Comment le grenoblois HRS bénéficie (déjà) de l'accélération de la stratégie hydrogène

Une croissance de +62% de son chiffre d'affaires (à 17 millions d'euros), et un carnet de commandes déjà sécurisé de 60 millions d'euros d'ici 2026... L'accélération du marché de l'hydrogène était déjà palpable cette année pour le fabricant de stations de recharge HRS. Entré en Bourse en février 2021, l'isérois se trouve également en pleine montée en charge de son industrialisation, avec la livraison d'une nouvelle usine de 14.300 m2 à Champagnier (Isère) attendue courant 2023, et qui lui permettra de tripler ses capacités pour atteindre 180 stations produites par année.
HRS rappelle que le marché des stations de ravitaillement en hydrogène est estimé à 8 milliards d’euros sur la décennie 2020-2030. Une filière sur laquelle il compte, à date, 20% de parts de marché avec un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros (+62%) sur l'exercice 2021-2022 qu'il vient de clôturer, et toujours une protection de 85 millions d'ici 2025.
HRS rappelle que le marché des stations de ravitaillement en hydrogène est estimé à 8 milliards d’euros sur la décennie 2020-2030. Une filière sur laquelle il compte, à date, 20% de parts de marché avec un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros (+62%) sur l'exercice 2021-2022 qu'il vient de clôturer, et toujours une protection de 85 millions d'ici 2025. (Crédits : DR/Samuel Moraud)

Un an et demi après son entrée en Bourse explosive qui lui avait permis de récolter 97,3 millions d'euros, le tuyauteur industriel reconverti en fabricant de stations hydrogène HRS poursuit son changement de dimension. Après avoir enregistré un chiffre d'affaires de 10,5 millions d'euros sur l'exercice 2020/2021, l'isérois signe une nouvelle croissance de +62% (à 17 millions d'euros) lors de son nouvel exercice 2021-2022.

Des résultats qui comprennent un Ebidta légèrement positif (à 0,4 millions d'euros) dans un contexte de forts investissements pour la croissance, ainsi qu'une marge brute qui passe de 38,3% a 41,3% sur les stations de recharge, avec une trésorerie désormais établie à 34,7 millions d'euros.

Désormais, la part destinée à la fourniture de stations hydrogène a largement pris le pas sur son activité historique de tuyauterie industrielle, qui ne représente plus que 2 millions d'euros de revenus. Côté croissance également, le montant du chiffre d'affaires réalisé sur le segment des stations porte même la croissance à +82% par rapport à l'exercice précédent.

Et sur ce point, l'envolée ne devrait pas s'arrêter tout de suite : d'un carnet de commandes affiché l'an dernier à 43,1 millions d'euros en prévision des cinq prochaines années, le montant des commandes engagées atteint désormais les 60 millions d'euros sur la même période. Un chiffre auquel pourrait encore se rajouter l'ensemble des dossiers où HRS serait actuellement "short-listé", pour atteindre une enveloppe potentielle de 105 millions d'euros d'ici à 2026, et plus largement 750 millions d'euros si on l'élargit au "pipeline commercial en prospection", souligne le fabricant.

Des résultats qui témoignent de la forte accélération rencontrée par le marché de l'hydrogène, une filière dont le développement reste encore majoritairement tiré par les grands plans d'investissements gouvernementaux annoncés en France comme en Europe. Car ce sont désormais 5,3 milliards d'aides qui sont débloqués, à travers un IPCEII européen Hy2Tech pour la filière, afin de soutenir 41 projets portés par 35 entreprises. Avec du côté des déclinaisons nationales, des plans portés par exemple par l'Espagne pour développer 150 stations de recharge hydrogène, contre 40 pour l'Italie, ou encore 10 pour la France au cours des prochaines années.

"Il faut également souligner qu'au cours des deux dernières années, l'offre des constructeurs s'est considérablement allongée. On dénombre désormais près de 80 sociétés offrant des véhicules hydrogènes, tous segments confondus", illustre Adamo Screnci, directeur général délégué d'Hydrogen Refueling Solutions, tout en reconnaissant volontiers que le "maillon faible" de cette filière demeure ses stations de recharge.

61 stations commandées, 5 livrées

Car tout l'écosystème le sait : pour que la mobilité hydrogène se développe, il faudra non seulement concilier le déploiement massif d'infrastructures de recharge, avec la production d'hydrogène décarboné. Le tout en développant un plan d'industrialisation à marche forcée pour les grands industriels du secteur de l'H2.

"Sur le plan des stations, les plans engagés par les Etats permettent de parler de centaines voire de milliers de stations à venir", ajoute Adamo Screnci.

HRS en sait quelque chose puisqu'il a déjà commencé son industrialisation à petits pas : sur 61 stations commandées, l'isérois en a livré 5 à plusieurs clients (TotalEnergies, Plug Power, le syndicat d'énergie de la Vendée (SyDev), HyGo à Vannes et Hympulsion à Saint-Priest) et s'avère confiant sur l'objectif qu'il s'est fixé à 100 stations signées d'ici à 2025.

Un marché sur lequel le grenoblois HRS dispose déjà d'une part de marché de 20%, et qu'il espère faire grossir à mesurer que le marché se développe.

Sa stratégie : multiplier les partenariats avec différents maillons de l'écosystème (Gaussin, taxis Hype, etc) tout en préparant la montée en puissance de sa production à travers un outil unique, qui sera incarné par sa nouvelle usine de Champagnier, prévue pour sortir de terre courant 2023.

Une usine à Champagnier (Isère) pour 2023

Objectif affiché de cette nouvelle usine : lui permettre de répondre aux demandes en volume, en triplant ses capacités de production pour atteindre les 180 stations produites par année.

Un site qui se posera, selon son concepteur, comme "unique en Europe" en termes de capacités de production, et disposera également d'un banc d'essais de 2.000m2 lui servant à tester de nouveaux composants techniques afin "de développer les composants de demain".

Sur un investissement total de 30 millions d'euros attendu d'ici à 2025, environ 21 millions d'euros seront  consacrés au nouveau bâtiment.

Alors que les travaux sont déjà bien avancés (avec une livraison du centre de production attendue en début d'année 2023 puis des bureaux à la fin du premier semestre 2023),  le montage du projet comprend une enveloppe de prêts bancaires (4 millions d'euros), des fonds propres (5 millions) ainsi qu'un reliquat de 9 millions d'euros qui doit être financé par des aides et subventions encore en phase d'instruction.

Mais l'isérois ne s'affirme pas inquiet : sur l'année à venir, le fabricant de stations envisage à nouveau une croissance de +50% de son chiffre d'affaires d'ici juin 2023 (soit 25 millions d'euros) et confirme sa cible d'atteindre les 85 millions en juin 2025. En attendant, ses effectifs ont déjà doublés pour atteindre 78 salariés et une trentaine de postes sont encore ouverts.

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