Avec ses quatre sites de production d'énergie d'origine nucléaire (Tricastin dans la Drôme, Saint-Alban en Isère, Cruas en Ardèche et le Bugey dans l'Ain) et 14 réacteurs nucléaires, la région Auvergne Rhône-Alpes produit déjà 80 TWh d'énergie chaque année grâce à l'atome (contre 77 en 2020) pour 13.480 MW de puissance installée. Ce qui la propulse déjà au rang de première région productrice française, en fournissant 22,4 % de l'électricité nucléaire hexagonale.
Et dans les éléments de prospectives soumis à EDF, une part des 6 nouvelles paires de réacteurs proposées par Emmanuel Macron comprenait au moins un site en Auvergne Rhône-Alpes, comme nous l'expliquions mi-janvier.
« Dans le cadre où le gouvernement relancerait la construction de trois paires d'EPR, soit six réacteurs, nous avions déjà identifié quatre emplacements, dont deux de manière certaine, qui sont les sites de Penly (Seine-Maritime) et de Graveline (Nord) ainsi qu'un autre, qui serait à déterminer entre Tricastin et le Bugey », affirmait EDF.
Et depuis hier, ce scénario qui était encore soumis à une confirmation présidentielle a été entériné par Emmanuel Macron : à deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, le président de la république a en effet annoncé lors de son déplacement à Belfort la commande de six réacteurs EPR d'ici 2035, ainsi que la pose de huit options.
Parmi les 6 réacteurs et les 8 options, les deux sites du Bugey et de Tricastin ?
Contacté, le groupe EDF "se réjouit de l'annonce du Président de la République qui confirme que le nucléaire aux côtés des renouvelables jouera un rôle majeur pour atteindre les objectifs climatiques de la France, tout en contribuant à la croissance du pays".
En ce qui concerne le choix d'implantations des 3 premières paires d'EPR, l'antenne Auvergne Rhône-Alpes de l'énergéticien rappelle pour autant "qu'une paire est prévue en Auvergne-Rhône-Alpes sur les sites de Bugey ou Tricastin, mais le choix du site n'est pas encore fait à ce jour." Rien n'indique donc pour l'instant si l'une des huit paires posées "en option" par Emmanuel Macron pourrait se traduire par un "coup double" pour la Région Auvergne Rhône-Alpes.
Autre inconnue : la question du financement de ces annonces est toujours en effet posée en filigrane, et pourrait en partie dépendre des résultats annuels du groupe EDF, attendus pour le 18 février prochain, dans un contexte où les finances de l'énergéticien avaient été mises à rude épreuve par l'annonce du gouvernement, concernant la vente de lots additionnels d'électricité à bas prix, qui pourraient représenter u cet supplémentaire de 6 à 7 milliards d'euros.
L'annonce présidentielle n'a cependant pas tardé à faire réagir le groupe écologiste à la Région, rappelant que le premier volet de cette annonce, concernant les six premiers réacteurs, se traduirait par "probablement deux dans notre région, au Bugey (Ain) ou à Tricastin (Drôme)".
Un passage en force dénoncé par le groupe écologiste
Les élus EELV évoquent un "passage en force" du président de la République mené à 60 jours de l'élection présidentielle, "pour imposer une nouvelle gabegie", avec "des annonces grandiloquentes et purement électoralistes".
"Négligeant les capacités de production hydroélectrique, solaire, éolienne et biogaz, ce développement au forceps du nucléaire est une faute stratégique, en totale incohérence avec toutes les stratégies adoptées nationalement et régionalement", s'insurge l'opposition écologiste régionale, par voie de communiqué.
Le groupe d'opposition rappelle qu'Auvergne Rhône-Alpes vise, en parallèle, "une hausse de 54% de la production d'énergies renouvelables pour 2030 et un doublement de la production en 2050 par rapport à 2015".
Deux consultations locales encore en cours
Alors que deux consultations locales sont en cours sur l'avenir des sites du Bugey et de Tricastin, le groupe écologiste s'inquiète que les décisions soient en réalité déjà actées.
Maxime Meyer, conseiller régional de l'Ain se questionne notamment sur "l'utilité et la sincérité réelle de deux démarches de consultations locales en cours, dans notre région Auvergne-Rhône-Alpes, sur les deux sites probables d'implantation".
Avec, "d'une part une concertation publique jusqu'au 26 février pour modifier le SCOT (Schéma de cohérence territoriale) du Bugey - Plaine de l'Ain pour faciliter l'accueil d'une paire d'EPR au Bugey. Et d'autre part, une enquête publique jusqu'au 14 février sur la prolongation de l'exploitation du réacteur n°1 de la centrale de Tricastin (Drôme) pour les dix prochaines années. À quoi bon consulter si les décisions sont déjà prises ?", se demande Maxime Meyer.
Une chose est cependant certaine : les études concernant le choix de l'un des deux sites en Auvergne Rhône-Alpes sont encore en cours, et aucun élément en faveur de l'un ou l'autre n'a filtré à ce stade.
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