Dans le Puy-de-Dôme, le groupe GCK investit pour devenir à la fois motoriste et équipementier du retrofit

C’est un conglomérat auralpin qui pourrait bien faire parler de lui : fondé par le pilote automobile et skieur freeride Guerlain Chicherit et par l’ex-patron du clermontois d’IBS Éric Boudot, Green Corp Konnection (GCK) regroupe pas moins de 9 entreprises, toutes spécialisées dans la décarbonation des transports reposant sur l’hydrogène et l’électrification. Après une levée de 15 millions en septembre et l’inauguration d’un nouveau site de production à Lempdes (Puy-de-Dôme), GCK se met en ordre de marche : avec à la clé, 500 intentions de commandes et déjà de premiers contrats emblématiques avec la Compagnie des bateaux du Lac d'Annecy ou la station de l’Alpe d’Huez.
En parallèle à l'inauguration ce lundi de sa nouvelle usine de Lempdes (Puy-de-Dôme), le conglomérat savoyard vise un chiffre d'affaires projeté entre 18 à 22 millions sur l'exercice 2022, et qui devrait même être doubler dès 2023.
En parallèle à l'inauguration ce lundi de sa nouvelle usine de Lempdes (Puy-de-Dôme), le conglomérat savoyard vise un chiffre d'affaires projeté entre 18 à 22 millions sur l'exercice 2022, et qui devrait même être doubler dès 2023. (Crédits : DR)

Quel est le point commun entre des dameuses à hydrogène codéveloppées avec l'industriel Kässbohrer pour la station de l'Alpe d'Huez, le rétrofit de la Compagnie des bateaux du Lac d'Annecy à l'électrique, ou encore, le premier autocar Iveco rétrofité à l'hydrogène ? La réponse réside désormais dans un sigle : GCK, pour Green Corp Konnection.

Ce conglomérat auralpin, domicilié sur le papier au Bourget-du-Lac (Savoie), vient d'annoncer la création de sa 9e entreprise industrielle, ainsi que l'installation d'un nouveau site de production à Lempdes (Puy-de-Dôme). Fondé en plein cœur de la crise sanitaire, il se destinait à rassembler les forces et la vision de deux entrepreneurs. Avec d'une part, le pilote automobile et skieur freeride français Guerlain Chicherit et l'ancien patron du clermontois IBS Éric Boudot, qui oeuvrait dans le domaine des batteries.

Après s'être unis en 2019 autour d'un dossier de candidature pour répondre à un appel d'offres de la Fédération internationale de l'Automobile, visant à alimenter en énergie verte le futur championnat du monde de rallycross, les deux associés ont décidé d'aller plus loin dans leur vision de la décarbonation des transports. Jusqu'à en faire un conglomérat de plusieurs sociétés, chacune dédiée à une brique de solutions technologiques.

9 sociétés pour servir la décarbonation des transports

GCK s'est structuré plus particulièrement autour de trois axes : avec en premier lieu le développement de solutions technologiques (hydrogène et électrique). Mais aussi, une activité de rétrofit dédiée à la mobilité lourde (véhicules utilitaires ou lourds de tous types, incluant les dameuses ou les bateaux, autocars et bennes à ordures). Enfin, sa troisième branche se dédie à l'alimentation en énergie de la mobilité et comprend entre autres la commercialisation d'un container de stockage mobile permettant, à l'aide de ses batteries embarquées, de remplacer un groupe électrogène.

« Ce lundi, nous allons même annoncer la création d'une 9e société au sein du groupe, Flex'hy, qui sera dédiée au marché de la distribution hydrogène afin d'accompagner nos clients dans des solutions plus complètes », explique à La Tribune Sébastien de Chaunac, directeur marketing de Green Corp Konnection (GCK).

Un investissement de « quelques millions d'euros » à Lempdes

Avec son nouveau site industriel de 2.500 m2 inauguré ce lundi à Lempdes (Puy-de-Dôme), GCK aura investi « quelques millions d'euros » sur fonds propres pour aller un cran plus loin.

Car après avoir dédié chacune de ses filiales à une technologie ou un marché cible, GCK l'affirme : « Nous avons vocation à nous positionner comme des équipementiers, en produisant d'une part nos propres moteurs ou batteries lithium. Nous produisons par exemple déjà 25.000 batteries sur notre premier site en Auvergne, et notre nouvelle installation de Lempdes permettra de doubler en premier lieu cette capacité, avec l'ambition d'en faire un site dédié à la production de batteries ».

Tandis que sur le site de Solution F, une spécialiste des systèmes de propulsion et la fabrication de moteurs hybrides qu'il vient de racheter en juillet dernier à Aix-en-Provence (Région Sud), GCK compte également installer une unité de fabrication de moteurs électriques et devenir ainsi motoriste.

