent où aller. L'entreprise va garder son autonomie car il faut préserver ce modèle, tout en le rendant plus efficace grâce à une augmentation des moyens ."

Rapprochement à Limonest ?

Dans cette logique, Pierre-Marie Lehucher pérennise le site et les emplois de Carl Software à Limonest.

"Ce rapprochement n'entraîne pas de restructuration chez Carl Software. Au contraire, comme l'entreprise est en croissance, nous allons continuer à recruter."

Les équipes de Carl Softawre pourraient, également, être rejointe par celle de Berger-Levrault, qui emploie une centaine de collaborateurs sur son site de Vaise dédié au secteur médico-social.

"J'aimerais bien regrouper les équipes à Limonest. Je vais proposer cela aux collaborateurs de Berger-Levrault ", rapporte-t-il.