De fournisseur à producteur, le lyonnais Planète Oui investit dans son parc d'ENR

Transitions écologiques. Le fournisseur lyonnais d'énergie 100% renouvelable veut développer sa production propre, en investissant dans de nouveaux actifs. Dans cette démarche, il compte s'appuyer sur les collectivités locales et vient de s'associer avec le fonds régional OSER ENR pour lancer un appel à initiatives locales. Selon Planète Oui, cette décentralisation des efforts, liée aux énergies renouvelables, doit permettre d'accélérer la transition énergétique.
Planète Oui annonce avoir sécurisé la fourniture de 1,5 terawatt-heure auprès de ses partenaires français producteurs d'énergie solaire, éolienne et hydraulique, pour approvisionner ses 100.000 clients.
Planète Oui annonce avoir sécurisé la fourniture de 1,5 terawatt-heure auprès de ses partenaires français producteurs d'énergie solaire, éolienne et hydraulique, pour approvisionner ses 100.000 clients. (Crédits : DR)

Les chiffres sont encore limités mais l'ambition est bien présente : le fournisseur lyonnais d'énergie 100% renouvelable créé en 2007, Planète Oui, entend accélérer sa transformation en ajoutant progressivement à son statut de fournisseur celui de producteur.

Planète Oui dispose aujourd'hui d'une puissance, en propre, de 650 kilowatts crète (pour mémoire, en France, une installation d'un kWc permet de produire, sur l'année, une énergie moyenne de 1.000 kilowatt-heure selon les estimations de l'Ademe).

Un chiffre modeste au regard du 1,5 terawatt-heure sécurisé actuellement par Planète Oui auprès de ses partenaires français producteurs d'énergie solaire, éolienne et hydraulique, pour approvisionner ses 100.000 clients, mais appelé à augmenter de manière significative. L'ambition est d'atteindre, en actifs, les 40 megawatt-heure en production propre dès 2021 et 100 en 2022.

"Progressivement, nous voulons faire croître la part de nos approvisionnements couverts par nos propres moyens, sans être dans une approche de concurrence avec nos producteurs", explique Nicolas Ott, directeur du développement et de l'innovation de la PME lyonnaise.

Celle-ci entend plutôt avancer par coopération. En particulier avec les collectivités et les acteurs locaux. L'entreprise met ainsi en avant un rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) qui indiquait en 2018 que 50 à 70% des mesures d'atténuation et d'adaptation au changement climatique ont vocation à être mises en œuvre à l'échelon infranational.

Une énergie verte décentralisée

Planète Oui, qui possède également un site à Lille mais dont le coeur du réacteur est désormais situé à Lyon, s'est ainsi associée au fond régional OSER ENR créé en 2014 par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Caisse des Dépôts et Consignations et une dizaine d'autres acteurs privés (CNR, Crédit Agricole, Enercoop, BP Aura, la NEF, GEG et Energie partagée) pour lancer, tout récemment, un appel à Initiatives Locales. Objectif : accélérer le développement de projets solaires photovoltaïques dans la région, dans une logique de circuit court.

"La question de la décentralisation et du rôle des territoires dans la transition énergétique est plus que jamais primordiale. Cette décentralisation doit permettre l'émergence de projets plus proches des territoires, à taille humaine, respectant l'environnement et que les citoyens pourront s'approprier", poursuit Nicolas Ott.

Il rappelle que si chacune des 36.000 communes de France développait 1 megawatt d'énergie renouvelable (l'équivalent d'un hectare de panneaux photovoltaïques), la France serait au-delà de ses objectifs de programmation pluriannuelle de l'énergie (en 2028, les énergies renouvelables devront représenter, selon cette programmation, 36% de la production électrique contre 23% en 2019).

Cet appel à initiatives locales permettra d'identifier les potentiels et les territoires volontaires. Planète Oui et Oser ENR co-investiront dans les projets retenus, éventuellement (mais ce n'est pas obligatoire) aux côtés des collectivités ou d'autres acteurs du territoire.

