Toupargel, les scénarios pour s'en sortir

Toupargel a connu une année 2017 difficile. Les résultats de l'entreprise spécialiste de la livraison à domicile de produits surgelés sont encore dans le rouge, de quoi interroger sur son avenir. Quelles sont les hypothétiques stratégies pour que le groupe aux 3 200 salariés sorte de l'impasse et retrouve des couleurs ?
(Crédits : Laurent Cerino / ADE)

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Les chiffres ne sont pas bons. Pour l'année 2017, les résultats du groupe Toupargel sont à nouveau dans le rouge avec un chiffre d'affaires en recul de 7,4 % à 271,4 millions d'euros contre 293,2 millions d'euros au 31 décembre 2016. Le résultat net s'affiche à - 7,6 millions d'euros.

La situation du spécialiste de la livraison à domicile de produits surgelés s'amenuise d'année en année, si bien que toutes les solutions sont envisagées pour sortir de la crise et pallier l'érosion des clients, mais surtout en conquérir de nouveaux.

Lire aussi : Toupargel, le plan de la dernière chance ?

Après le plan "Engagés Client" qui courrait sur la période 2013-2016, le groupe a bâti sa stratégie autour du plan "Oxygène", déployé jusqu'en 2020 et pour lequel les actionnaires familiaux ont injecté vingt millions d'euros en deux tranches, et qui vise à redresser la barre en investissant sur le canal numérique.

Les effets sont perceptibles, mais restent encore faibles. Les ventes, qui en sont issues, sont en "augmentation de 36 %" sur l'année 2017, et représentent selon Laurent Toledo, délégué CFDT du groupe, "10 % du chiffre d'affaires" de l'entreprise.

"Nous constatons effectivement une baisse de commercialisation sur le canal traditionnel, sortant, qui s'essouffle petit à petit, alors que celui du web, canal entrant, augmente, commente Nicolas Besson, directeur administratif et financier de Toupargel. Un canal pour lequel nous visons une croissance à 50 % pour 2018."

"C'est en bonne voie, souligne le syndicaliste. Il y a trois ans, nous étions à 2 %. Néanmoins, ce ne sera pas suffisant pour atteindre l'équilibre escompté."

Un équilibre que Romain Tchénio, PDG de l'entreprise, envisage pour 2019, a-t-il annoncé dans un récent entretien accordé au Journal des entreprises. Pour le dirigeant, la situation actuelle de Toupargel traduit encore "une année de transformation en profondeur".

Lire aussi : Romain Tchénio devient PDG de Toupargel, J.-E. Charret s'en va

Prestataire de services

Pour parvenir à des jours meilleurs, l'entreprise multiplie les actions : élargissement de la gamme de produits (frais, bios, épiceries), présence sur la plateforme d'Amazon (qui se révèle être avant tout un outil de visibilité), communication renforcée, refonte du site internet.

Mais surtout, Toupargel fait le pari d'aller plus loin en développant des partenariats avec des tiers en proposant notamment la préparation de commandes et/ou la livraison de produits (alimentaires ou non), grâce à un maillage national important qu'elle possède historiquement. C'est déjà le cas avec l'enseigne La Vie Claire et demain, avec d'autres.

"Nous avons des ambitions de prestation de services et sommes les seuls en France à être capables de livrer de l'alimentaire en trois températures. Le potentiel est important pour nous", précise Nicolas Besson.

Ce n'est pas tout

Aussi, le groupe s'est récemment lancé dans le "phygital", en testant des rayons estampillés Toupargel dans une cinquantaine de magasins de Casino. Si l'expérience est concluante, elle pourrait être développée plus largement. "Nous voulons recréer du lien que nous avions déconstruit", soutient le syndicaliste. Tous les moyens sont bons pour reprendre des couleurs. "Cela nous aidera dans notre développement et à atteindre nos objectifs", prévient Nicolas Besson.

