Les chocolats de Noël n'ont plus la cote pour Cémoi : le site ligérien s'apprête à être cédé

Le poids lourd français du chocolat industriel annonce la cession de son activité chocolats de Noël sous la marque Cémoi. Il évoque un marché de plus en plus concurrentiel, conduisant à une baisse des volumes et un contexte d’inflation généralisé des coûts de production. Cette réorganisation va mener à la cessation des activités du site de Molsheim (Bas Rhin), à la suppression de 30 postes de commerciaux et à la cession du site de Sorbiers dans la Loire qui fabriquait de papillotes et bonbons au chocolat. Avec sur les rangs en coulisses, le groupe Savencia, déjà propriétaire du drômois Valrhôna (Drôme) et des ligériens Révillon et Weiss.
Menacé par le plan de restructuration annoncé aux syndicats, le site Cémoi de Sorbiers, dans la Loire, était jusqu'ici spécialisé dans la fabrication de papillotes et de bonbons au chocolat. Il pourrait faire l'objet d'une offre de reprise de la part de l'industriel Savencia, déjà bien implanté au niveau local.
Menacé par le plan de restructuration annoncé aux syndicats, le site Cémoi de Sorbiers, dans la Loire, était jusqu'ici spécialisé dans la fabrication de papillotes et de bonbons au chocolat. Il pourrait faire l'objet d'une offre de reprise de la part de l'industriel Savencia, déjà bien implanté au niveau local. (Crédits : DR)

Le groupe chocolatier Cemoi, poids-lourd français du chocolat, ne veut plus de son activité chocolats de Noël à sa marque. Il en a fait l'annonce aux instances représentatives du personnel il y a quelques jours.

Pour motiver cette décision, l'industriel dont le siège social est à Perpignan (3.200 salariés dont 2.200 en France répartis sur 14 unités dont 9 en France ; 750 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021), évoque « un contexte d'inflation généralisée des coûts de production et de baisse des volumes sur un marché de la confiserie de chocolat de plus en plus concurrentiel ».

Objectif : se recentrer sur la fabrication de chocolats industriels à marque de distributeur (MDD) ainsi que sur ses marques Petit Ourson Guimauve, Quadro et St Siffrein, ainsi que sur les produits commercialisés auprès des professionnels des métiers de bouche.

Préserver la compétitivité du groupe

Cémoi avait été cédé à l'été 2021 au groupe belge Sweet products (5.000 salariés ; chiffre d'affaires 2021 : 1,2 milliard d'euros) par la famille Poirrier, actionnaire depuis 1962 de cette entreprise dont l'histoire remonte à 1814. Sweet products détenait déjà les groupes Baronie et Belgian Ice Cream.

« Pour assurer la pérennité des activités du groupe et sauvegarder sa compétitivité », comme il le précise dans un communiqué de presse, Cémoi travaille donc actuellement à un plan de restructuration, sobrement nommé « plan stratégique » par l'entreprise.

Celui-ci prévoit la suppression d'une trentaine de postes de commerciaux ainsi que la cessation de ses activités sur le site de Molsheim dans le Bas-Rhin. Ce dernier emploie 25 collaborateurs et est spécialisé dans les moulages décorés à la main. « Un processus de recherche de repreneur est initié et les collaborateurs se verront proposer des solutions de reclassement ou d'accompagnement », assure la direction.

Ce plan prévoit également, et c'est le plus gros morceau de cette réorganisation, la cession du site de production de chocolats de Noël de Sorbiers (42). Celui-ci est spécialisé dans la fabrication de papillotes et bonbons au chocolats à marque Cémoi. Contrairement à l'usine de Molsheim, le site ligérien aurait lui déjà trouvé un repreneur : le groupe français Savencia (ex Soparind-Bongrain).

Les chocolats Savencia en Auvergne Rhône-Alpes : Valrhona, Révillon, Weiss et bientôt Cémoi

Ni Cemoi, ni Savencia n'ont souhaité répondre à nos questions, objectant que le projet était en cours de présentation aux instances représentatives du personnel, mais ont confirmé, via leurs agences de presse respectives, que l'intégralité des 122 salariés permanents de l'usine Cémoi Sorbiers serait transférée à Savencia.

Ce dernier emploie quelque 25.000 personnes à travers le monde pour un chiffre d'affaires de 6,2 milliards d'euros. A travers deux filiales, Savencia Fromage &Dairy et Savencia Gourmet, il dispose d'un portefeuille de marques bien rempli dans l'univers des fromages (Caprice des Dieux, Tartare, St Morêt, Saint-Albray etc) mais aussi dans le secteur des chocolats, avec une forte implantation en Auvergne Rhône-Alpes, et tout spécialement dans la Loire, à quelques kilomètres de l'usine Cémoi justement.

Outre Valrhona dans la Drôme (1.000 salariés), Savencia est en effet également propriétaire depuis 2013 de l'entreprise chocolatière stéphanoise Weiss (120 salariés) et, depuis 1969 de Révillon, fabricant roannais de papillotes (240 collaborateurs permanents).

Interrogés sur le sujet, ni Savencia ni Révillon n'ont souhaité commenter ce rapprochement, ni confirmer ou infirmer un éventuel pilotage conjoint de Cémoi et Révillon, positionnés sur la même activité mais pas sur le même niveau de gamme puisque Révillon distribue également ses papillotes en GMS mais sur un segment plus premium que Cémoi.

Vers la fin de la marque Cémoi ?

« Sweet products est un financier, pas un industriel en réalité. Dès la reprise, nous savions qu'il y aurait une restructuration. Nous ne sommes pas étonnés, l'activité confiserie de Noël n'est pas rentable. A terme, nous pensons que la marque Cémoi va complètement disparaître du paysage », souligne Damien Lhoste, délégué central suppléant CGT.

Pour FO Cémoi non plus, « cette opération n'est pas une surprise tant la situation du pôle confiseur du groupe Cémoi s'est dégradée ces dernières années avec l'absence de toute stratégie commerciale viable. Le rachat de Cémoi par Sweet Products allait forcément conduire à des changements qui ne seraient pas sans conséquence pour les salariés ». Le syndicat avertit : « Et cette opération n'est qu'un début ».

Un droit d'alerte avait d'ailleurs été lancé par l'ensemble des représentants du personnel à l'été 2022 concernant un business plan jugé trop flou.

FO reconnaît néanmoins que les difficultés traversées par Cémoi s'inscrivent dans un contexte plus large de fortes turbulences pour l'ensemble du secteur agroalimentaire : inflation, négociations commerciales difficiles etc.

En Auvergne Rhône-Alpes, Cémoi dispose également d'un site à Chambéry (Savoie), appartenant (comme Sorbiers) au pôle confiseur, mais actuellement positionné sur la fabrication de pâtes de fruits, de barres protéïnées, de chocolats liqueur et de chardon. Il n'est pas concerné par la restructuration à ce stade, mais Cémoi travaillerait à sa spécialisation.

Selon le syndicat du chocolat, les ventes de chocolat en GMS ont représenté en 2021 un volume de 347.979 tonnes pour une valeur de 3.323 millions d'euros dont 694 millions pour les chocolats de Noël et 319 millions pour Pâques.

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Commentaire 1
à écrit le 28/01/2023 à 21:32
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Tellement pas bon surtout Quand je vois les montagnes de chocolat de piètre qualité en vente à Noël je me dis que c est une bonne nouvelle

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