« Grand plan sur la géothermie » : Celsius Energy déjà sur les rangs avec Auvergne Forage

Alors que la création d'un "grand plan national de la géothermie" a été confirmée par la ministre Agnès Pannier Runacher en vue de "mettre en place une filière industrielle structurée", c’est en Auvergne Rhône-Alpes que la startup industrielle du groupe Schlumberger, Celsius Energy, est venu piocher un nouvel atout : car en rachetant la société Auvergne Forage, la startup francilienne (lauréate du fonds Solar Impulse) s'outille pour accélérer sa conquête d'un marché de la rénovation énergétique, où son procédé de géothermie de surface se pose comme un atout.
En l'attente de connaître les contours du grand plan national pour la géothermie, nourri par le gouvernement français, et qui devrait sortir d'ici quelques jours, la pépite Celsius Energy s'outille avec le rachat d'Auvergne Forage pour renforcer ses compétences en interne et répondre à ses premiers clients du secteur tertiaire et collectif.
En l'attente de connaître les contours du "grand plan" national pour la géothermie, nourri par le gouvernement français, et qui devrait sortir d'ici quelques jours, la pépite Celsius Energy s'outille avec le rachat d'Auvergne Forage pour renforcer ses compétences en interne et répondre à ses premiers clients du secteur tertiaire et collectif. (Crédits : DR Celsius Energy)

Depuis sa création en 2019, le timing n'a jamais été aussi favorable à sa mission, qui reste de « connecter les bâtiments à l'énergie de la Terre, afin de réduire jusqu'à 90 % leurs émissions de CO2, tout en allégeant la facture énergétique de 50 % en moyenne ».

Après avoir développé une technologie de géothermie de surface permettant de chauffer et de climatiser des bâtiments tertiaires et collectifs à partir de l'énergie du sol, la startup industrielle de Schlumberger, Celsius Energy, avait déjà obtenu une première forme de reconnaissance de son travail en devenant l'une des 1.000 solutions labellisées par la Fondation Solar Impulse (ou des 50 solutions les plus porteuses d'avenir pour le climat selon l'ONU).

Mais depuis, la crise sanitaire puis la crise énergétique sont passées par là, et le temps de l'industrialisation s'est amorcé afin de répondre à l'urgence des besoins en matière de décarbonation. Selon des estimations du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), la géoénergie pourrait en effet apporter, d'ici 15 à 20 ans, « 100 TWh d'énergie souveraine indépendante des fluctuations des prix des énergies fossiles, non polluante et non émettrice de gaz à effet de serre. Soit l'équivalent, en matière de production électrique, d'environ 5 tranches nucléaires ».

Avec une centaine d'employés et une dizaine de chantiers lancés en France ainsi qu'aux Etats-Unis et au Royaume Uni, Celsius Energy compte désormais transformer les promesses en actes, à l'heure même où la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, annonçait cette semaine au salon des maires, l'officialisation d'un grand plan géothermie « dans les prochains jours ».

« En 2020, nous avions réalisé une première installation sur le site d'une entreprise en région parisienne, afin de remplacer le gaz par l'énergie du sous-sol, ce qui a permis de réduire par quatre l'énergie consommée par 10 les émissions de carbone associé au chauffage est au rafraîchissement », explique à La Tribune Cindy Demichel, cofondatrice et présidente de Celsius Energy.

Et 2021 aura conduit Celsius Energy à réaliser de premiers développements commerciaux, avec la signature de plusieurs contrats et réalisation. « Aujourd'hui, nous avions envie d'aller plus loin, et cela s'illustre par le rapprochement avec Auvergne Forage qui se marie très bien à nos activités, afin de faire décoller cette énergie décarbonée », souligne-t-elle.

Internaliser en partie une brique essentielle à la géothermie de surface

Car dans son modèle, Celsius Energy a choisi de sous-traiter une partie du forage à des partenaires ou installateurs. « Nous avons continué de développer des capacités en internes, tout en travaillant avec des partenaires sur des compétences assez local de forage », observe Cindy Demichel.

Alors que la startup industrielle n'était pas jusqu'ici à proprement parler « foreuse », elle le deviendra en partie avec l'acquisition d'Auvergne Forage, spécialisée dans ce domaine comme dans la pose de sondes géothermiques, qui lui permet d'internaliser ainsi une partie de ces compétences clés pour son business.Le nom et la direction de la société auvergnate demeureront cependant inchangés.

