Figeac Aéro embarque Auvergne Aéronautique

Le tribunal de commerce de Lyon a officialisé sa décision ce jeudi : il a attribué à Figeac Aéro, basé dans le Lot, les actifs d'Auvergne Aéronautique. Le groupe présidé par Jean-Claude Maillard a été préféré au consortium WeAre Aérospace dont l'offre était également de qualité. Le plan du nouveau propriétaire sauvegarde quelque 683 emplois sur 707.

Le tribunal de commerce de Lyon a retenu, ce jeudi, Figeac Aéro, dans le Lot, pour acquérir les actifs d'Auvergne Aéronautique, placé en redressement judiciaire le 28 septembre dernier. L'équipementier était en compétition avec We are Aerospace (Tarn) pour reprendre l'entreprise dont le siège est à Aulnat dans le Puy-de-Dôme. Les deux offres étaient jugées de bonne qualité et chacun des candidats avait encore amélioré le volet social de sa proposition, pour la dernière audience le 21 novembre dernier, comme demandé par le juge commissaire.

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Ainsi Figeac Aéro a ramené à 24 le nombre des salariés non réembauchés. Il sauvegarde ainsi 306 des 330 emplois d'Aulnat. Il préserve la totalité des 65 emplois d'Auxerre, dans l'Yonne tout comme  les 312 de la filiale de Casablanca, au Maroc. Par ailleurs, des reclassements au sein du groupe Figeac Aéro seront proposés à 20 des 24 employés dont les postes ne sont pas gardés.

Pourquoi Figeac Aéro ?

We Are Aerospace supprimait 50 postes au total, en particulier à Auxerre, mais consentait des efforts supplémentaires pour accompagner et indemniser les personnes licenciées. Dans ce contexte, la juridiction consulaire devait opérer un choix délicat sachant qu'elle a subi certaines pressions. Le jugement comporte pas moins de onze pages motivant la décision. Ont notamment pesé en faveur du candidat sélectionné, son indépendance par rapport aux donneurs d'ordre, sa surface financière ainsi qu'une offre mieux disante tant au niveau social que financier. Une somme de 1,7 million d'euros est mise à disposition des créanciers. En tout, le repreneur précise s'être engagé sur un montant de l'ordre de 10 millions d'euros.

Le parquet s'était lui aussi prononcé lors de l'audience en faveur de Figeac Aéro. Quant aux comités d'entreprise, celui d'Aulnat avait donné sa préférence à We Are Aérospace et celui d'Auxerre à Figeac Aéro.

Outsider

Figeac Aéro, basé à Figeac dans le Lot, était pourtant l'outsider.

"Nous sommes entrés dans le dossier quelques jours avant le dépôt des offres. Ce dossier s'est construit dans une grande discrétion", glisse Caroline Chabrerie, avocate du groupe.

Il lui a fallu mettre les bouchées doubles pour bâtir son plan. Jean-Claude Maillard, PDG et fondateur en donne les grandes lignes pour Acteurs de l'économie - La Tribune :

"Avec l'usine d'Aulnat je veux développer un pôle chaudronnerie et tôlerie fort et haut de gamme à partir de l'expertise de l'entreprise. L'unité d'Auxerre spécialisée dans la mécanique renforcera nos capacités actuelles dans ce domaine, notre métier historique. Nous avons de belles perspectives. Notre plan de charge est important".

Le dirigeant chiffre à 4 milliards d'euros les commandes engrangées pour les 6 à 7 ans à venir.

Rattraper les retards de livraison

Le fournisseur de pièces pour l'aéronautique prévoit d'investir 5 millions d'euros au cours des trois prochaines années dans les deux sites français d'Auvergne Aéronautique.

Rattraper les retards de livraison accumulés ces derniers mois par Auvergne Aéronautique sera la priorité des priorités de Jean-Claude Maillard. Puis, à compter du printemps 2017, l'entrepreneur prévoit la mise en œuvre progressive du chantier de la réorganisation industrielle. "Il faut redorer l'image industrielle de l'entreprise", atteste-t-il.

Forte croissance

Figeac Aéronautique créé en 1989, et coté à la Bourse de Paris sur Alternext depuis 2013 connaît une croissance rapide. L'ETI, forte de 2200 collaborateurs (hors Auvergne Aéronautique), a publié 252,3 millions de revenus consolidés, en hausse de 23,7 %, et 33,2 millions de profits nets part du groupe fin mars 2016 (clôture du bilan). Et selon les résultats de l'entreprise publiés mercredi pour le premier semestre de l'exercice 2016 -2017, l'activité poursuit sa forte croissance. Le chiffre d'affaires (non audité) s'élève ainsi à 146,1 millions d'euros sur cette période, en hausse de 23 % par rapport à l'an dernier.

Jean-Claude Maillard confirme sa volonté de devenir leader européen de l'usinage aéronautique en 2020 avec 700 millions d'euros de chiffre d'affaires. Le groupe mise notamment sur la montée en cadence de l'Airbus A 350, gros porteur long-courrier.

ACE Management

Dès avant le placement en redressement judiciaire d'Auvergne Aéronautique, le 28 septembre 2016, des négociations avaient été engagées  avec Mecachrome, Lauak et aussi We Are Aerospace.

"Nous avons commencé à nous intéresser à l'affaire cet été", atteste Michel Bloch, secrétaire général de We Are Aérospace. Ce consortium industriel pesant 110 millions d'euros de chiffre d'affaires réunit plusieurs entreprises familiales de l'Ouest de la France.

Il s'est constitué sous sa forme actuelle, en juillet 2016, avec l'appui financier de ACE Management gestionnaire de Aérofund 3, fonds commun de placement à risque destiné à structurer et consolider la filière aéronautique française. Dans ce but ACE Management (via Aérofund 2) vola au secours de Auvergne Aéronautique fin avril 2013 en devenant actionnaire à 100 %. Un peu plus de trois ans plus tard, l'entreprise était déclarée en cessation des paiements affichant 4 millions d'euros de pertes pour 46 millions d'euros de ventes en 2015.

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