A noter que sur le marché de la pile à combustible cependant, une partie de ses produits (destinés au sport auto ou à l'équipement des dameuses à hydrogène) seront réalisés en interne, tandis que les kits de piles à combustible pour le marché des autocars seront plutôt codéveloppés et produits à travers un partenariat externe avec le fabricant de piles à combustibles Symbio, dont la gigafactory est en train de sortir de terre à Saint-Fons.

« Doubler ses capacités de production de batteries »

Renforcer ses capacités de production reste cependant l'un des leitmotivs de son dernier tour de table de 15 millions d'euros, qui vient d'être clôturé en septembre. Green Corp Konnection vient en effet compléter une nouvelle opération (après une première levée de 10 millions engagée à la création de la société), toujours auprès de ses actionnaires historiques, que sont ses deux fondateurs mais aussi le joueur de bridge et dirigeant d'une régie suisse immobilière, Pierre Zimmermann.

Cette nouvelle opération vise à permettre au groupe GCK de continuer à renforcer ses capacités de R&D et surtout, de passer désormais à une phase d'homologation de ses kits de retrofits, une étape déterminante en vue de leur industrialisation, attendue pour la fin 2023.

« Nous développons aujourd'hui à Lempdes sept prototypes de véhicules à retrofiter : soit six modèles hydrogène (un Iveco crossway, un car, un bus, une dameuse, un camion, une benne à ordures ménagères) ainsi qu'un modèle électrique (un modèle de bateau pour la Compagnie du Lac d'Annecy) », illustre Sébastien de Chaunac.

Le choix de ces modèles n'est pas évidemment pas issu du hasard : « Nous avons développé des kits à l'intention des véhicules les plus vendus en France, afin de nous assurer un certain volume : c'est par exemple le cas pour l'autocar Iveco Crossway, le plus utilisé en France, ou encore le Renault Master pour la partie utilitaire, ou encore le Renault T480 pour la partie poids lourds ».

Prochaine étape : l'homologation de ses kits

Alors que le groupe assure disposer aujourd'hui « d'une cinquantaine de commandes fermes sur l'ensemble des produits de rétrofit », ainsi que « de 500 à 600 intentions de précommandes », la prochaine marche clé résidera dans sa phase d'homologation, qui va devoir démarrer avec l'UTAC, le laboratoire agréé par l'État pour effectuer des essais techniques, modèle par modèle. Elle commencera dès le début 2023 pour le modèle d'autobus Iveco, codéveloppé avec Symbio.

« Nous prévoyons une phase un peu plus longue, car il s'agit du premier autobus rétrofité à l'hydrogène pour le compte de la Région Auvergne Rhône-Alpes : nous anticipons une homologation pour la fin du dernier trimestre 2023, période à l'issue de laquelle nous pourrons démarrer la production en série et poursuivre nos investissements en production », assure Sébastien de Chaunac.

Les bateaux rétrofités à l'électrique pour la Compagnie du Lac d'Annecy devront également passer par une étape d'homologation auprès d'un autre organisme, avant une livraison prévue dès l'été prochain, tandis que les cinq dameuses à hydrogène, codéveloppées avec l'industriel Kässbohrer et commandées par la station de l'Alpe d'Huez, tablent sur une mise en service prévue dès la saison d'hiver 2023-2024.

« Un autre contrat important est celui signé avec la société d'autocars ardéchoise Ginhoux pour la fourniture d'un autocar de la gamme IvecoBus Crossway issu du parc existant de l'entreprise Ginhoux. Son lancement commercial est programmé pour 2023 après son homologation aux normes UTAC et des tests de plus de 5.000 km. La réalisation des autocars rétrofités à l'hydrogène suivants est prévue à partir de janvier 2024 », ajoute le directeur marketing de GCK.

Près de 20 millions d'euros attendus dès 2022

A terme, GCK compte bien fournir « plusieurs milliers à dizaines de milliers » de ses kits de retrofit, même s'il estime que d'ici là, c'est tout un écosystème hydrogène qui va devoir se mettre en place afin que les coûts de l'hydrogène décarboné baissent encore.

Côté installation, il compte en effectuer une partie lui-même, mais aussi nouer des partenariats avec des sociétés de transport qui pourraient également posséder les infrastructures et des compétences nécessaires.

 « Du point de vue du rétrofit des véhicules, nous sommes déjà dans des prix intéressants, avec par exemple un coût final divisé par deux pour un autocar hydrogène par rapport à un véhicule neuf. Mais il va falloir maintenant développer des capacités de production, de transport et de distribution de cette énergie également, même si l'on voit que l'Etat a enclenché la marche avec de grands programmes d'investissement », nuance Sébastien de Chaunac.

D'ici là, GCK entrevoit déjà sa trajectoire de croissance : passé d'une dizaine à 143 salariés en l'espace de deux ans (dont 95% des fonctions industrielles se trouvent dans la région de Clermont-Ferrand), le conglomérat savoyard devrait encore monter à 160 d'ici la fin de l'année. Avec une cible de chiffre d'affaires attendu entre 18 à 22 millions sur l'exercice 2022, et qui devrait même être doubler dès l'année suivante.

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