Sur les 50.000 bornes de recharges pour véhicules électriques aujourd'hui accessibles au public en France, E-Totem en revendique 6.000. Et lorgne vers le cap des 30.000 stations à l'horizon 2025, un horizon pour lequel la France s'est fixée un objectif de 500.000 points de recharge.
Dans un contexte où la concurrence s'affirme, - à un niveau incomparable à celui auquel faisait face la PME de Saint-Bonnet-le-Château (Loire) lorsqu'elle s'était lancée sur ce segment d'activité en 2011-, elle vise une part de marché français stabilisé entre 5 et 10%.
Internaliser le financement des projets
Pour accélérer la cadence, elle vient de franchir une étape majeure en obtenant, auprès du fonds Conquest (spécialiste de l'investissement dans les infrastructures et la transition énergétique), une très belle enveloppe de 50 millions d'euros.
"La transition énergétique s'accélère, les ventes de véhicules électriques montent. Toutefois, les objectifs nationaux en matière de bornes de recharge accessibles au public ne sont pas tenus. 100.000 bornes auraient dû être implantées d'ici à la fin de cette année en France. Nous en sommes à la moitié..., il n'est pas certain que le cap soit tenu pour 2022. Il faut donc accélérer fortement et nous comptons bien prendre notre part dans cette montée en puissance", souligne Hervé Sonneville, président du groupe ligérien Atomelec (140 salariés, CA 2021 : 20 millions d'euros) maison mère d'E-Totem.
Cette enveloppe de 50 millions d'euros sera délivrée au gré des projets financés par E-Totem Infrastructures, la filiale d'E-Totem créée fin 2020 pour porter les participations de l'entreprise dans les différentes opérations. "Nous nous développons sur deux modèles de business : soit nous vendons les bornes aux clients, qui portent donc l'investissement financier en direct ou via des investisseurs comme les syndicats d'énergie, soit nous supportons nous-mêmes l'investissement, avec des partenaires, et conservons la propriété de nos bornes", explique Hervé Sonneville, avant de préciser :
"Avec ce deuxième modèle, il est certain que les projets se concrétisent beaucoup plus rapidement car nous prenons en charge le dossier du début à la fin. Jusqu'ici, nous avons travaillé sur nos fonds propres, les 50 millions de Conquest nous permettront d'avancer désormais plus rapidement".
Saint-Etienne Métropole et le Grand Paris
Ce modèle, E-Totem l'a déjà expérimenté à deux reprises. A Saint-Etienne, son camp de base, avec SEMOB, le réseau de recharges pour véhicules électriques de la métropole stéphanoise (200 points à fin 2022 dont 20 rapides) et avec la Métropole du Grand Paris dans le cadre du consortium Metropolis constitué avec SIIT et SPIE (3.000 points de charge à fin 2022 dont 240 rapides).
Sans vouloir être trop précis, Hervé Sonneville évoque plusieurs millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires qui seront générés chaque année par le projet Métropolis. L'entreprise stéphanoise pourrait dupliquer rapidement cette stratégie dans d'autres métropoles, les appels d'offre pleuvent ces derniers mois et E-Totem ne manque pas de se positionner.
Avec un atout très différenciant que martèle son dirigeant : son positionnement sur l'ensemble de la chaîne de valeur. De la R&D, à la fabrication, jusqu'à la pose et à l'exploitation de la borne. Et donc désormais même jusqu'au financement du réseau. Hervé Sonneville compte bien s'appuyer sur ce savoir-faire pour asseoir ses positions.
Alors qu'elle a réalisé un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros en 2021 (25 salariés), contre 3 millions en 2019, E-Totem vise désormais les 50 millions d'euros pour 2025. Ses cibles : les projets des métropoles donc mais aussi les hubs de recharge rapide sur les autoroutes et les nationales, ainsi que la grande distribution.
Augmenter les capacités de production
Les bornes E-Totem sont fabriquées dans deux usines : à Saint-Bonnet-le Château, siège d'Atomelec, et sur son site de La Rochelle. La production démarre également sur son usine espagnole, un pays pour lequel E-Totem a déjà déployé quelques bornes.
Si ses capacités de production ne sont pas encore saturées, l'entreprise prépare d'ores et déjà la montée en puissance. Elle travaille ainsi sur une nouvelle implantation, à Saint-Etienne, pour une ligne d'assemblage supplémentaire.
Ce nouveau site, dont l'emplacement n'est pas encore validé, accueillera également le centre R&D d'E-Totem. 2,5 millions d'euros d'investissement sont annoncés ainsi que le recrutement d'une cinquantaine de salariés sous trois ans.
E-Totem avait été créée en 2012 de l'association entre l'industriel Atomelec (tôlerie fine) et des entreprises numériques stéphanoises SFI et Doing.
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