EDF innove dans l'hydroélectrique à Grenoble

Par Muriel Beaudoing  |   |  585  mots
La centrale du Rondeau à Echirolles dans l'agglomération grenobloise. © EDF - Dominique Guillaudin
EDF construit actuellement une centrale hydroélectrique au Rondeau, à Échirolles près de Grenoble, d'une puissance de 2 200 kW. De quoi en faire la centrale à turbines à très basse chute la plus puissante de France. Un chantier qui devrait s'achever en octobre 2014.

« Cette centrale est très importante pour EDF dans son plan de développement de l'énergie hydroélectrique car elle est innovante à plusieurs titres », explique Stéphane Toletti, directeur du groupe d'exploitation hydraulique Ecrin Vercors. « Elle permet tout d'abord de turbiner, donc de produire de l'électricité avec une très faible hauteur d'eau, à savoir 4,2 mètres et un débit de 75 à 80 mètres cubes par seconde, dans les turbines qui ont été nouvellement créées par une société aveyronnaise MJ2 Technologies ». En l'occurrence des turbines VLH (Very Low Head soit très basse chute). Jusqu'à présent, EDF n'avait pas la capacité de produire de l'électricité avec cette faible hauteur.

Une centrale en pleine zone urbaine

Second caractère innovant : son implantation en pleine agglomération. « Il a fallu tenir compte de son environnement et l'intégrer dans celui-ci. » La centrale se trouve à l'extrémité du canal d'une centrale existante : celle d'Échirolles, située à quelques centaines de mètres en amont. Elle va turbiner à l'extrémité de la zone commerciale de Comboire. « Cela a présenté des contraintes que nous avons gérées et anticipées avec les collectivités locales et les gestionnaires de réseaux d'eau, électricité ou de gaz. Nous avons notamment dû déplacer et refaire la piste cyclable longeant le Drac pour contourner le chantier et demain le bâtiment d'exploitation de la centrale. »

Du fait de cet environnement urbain, EDF a également cherché à réduire la visibilité du bâtiment d'exploitation. « Nous avons décidé de l'enterrer à moitié et de le couvrir d'une toiture végétale de manière à ce qu'il s'intègre dans le paysage. » Ce chantier, qui représente un investissement de 8,7 millions d'euros, durera un peu plus d'un an, avec une mise en service prévue en octobre ou novembre 2014. Jusqu'à 50 salariés y travailleront, la plupart provenant d'entreprises locales et régionales.

Une première en terme de puissance

« Ce sera la première centrale de cet ordre, avec quatre turbines de front. D'une puissance de 2 200 kW, elle permettra d'alimenter l'équivalent de la consommation domestique de 7 500 habitants. » De quoi élargir la gamme d'exploitations d'EDF. « Cette usine, de puissance bien plus modeste que celle prévue dans la Romanche, produira toutefois toute l'année. Chacune a son utilité. » Il faut dire que l'hydroélectricité reste une énergie d'avenir pour EDF. « Ces centrales contribuent à fournir une énergie non carbonée, 100 % renouvelable ». Un atout pour le producteur d'énergie qui cherche à développer le mix énergétique, c'est-à-dire une complémentarité des différentes sources d'énergie.

Car pour l'heure, l'hydroélectricité est la première des électricités renouvelables, avec entre 10 et 12 % de l'énergie produite annuellement par EDF, le nucléaire restant, de loin, la première source, avec environ 80 %. Le reste est produit par les énergies thermiques fossiles (charbon, gaz, fioul) et les autres énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque...). « Augmenter la part des énergies renouvelables représente un effort en matière d'investissements. » En outre, l'hydroélectricité offre un autre avantage stratégique : celui de pouvoir répondre aux pics de consommation journaliers ou saisonniers dans un délai très court de 3 à 6 minutes. Ce que ne permet pas le nucléaire qui répond plutôt à la consommation courante.

Sur Rhône-Alpes, EDF exploite ainsi plus de 140 centrales hydroélectriques, environ un tiers des centrales françaises. À la clé, une production correspondant à la consommation électrique des habitants de la région.

Actualisé le 16 mai 2014 à 18h37