Vers une logique de redistribution locale de l'énergie

"La question financière ne doit plus être un prétexte des collectivités locales pour repousser les projets de transition énergétique", insiste le directeur innovation de Planète Oui, signalant que l'ambition va au-delà de la mise à disposition de terrains ou espaces capables d'accueillir des panneaux photovoltaïques.

"Nous serons les gestionnaires de l'équipement et nous aurons une logique de redistribution locale de cette énergie. Nous attendons du territoire candidat qu'il joue donc un rôle de chef d'orchestre fédérateur localement, tandis que le surplus alimentera le reste de notre réseau".

Face à une acceptabilité des énergies renouvelables (éoliennes ou panneaux photovoltaïques) parfois sensible, le lyonnais est en effet convaincu que c'est en mettant en place des projets modestes, sur les territoires "que les citoyens pourront mieux s'approprier ces sujets et faire avancer plus vite dans la transition énergétique".

Le même appel à initiatives locales à d'ailleurs été lancé dans les Hauts-de-France avec la SEM énergies Hauts-de-France, et un autre encore au niveau national. Déjà une dizaine de marques d'intérêt ont été remontées, et un projet a été concrétisé en Auvergne-Rhône-Alpes (encore confidentiel). Les projets sont pour l'instant axés sur l'énergie solaire mais Planète Oui n'exclut pas, à terme, de s'intéresser aux éoliennes.

Un milliard de CA en 2026

Plutôt discrète jusqu'ici, Planète Oui (classée premier fournisseur du guide Greenpeace 2019 de l'électricité verte) a pourtant accéléré très fortement depuis 2019.  Implantée à Lyon et Lille, elle a multiplié ses effectifs par cinq en 2 ans et emploie aujourd'hui 140 collaborateurs. Une cinquantaine de salariés supplémentaires devraient être recrutés cette année à Lyon.

Son chiffre d'affaires est lui aussi en forte croissance : en 2020, Planète Oui a ainsi réalisé un chiffre d'affaires de 60 millions d'euros, et elle table désormais sur 100 millions en 2021.

"Nous visons les 250.000 clients fin 2022, ce qui représentera 200 millions d'euros de chiffre d'affaires et un million de clients d'ici 5 ans, soit un milliard d'euros de chiffre d'affaires", annonce Albert Codinach, dirigeant et fondateur de Planète Oui. "L'étape des 250.000 clients est importante dans notre process d'industrialisation, elle nous permettra d'atteindre un niveau de rentabilité satisfaisant et d'aller challenger les mastodontes de l'énergie comme Engie ou Total.

Pour Albert Codinach : "Il y a déjà beaucoup d'acteurs sur le marché mais cette crise Covid a accéléré la prise de conscience des consommateurs sur ce sujet de la transition énergétique. Si nous faisons les choses de manière réellement vertueuses, sans greenwashing, le potentiel est là. Sans aucun doute".

Dans cette croissance qu'elle devrait financer par un tour de table dans les prochains mois (15 millions d'euros sont espérés), Planète Oui a plusieurs cordes à son arc et accompagne son service d'une offre d'autoconsommation et d'accompagnement à la rénovation énergétique.

En Auvergne-Rhône-Alpes, Planète oui travaille déjà avec la communauté d'agglomération de Roanne. Elle gère la centrale mise en service en janvier dernier par la collectivité locale avec OSER ENR (5 mega MWc). Autre engagement local : pour la ville de Mornant, Planète Oui pilote un consortium d'entreprises impliquées dans un projet combinant autoconsommation, solidarité énergétique et économies d'énergies. Pour la Métropole de Lyon, la PME intervient dans le cadre de la construction de toitures et ombrières photovoltaïques sur les principales entreprises de la Vallée de la Chimie (Projet Appel des 30) pour une puissance de 5,8 MWc.

Planète Oui vient d'obtenir le label "Lyon Ville Equitable et Durable", mettant en avant les entreprises démontrant un engagement "exemplaire" en matière de développement durable.

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Commentaire 1
à écrit le 02/09/2021 à 12:12
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Lillois pas Lyonnais, pas très sérieuse quand même cette erreur.

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