Bornes en copropriété : après une première à Ecully, Enedis prêt à "lever les verrous" avec la Loi Climat

Face à la montée en puissance de l’électrification, le défi de l’installation n’en reste pas moins grand. Car si le déploiement des bornes publiques avance, certes à une vitesse réduite par rapport à l’objectif initial, l’un des principaux enjeux demeure sur le terrain des logements collectifs. A Lyon, où Enedis avait réalisé une première à l’échelle nationale en installant, pour le compte d’une copropriété d’Ecully, une infrastructure de recharge permettant le raccordement de 250 bornes, le gestionnaire de réseau attend le décret d’application de la loi Climat, qui pourrait lui ouvrir de nouvelles opportunités sur ce marché.
Dans la copropriété du « Vallon d'Ecully » qui constituait une première à l'échelle nationale, Enedis a réalisé à l'automne dernier une colonne horizontale, capable d'accueillir jusqu'à 250 bornes de recharge en simultané, et qui aura nécessité, au total, près de deux années de travail.
Dans la copropriété du « Vallon d'Ecully » qui constituait une première à l'échelle nationale, Enedis a réalisé à l'automne dernier une "colonne horizontale", capable d'accueillir jusqu'à 250 bornes de recharge en simultané, et qui aura nécessité, au total, près de deux années de travail. (Crédits : DR)

Il s'agissait d'une première nationale à cette échelle, livrée fin 2021. Avec, au total, près de 1.000 mètres de câbles déployés au sein de 3 immeubles, 6 parkings et 253 box individuels, permettant ainsi à 110 premiers copropriétaires de demander à être reliés.

Une installation, capable d'accueillir jusqu'à 250 bornes de recharge en simultané, et qui aura nécessité, au total, près de deux années de travail entre le gestionnaire de réseau Enedis, et les copropriétaires du « Vallon d'Ecully », un ensemble immobilier situé en banlieue lyonnaise.

Car en créant un nouveau type de raccordement au réseau, sous forme de « colonne horizontale », le réseau de distribution d'électricité public peut désormais relier les parties communes jusqu'aux compteurs. Chaque propriétaire devenant ensuite en mesure de demander un simple branchement pour raccorder son box ou garage individuel au réseau global.

« Pour le raccordement des logements collectifs, il existe deux options principales : celle de l'équipement public, où la copropriété prend en charge l'installation et permet ensuite à chaque propriétaire de sélectionner l'opérateur de son choix, ou bien l'installation privée, où la copropriété fait affaire avec un opérateur qui se charge de lui-même de réaliser l'investissement pour proposer ensuite son service sous forme d'abonnement principalement », détaille Pierre de Firmas de Peries, directeur du programme mobilité électrique d'Enedis.

Avec, dans les deux cas, l'intervention nécessaire d'Enedis pour afin de réaliser le raccordement au réseau du parking concerné.

La création d'une « colonne horizontale » préfinancée

Et bientôt, il existera même une troisième voie, car grâce à un décret très attendu issu de la loi Climat, l'Etat français s'est engagé à proposer un nouveau dispositif de préfinancement des installations de recharge, destiné à lever les verrous existants en copropriété et notamment, à alléger le montant de la facture initiale.

« Ce décret instaure une nouvelle modalité de préfinancement, qui pourra, si la copropriété vote à la majorité pour l'installation de cet équipement collectif, détendre l'atmosphère en AG, où ces sujets doivent être votés à la majorité qualifiée, puisque les copropriétaires n'auront rien à avancer et nous régleront ensuite le montant des travaux que sur leur quote-part individuelle ».

Cette solution prévoit en effet que les copropriétés n'auront plus à avancer les frais relatifs au raccordement collectif. Le coût de raccordement et d'installation d'une infrastructure collective (assimilable à une « colonne horizontale ») sera en effet préfinancé par les gestionnaires de réseau comme Enedis selon une disposition prévue dans le Code de l'Energie (qui leur permettront de s'appuyer sur lae tarif d'utilisation des réseaux - TURPE)puis remboursée ensuite à mesure de son utilisation.

Une avancée pour faciliter la décision des copropriétés

Les copropriétaires souhaitant se raccorder devront ensuite supporter par ailleurs les frais d'installation de leurs bornes individuelles (comprenant notamment la dérivation individuelle nécessaire à la desserte électrique de leur place de stationnement).

« Il reste quelques points à préciser à la publication du décret, et notamment la question de savoir quel pourcentage pèsera sur chaque résident qui souhaite s'équiper. Mais on s'attend à la publication intervienne dans les jours qui viennent, avec un arrêté qui en fixera les derniers paramètres », ajoute Pierre de Firmas de Peries.

Reste qu'en allégeant le coût d'investissement initial, et en le faisant porter désormais sur les utilisateurs plutôt que sur la copropriété elle-même (tout en requierant désormais un vote uniquement à la majorité simple), ce dispositif est présenté comme une avancée majeure.

« Jusqu'ici, les petites copropriétés optaient plutôt pour la solution privée, qui leur permettait de réduire le montant des investissements initiaux, et de régler ensuite sous la forme d'un abonnement », constate le directeur du programme mobilité électrique d'Enedis.

80% des copropriétés françaises à équiper d'ici 2030

De quoi permettre d'accélérer également le déploiement du réseau de recharge de la métropole lyonnaise : jusqu'ici, on dénombrait en effet près de 1.000 points de recharge dits « publics » à l'échelle du Grand Lyon, auxquelles s'ajoutent ensuite les 8.000 points de recharge mis en place par les entreprises, ainsi que les 4.500 particuliers déjà raccordés à leur domicile, selon les chiffres d'Enedis.

"Rien que sur la Métropole de Lyon, on dénombrait déjà près de 15.000 véhicules électriques en circulation en avril 2022, ce qui représente déjà le double du parc présent en 2020". Une avancée, même si ce chiffre ne représente encore que 1,5 % du parc de véhicules métropolitain global", atteste Pierre de Firmas de Peries.

Cette transition pourrait néanmoins connaître un grand coup d'accélérateur avec la volonté affichée, par l'exécutif écologiste du Grand Lyon, d'accélérer la mise en place de sa ZFE, avec l'objectif de sortir du diesel d'ici 2026, et de supprimer les véhicules particuliers les plus polluants (Crit'air 5 et non classés) dès l'automne prochain.

« L'habitat urbain des métropoles sera un sujet clé du déploiement des mobilités électriques, car il s'agit de voir comment on pourra développer ces équipements, et notamment les points de charge en habitat collectif », estime Elise Cabrol, directrice territoriale Lyon Métropole pour Enedis, qui rappelle qu'il existerait à ce jour près 180.000 copropriétés de plus de 10 logements en France, dont 70.000 copropriétés en Auvergne Rhône-Alpes.

Dans le cadre du plan France 2030, Enedis s'est fixé l'objectif d'équiper 80% des copropriétés d'ici à 2030, « quelle que soit la solution retenue », contre seulement 2% à l'heure actuelle.

Au sein de la Métropole de Lyon par exemple, une centaine de copropriétés ont déjà franchi le pas en 2021, ce qui représenterait, au total, près de 500 stations de recharge installées, principalement sur les communes de Lyon, Ecully et Tassin-la-demie-Lune.

Mais les choses avancent vite, estime Enedis, qui estime que le décret de la Loi Climat pourrait encore contribuer à cette accélération : « Près de 180 nouvelles demandes nous ont déjà été adressées par les copropriétés du Grand Lyon, dont les deux tiers sont désormais en phase d'étude et un tiers en phase de travaux », précise Elise Cabrol.

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