Néanmoins, pour Laurent Toledo, le groupe devra aller plus loin avec une transformation en profondeur. "Pas de PSE, car cela nuirait à l'image, mais nous n'échapperons pas à un plan de restructuration, en réduisant la voilure et rationalisant les 34 agences de télévente qui ne sont pas toutes occupées à ce jour", imagine-t-il. L'avenir de l'entreprise et de ses 3 200 salariés interroge donc.

"Nous sommes effectivement dans une réorganisation, mais pas dans une casse sociale", affirme le directeur financier.

Rapprochements ?

Le plan "Oxygène" va-t-il pouvoir inverser la tendance ? Où d'autres solutions devront-elles être prises pour éviter la chute ? Yves Marin, directeur du cabinet de conseil en transformation d'entreprise Wavestone, fait le parallèle avec La Redoute qui "a réussi à faire le deuil de son modèle ancien et à entrer dans l'ère du numérique en repensant les produits et la logistique, en se diversifiant. Ce qui a fonctionné, puis ils se sont fait racheter par Galeries Lafayette". Un exemple qu'apprécie Nicolas Besson : "J'aime bien cette comparaison, car il montre qu'il est possible de faire évoluer un modèle vieillissant en un modèle qui fonctionne."

Toupargel suivra-t-il cette voie ? Où celui des "3 Suisses qui n'a pas réussi à se transformer" ? "C'est maintenant qu'il va connaître un destin ressemblant à l'une ou l'autre des deux entreprises", indique Yves Marin.

Pour l'expert en grande distribution, les pistes explorées par le spécialiste des surgelés sont les bonnes, comme celle du "phygital ou des partenariats". Et de dessiner trois scénarios plausibles à son futur :

"Le regroupement des activités, le retournement par ses propres moyens ou l'alliance, voire le rachat avec un autre acteur."

Pour ce dernier argument, "encore faut-il que l'acheteur ait de bonnes raisons d'acheter. Il doit être rassuré", souligne Yves Marin. Depuis des années, les rumeurs de rachats vos bon train.

"Cela fait 15 ans que nous entendons la même chose ", remarque Laurent Toledo. "Et qui voudrait acheter une société qui perd dix millions d'euros par an ?", demande-t-il. Néanmoins si l'équilibre escompté l'année prochaine devenait réalité, Toupargel serait en bonne posture pour négocier à son avantage, d'autant plus que le secteur de la grande distribution connaît de grands chamboulements ces dernières semaines. D'ailleurs "tout est possible, et nous n'excluons rien", souligne Nicolas Besson, qui préfère laisser le soin aux actionnaires familiaux de répondre à cette question.

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Commentaires 5
à écrit le 07/08/2018 à 17:53
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entreprise complètement déconnecté de la réalité des plans des plans pour se relancer a l arrivée plu dur sera la chute inévitable des gens de bureau qui n ont jamais fait de terrain et ni connaissent rien a la clientelle le fric que le fric mord de...

le 25/03/2019 à 23:36
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Bien vrai une honte cette Société..un encadrement Bidon ...dommage j'ai bossé 10 ans j'étais en retraite ..nous nous sommes bien marrèe....Sans aucune pédagogie et du harcèlement téléphonique..BON COURAGE aux téleprospecteurs pour affronter L'ENCADR...

à écrit le 15/04/2018 à 9:23
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Cette entreprise est vouée à disparaitre ou se faire rachetée mais pour cela il doivent revenir dans le vert, ce que je ne croit absolument pas. La fin d'un modèle de vente et de service qui n'intéresse pas les jeunes car trop cher et pas le temps d'...

à écrit le 13/04/2018 à 13:49
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J'ai été client de ces sociétés de surgelés et j'ai arrêté car j'étais prêt à payer plus chers des produits moins bons pour le service mais quand j'écoutais les conditions de travail de la commerciale, qui venaient avec une fiat punto autant dire une...

le 13/04/2018 à 14:54
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fiat panda pardon ! La punto est quand même bien plus confortable...

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