« Notre solution de chauffage et de climatisation repose sur trois briques, avec une partie forage, une partie pompe à chaleur, ainsi qu'une partie digitale permettant de monitorer et d'améliorer les performances et les économies d'énergie possibles », ajoute la présidente de Celsius Energy.

Une technologie brevetée, qui lui permet de forer de manière « dirigée » dans le domaine de la géothermie de surface, c'est-à-dire à 200 mètres de profondeur en moyenne. « Le principal atout de cette technologie est de nous permettre de nous ouvrir à tout le marché de la rénovation thermique, puisqu'elle rend possible le forage, même au sein des zones urbaines denses », établit Cindy Demichel.

A très court terme, l'acquisition d'Auvergne Forage permettra donc à la startup industrielle de sécuriser une partie de ses capacités de forage avec l'apport de compétences clés sur des métiers actuellement en tension, mais également d'élargir et d'ouvrir ses marchés à de nouveaux clients. Elle n'exclut pas moins de continuer à travailler avec d'autres foreurs à travers l'Hexagone, afin de cibler des marchés de proximité.

Des projets encore dans les cartons

D'ailleurs, Celsius Energy a déjà plusieurs projets dans les cartons actuellement : à commencer par le siège d'Optique 2000 en Ile-de-France, en cours de finalisation, qui présente un mix entre un siège social et une partie destinée aux ateliers ou son produit la deuxième paire à un euro du groupe. Mais également une première grande opération, où sa technologie de forage est en cours de déploiement sur un grand campus de la ville de Boston (Etats-Unis), avec l'ambition d'alimenter, à terme, plusieurs bâtiments et parties du campus, en connectant sa source d'énergie au sol.

De son côté, Auvergne Forage vient également de terminer des forages du siège de l'ADEME (soit 18 forages allant de 130 mètres à 200 mètres) tandis que Celsius Energy a finalisé l'installation d'une clinique en Bretagne, et étudie déjà un autre projet de taille sur une zone d'activité économique en Auvergne Rhône-Alpes où la compétence de deux sociétés pourrait constituer une force.

« Dans le contexte énergétique actuel, la solution de la géothermie et notamment de connecter les bâtiments à l'énergie du sous-sol prend tout son sens », rappelle Cindy Demichelqui glisse que le forage d'un puit de géothermie est prévu pour durer sur l'ensemble de la durée de vie d'un bâtiment (50 à 100 ans), tandis que les équipements techniques comme les pompes à chaleur sont prévus pour fonctionner sur 20 à 25 ans avant d'être renouvelés.

« Nous sommes pour l'instant sur un coût supérieur à celui d'une installation gaz par exemple, mais avec un retour sur investissement qui peut se faire sur 5 à 15 ans selon les besoins », affiche-t-elle.

 Une arme puissante contre l'urgence climatique

« La géothermie de surface est une arme puissante pour lutter contre l'urgence climatique », estime Cindy Demichel, au regard des gisements d'économie d'énergie restants sur le terrain de la rénovation énergétique. Selon elle, sa technologie et d'ailleurs applicable sur 90 à 95% du territoire français : « Les seuls endroits où l'on ne peut pas forer sont les lieux où circule déjà le métro, ou bien les sols très pollués ».

« Aujourd'hui, 25 % de l'énergie française est utilisée pour chauffer et refroidir les bâtiments, ce secteur contribue également à 20 % des émissions de carbone. Notre ambition est d'utiliser tous les leviers possibles pour décarboner cette industrie », souligne Celsius Energy.

Pour la filière, la demande explose notamment en lien avec le projet de loi d'accélération des énergies renouvelable en cours. « La ministre de la transition énergétique a évoqué un grand plan national de la géothermie qui devrait sortir prochainement, et qui fait écho au travail mené par le Haut-Commissariat au plan que nous avons rencontré il y a un an, et avec lequel nous avons travaillé aux côtés du BRGM », affirme Cindy Demichel, qui note cependant que pour cela, « il faudra certainement proposer un accompagnement financier renforcé aux collectivités ».

En attendant, Celsius Energy vient d'initier, en partenariat avec le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), Equans et Engie Solutions, le collectif France Géoenergie, qui s'est donné pour mission de « rendre plus visible le potentiel,
la pertinence écologique et financière de la géoénergie (ou géothermie de surface) » et
« d'accompagner les usagers publics et privés dans le déploiement de cette énergie sur
les territoires pour chauffer et rafraîchir tout type de bâtiment ».

(publié le 24/11/2022 à 14:00, actualisé à 16:45)

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